L’édition 2012 du « palmarès » de Shangai est loin de récompenser les performances de l’enseignement supérieur français en matière de recherche, mais la méthodologie de ce rendez-vous médiatique est contestée. Le Journal du Net relaie un autre classement des pays les plus innovants, le Global Innovation Index, publié par l’INSEAD pendant l’été. Cette étude dresse un panorama bien plus complet de l’état de la course mondiale à l’innovation : l’école de commerce a recours à 84 critères pour établir son classement, contre seulement 4 pour celui de l’université Jiao Tong de Shangai ou le Thomson Reuters Top 100 Global Innovators.
La Suisse conserve sa première place, grâce à la qualité de son enseignement scientifique et de ses infrastructures technologiques ,aux liens étroits entre la recherche académique et les entreprises et à son ouverture internationale. Classée 24ème, la France fait pâle figure et, souligne le JDN, « perd même deux places par rapport à 2011. »
Analyse de Chandrajit Banerjee, directeur général de la Confédération de l’industrie indienne (CII) et expert auprès de l’Insead :
« Plus les ressources d’un pays sont limitées, plus ce pays sera susceptible de devenir innovant. »
En omettant les ressources humaines – « richesses humaines » selon le philosophe Michel Authier – , négligerait-il la nouvelle réalité économique du 21ème siècle, où le Talent humain est devenu le premier moteur de la croissance ?
« En France, on a des Talents, donc du pétrole intarissable » : le slogan de demain ?
Dans le fond, cette analyse corrobore un enseignement fondamental des enquêtes PISA de l’OCDE : il existe une corrélation négative entre les richesses qu’un pays tire de l’exploitation de ses ressources naturelles et le niveau de connaissances et de compétences de sa population – et ces dernières sont inépuisables, contrairement au pétrole.
« En France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées », clamait une campagne publicitaire des années 70, à l’époque du premier choc pétrolier . Alors que les déterminants de la consommation mondiale de pétrole sont en plein bouleversement et que la tectonique des plaques de l’innovation évolue à grande vitesse, allons-nous changer de vision pour pouvoir affirmer demain que, « en France, on a des Talents, donc du pétrole intarissable » ?
>>> Pour en savoir + :
- l’article du Journal du Net
- le Global Innovators Index de l’INSEAD
- l’article « Knowledge and skills are infinite – oil is not » du blog Education Today de l’OCDE (en anglais)
- « La révolution mondiale de l’innovation », par Laura D. Tyson, Professeur à la Haas School of Business – Berkeley
