Chaque année, 140 000 jeunes « décrochent » et sortent du système scolaire sans diplôme. Près de la moitié d’entre eux sont au chômage aujourd’hui. La semaine dernière, le gouvernement présentait la « garantie jeunes », un contrat d’insertion destiné aux jeunes non qualifiés qui sera mis en place à la rentrée 2013. Précédente tentative, le « RSA jeunes » n’avait pas convaincu. Ce nouveau dispositif sera un nouveau filet de sécurité. Et, mieux encore, un tremplin ?
Comme partout en Europe, les jeunes Français sont les premières victimes de la crise. Un quart d’entre eux sont aujourd’hui au chômage et l’horizon offert par certaines filières d’études paraît bien sombre. Ceux qui n’ont pas de diplôme paient le prix le plus fort : 46% sont au chômage actuellement. Ces jeunes-là subissent une « triple peine » : victimes du culte français du diplôme et des rigidités du marché du travail, ils ne bénéficient depuis 30 ans d’aucun véritable « filet de sécurité » financier.
Un filet de sécurité pour repêcher les décrocheurs
Pour parer aux ravages de la crise, le RSA était étendu en 2010 aux moins de vingt-cinq ans… mais uniquement pour ceux ayant travaillé au moins deux ans au cours des trois années précédentes. Si bien que sur les 130 000 visés, seuls… 9000 jeunes ont pu y accéder. La « garantie jeunes » qui a été annoncée par le gouvernement pour septembre 2013 entend, elle, ouvrir à quelque 100 000 jeunes par an, à terme, le droit à une garantie de ressources équivalente à celle du RSA. Mais un soutien financier ne règlera pas leurs difficultés face à l’emploi : parce que leurs handicaps sont grands, ils risquent de continuer à décrocher sans accompagnement spécifique.
Révéler les Talents
La « garantie jeunes » se veut plus qu’un RSA étendu. Elle « mettra davantage l’accent sur le suivi personnalisé », insiste Marie-Arlette Carlotti, ministre en charge de la lutte contre l’exclusion. Les jeunes, âgés entre 18 et 25 ans, signeront avec une mission locale ce contrat d’un an renouvelable pour suivre une formation, s’engager dans un contrat d’avenir ou de génération. Pendant leurs périodes d’inactivité, ils toucheront une garantie de ressources équivalente au RSA (environ 450 euros par mois). Il s’appuiera sur le Contrat d’insertion dans la vie sociale (Civis), un dispositif existant « rôdé, connu, maîtrisé », souligne Michel Abhervé.
Un tremplin vers l’emploi et l’autonomie ? L’occasion de faire un pas vers ce « marché du travail efficace, [qui] donnerait aux jeunes la possibilité de faire leurs « courses de l’emploi » (job shopping) jusqu’à ce qu’ils rencontrent l’emploi qui leur convient », dont rêve Chris Pissarides, prix Nobel d’économie 2010 ? Premières réponses dans un an : la garantie jeunes sera d’abord expérimentée à la rentrée 2013 dans dix territoires pilotes particulièrement sensibles. Si la liste n’est pas encore arrêtée, la Ministre met en avant l’importance d’un territoire comme l’agglomération de Marseille – où le décrochage fait des ravages parmi les plus jeunes.
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