Une révolution est en cours dans le monde de la formation : avec les MOOC (massive open online courses), n’importe qui pourrait se former gratuitement, en tout temps et en tout lieu grâce au e-learning. Mais, s’ils peuvent délivrer une certification, ils ne débouchent sur aucun diplôme… qui reste pourtant la norme aujourd’hui, un « label » encore incontournable. Et certains leur reprochent leur caractère standardisé, quand d’autres craignent que le e-learning entraîne la disparition de la présence physique – à laquelle les Français sont fortement attachés.
C’est ici qu’intervient le blended learning, qui combine formation à distance et « présentielle » – David Abiker ironisait il y a quelque temps sur ce nouveau jargon – et qui semble promis à un bel avenir car il combine les atouts de la technologie et ceux du contact humain. Dans les universités américaines, le blended learning (ou « formation mixte ») progresse et, grande différence avec les MOOC dans leur forme actuelle, aboutit sur des diplômes.
Une révolution douce : le blended learning permet de « faire plus avec moins », sans sacrifier l’humain
D’après une infographie Knewton, la moitié des étudiants américains suivront au moins un cours en ligne l’année prochaine et, d’ici 2019, la moitié des cours de collège et de lycée devrait être dispensée via le e-learning. Comme le souligne le ministre de l’Education américain Arne Duncan, les établissements d’enseignement vont devoir – eux aussi – apprendre à « faire plus avec moins ». Le blended learning les amène sur cette voie, en les incitant à repenser la structure de l’apprentissage tout en faisant face aux contraintes de coûts, mais sans abandonner l’humain. Dans le cadre universitaire, il s’agit d’un « programme d’éducation traditionnel dans lequel l’élève apprend au moins en partie grâce à des contenus en ligne, et un suivi dans le temps du rythme et du parcours d’apprentissage des étudiants » (définition du Innosight Institute).
Le magazine américain EDTECH voit le blended learning comme « un très bon moyen d’intégrer le numérique dans l’apprentissage – ce que veulent les étudiants – sans bouleverser complètement la manière dont l’enseignement est pratiqué ». La blended classroom est une révolution douce, en quelques sortes. Elle est disruptive parce qu’elle propose une formation mieux personnalisée (student-centric) et plus productive, qui améliorerait les résultats pour un coût inférieur ou similaire.
Typologie : pas un, mais des blended learnings
Il existe plusieurs modèles de blended learning :
- Le modèle en « face à face » : l’enseignement en présentiel reste la norme, la formation en ligne vient « augmenter » le cours, en complément. Il est décidé par l’enseignant et se cantonne à l’enceinte de l’établissement.
- Le cours en ligne « in situ » : les étudiants suivent l’intégralité du cours en ligne, au sein de l’établissement (et non à distance).
- Le modèle « alternatif » : les étudiants alternent entre cours en présentiel et choix de cours en ligne à distance (qu’ils suivent à leur rythme, en fonction de leurs besoins respectifs).
- Le modèle « flexible » : l’essentiel des cours est pris en ligne, l’enseignant les commente ensuite en présentiel, sous forme de tutorat personnalisé, ou de sessions de soutien en petits groupes.
- Le modèle « à la carte » : les étudiants suivent un cursus traditionnel commun, et le complètent de cours en ligne qu’ils choisissent de suivre à distance, en fonction de leurs besoins respectifs (un modèle qui connaît déjà beaucoup de succès auprès des étudiants américains).
- Le modèle « tout numérique » : tout le cursus est délivré en ligne (contenus + interventions de l’enseignant). Les étudiants travaillent à distance. Des points d’étape en « face à face » sont obligatoires ou optionnels. Ici, le 100% e-learning n’est pas loin…
Et les entreprises ?
A l’heure où la crise pèse sur les budgets de formation, les entreprises ont tout intérêt à s’inspirer des MOOC, notamment pour produire des contenus de formation moins coûteux. Les esprits doivent évoluer et les organisations RH s’aligner pour capitaliser sur les atouts numériques de la formation.