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Emploi 2022 : zoom sur les grandes tendances de la prochaine décennie

Transition digitale, mutation du travail, accélération technologique, robotisation… faut-il imaginer une transformation complète du paysage des métiers d’ici à 2022 ? Selon la récente étude Emploi 2022, qui vient d’être remise par France Stratégie au ministre du Travail ce mardi 28 avril, la réponse est non : « Les métiers de demain sont avant tout des métiers qui existent déjà aujourd’hui », explique Véronique Deprez-Bourdier, chef du département travail-emploi à France Stratégie.

> Lire aussi : Les métiers en 2022 : « Tout le monde ne vas pas devenir informaticien, mais… »

Pour autant, les grandes transformations du marché du travail se poursuivent. Troisième itération de cet exercice de prospective, le rapport a aussi été présenté par Jean Pisani-Ferry, commissaire général de France Stratégie, qui s’est dit conscient d’une « vraie « responsabilité […] face aux acteurs de la formation et aux personnes qui se forment ». L’Atelier de l’emploi vous présente les faits saillants.

Grandes tendances : tertiarisation, hausse de l’emploi qualifié et des services à la personne

Sur le front des compétences, de la croissance de l’emploi et des scénarios de sortie de crise, ce rapport de prospective imagine les grandes tendances des 7 années à venir. Trois d’entre elles émergent tout particulièrement : la tertiarisation des emplois, une poursuite de la dynamique de l’emploi qualifié (1,2%) – déjà observé dans un précédent rapport de la DARES – et la croissance des services à la personnes (350 000 créations nettes d’emploi sur la période).

constatsSortie de crise : les 3 scénarios de mutation de l’emploi 

Contrairement à sa précédente occurrence sur l’emploi en 2020, le rapport Emploi 2022 intègre le retournement conjoncturel de la crise de 2011 et se distingue par la présentation de trois scénarios : crise, sortie de crise progressive ou sortie rapide.

Le scénario médian voit la France sortir de la crise de façon progressive, dans un contexte « contraint par l’ajustement des finances publiques » :

  • Création de 177 000 emplois par an en 2012-2022, un niveau proche de celui de la période 1997- 2012 (182 000).
  • Les secteurs les plus créateurs d’emplois restent sensiblement les mêmes : les services liés à la santé, l’action sociale, l’éducation et les services aux personnes, ainsi que les activités récréatives, culturelles et sportives, la distribution, l’hôtellerie-restauration et les services d’appui scientifiques et techniques.
  • De l’autre côté, les secteurs peu contributeurs à la croissance de l’emploi ou en décroissance : la construction et les services associés, l’agriculture et les services centraux de l’administration

> Lire aussi  : Emploi en 2020 : Plus de services, plus qualifiés, plus féminin

Si la crise venait à se maintenir, les créations d’emplois pourraient se résumer à 115 000 par an, avec un recul de l’emploi particulièrement marqué dans les services aux entreprises. Quant au scénario dit « cible », qui envisage « une croissance de la productivité prenant appui sur une stratégie d’investissement et d’innovation », ce ne serait par moins de 212 000 emplois par an qui seraient créés, avec un pic de croissance de l’emploi dans les  secteurs très innovants, en particulier dans l’industrie et les services.

Chaque année, entre 735 000 et 832 000 emplois à pourvoir, notamment grâce aux départs à la retraite

emploiEntre 832 000 (scénario de croissance dit « cible » ) et 735 000 (scénario de crise)seront à pourvoir chaque année en France d’ici 2022 selon France Stratégie. Principal facteur de l’importance du chiffre : la génération du baby-boom et ses 620.000 départs à la retraite par an. Seul 1/4 du chiffre concerne une création nette d’emplois (115.000 à 212.000 selon les scénarios). Des départs à la retraite qui constituront la majeure partie du regain du dynamisme du marché du travail français au cours des prochaines années.

> Lire aussi : En 2015, les difficultés de recrutement demeurent malgré la crise

Un phénomène à relativiser tout de même : selon le scénario central des dernières projections de l’Insee, la croissance de la population active devrait se poursuivre à un rythme rapide (+ 1,2 million d’actifs entre 2012 et 2022) en dépit du vieillissement. En effet, les réformes successives des retraites devraient se traduire par une participation croissante des seniors. Et encore faut-il que ces postes trouvent preneur ! D’après l’étude annuelle de Pôle Emploi publiée en avril, 1,74 million de postes sont déjà vacants en France.

Évolution des métiers : lesquels recruteront le plus entre 2012 et 2022 ?

Sur les 19 secteurs identifiés par France Stratégie, les plus recruteurs sont les services aux particuliers et aux collectivités (1,2 millions),  le commerce (827 000), la gestion et administration des entreprises (823 000), le BTP (554 000), les transports, logistiques et tourisme (540 000) et la fonction publique et les professions juridiques (529 000).

A l’intérieur de ces catégories, des métiers s’annoncent particulièrement pourvoyeurs d’emploi d’ici 2022, comme le montre l’infographie produite par France Stratégie :

recrutement

A noter tout particulièrement la prévision sur l’informatique, qui ouvrirait 191 000 postes, avec 1,8% de postes supplémentaires nets par an. Un taux supérieur à la moyenne des métiers, mais inférieur à celui des services d’aide à domicile (2,6%), comme l’indiquait la Revue du Digital.

Des secteurs sont quant à eux annoncés comme potentiellement moins porteurs, et risquent de connaître une plus faible progression de leurs effectifs, soit moins de 200 000 sur la période. C’est par exemple le cas de l’électricité et l’électronique (54 000), des matériaux souples, bois et industries graphiques (90 000).

Côté métiers, la liste est relativement semblable à celle du rapport précédent :

  • les ouvriers non-qualifiés en électricité-électronique (5.000 postes à pourvoir sur 2012-2022)
  • les marins-pêcheurs (7.000)
  • l’armée, la police et les pompiers (8.000)
  • les ouvriers non-qualifiés mécanique et travail des métaux (12.000).

> Lire aussi : De l’agriculteur au cadre commercial : comment l’emploi a évolué ces 30 dernières années

Jeunes : entre optimisme et urgence pour l’apprentissage

Pour France Stratégie, l’emploi pourrait bien sourire aux jeunes d’ici à 2022. Et pour cause : les secteurs pourvoyeurs d’emplois pour les jeunes diplômés du supérieur vont beaucoup se développer dans les prochaines années (ingénieurs, techniciens de l’informatique, techniciens administratifs ou du bâtiment, architectes, attachés commerciaux, personnels d’études et de recherche ou encore des professionnels de la communication et de l’information).

Mieux, le chômage est prévu à la baisse, dans les 3 scénarios :

emploi-jeunes2Toutefois, les risques de chômages resteraient plus élevés pour une part significative des jeunes, non diplômés ou titulaires d’un CAP OU BEP, sans compter la concurrence entre les diplômes qui peut engendrer des scénarios de décrochage et de déclassement en chaîne, surtout en cas de maintien de la crise.

> Lire aussi : Apprentissage : la France peut-elle rattraper son retard ?

France Stratégie propose ainsi la création d’un « droit à la seconde chance » : « L’apprentissage doit continuer de se développer au-delà des secteurs qui en ont habituellement recours », a indiqué François Rebsamen, ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social, qui fait de la formation différée une priorité pour l’avenir de l’emploi en France, à l’heure où celui-ci vient de voir son effectif diminuer pour la troisième année consécutive.

Crédit image : Jocelyn Kinghorn / CC BY-SA 2.0
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