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Numérique : chômage record en juillet dans un secteur qui peine à recruter

EN DATA. L'inadéquation entre l'offre et la demande d'emploi dans le secteur numérique continue de faire parler d'elle alors que le chômage, en léger recul en juillet en France, atteint des records dans le secteur informatique.

46 000 : c'est le nombre d'inscrits dans la catégorie "Système d'information et de télécommunication" de Pôle emploi en juillet 2015, un niveau record qui n'avait pas été atteint depuis janvier 2005 dans ce secteur, selon les chiffres que vient de publier le ministère du Travail. En passant de 45 100 à 46 000 (soit 2% de hausse), le chômage a franchi un seuil : depuis octobre 2014, le chiffre s'était stabilisé entre 45 000 et 45 900 et n'avait pas franchi la barre des 46 000.

Capture d’écran 2015-08-27 à 14.58.09Une situation d'autant plus paradoxale que les offres d'emplois abondent dans ce secteur.

Un secteur qui souffre de la pénurie des talents

A la huitième place du Top 10 des métiers en pénurie en France, les métiers de l'informatique figurent parmi les plus recherchés par les recruteurs – et un des secteurs qui concentrent le plus de difficultés de recrutement. Guy Mamou-Mani, président du syndicat professionnel Syntec Numérique alerte depuis plusieurs années sur ce problème récurrent, et souligne que les activités d'ingénierie, d'études, et de conseil du secteur "offrent 35 000 emplois par an et en créent – net – plus de 10 000 chaque année depuis vingt ans" qui sont difficilement ou partiellement pourvus.

Dirigeant du groupe Open, il partage aussi ses difficultés quotidiennes de recruteurs qui "a cherché à recruter 600 personnes en 2014, principalement des développeurs à bac+5 en CDI, et n'a réussi à en embaucher que 445".

Lire aussi : Plafonner les allocations pour lutter contre le chômage ? Le point sur le débat

Régis Granarolo, président du Munci, Association Professionnelle des Informaticiens ajoute :

"Si la pénurie générale est un mythe, il est vrai qu’il y a pénurie de profils très spécialisés : des développeurs confirmés sur certaines technologies, dans le cloud computing, le big data, la sécurité informatique, l’informatique collaborative, les réseaux sociaux, les applis mobiles…"

Et l'horizon de la création d'emplois dans l'informatique continue d'être très positif : selon Michel Tardit, coordinateur du Guide des secteurs qui recrutent du CIDJ, le secteur est l'un des prometteurs en matière de création d'emplois, ce ne sont pas moins de "36 000 créations net d'emplois d'ici 2018" qui peuvent être attendues.

Comment expliquer les difficultés de recrutement dans ce secteur ?

  • Déficit d'attractivité auprès des jeunes : "A l’heure où les besoins des entreprises explosent, nous assistons à une désaffection des jeunes pour les carrières scientifiques et techniques", souligne Yves Poilane, directeur de l'école Télécom Paris Tech. Un défi d'attractivité qui implique une remise en cause de la façon dont on présente ses parcours, selon Stéphane Natkin, titulaire de la chaire des systèmes multimédias au CNAM : "Le numérique offre aujourd'hui les métiers où l'on peut participer le plus fortement à la transformation de la société, c'est cela qu'il faut vendre aux jeunes."
  • Secteur trop masculin : les femmes ne représentent que 27% des salariés du secteur, alors qu'elles sont 48% dans le reste de l'économie – sans même évoquer le "plafond de verre" qui fait que seuls 19% des cadres dirigeants sont des femmes.
  • La formation : le point le plus important, tant au niveau de l'inadéquation des  formations initiales que de la formation continue qui permettraient de répondre aux besoins de techniciens spécialisés de façon plus agile.

Des initiatives pour encourager l'emploi dans le numérique

rendu-piscine-42"Dans ce contexte, les entreprises du secteur numérique sont celles qui souffrent le plus de l’inadéquation entre offre et demande de travail. Il est urgent de les soutenir et d’inventer avec elles un modèle de formation opérationnel, simple et efficace, au service de la transition numérique de notre économie", expliquait Alain Roumilhac, PDG de ManpowerGroup France dans une tribune publiée dans Le Monde le 6 mai 2015.

Repenser la logique de la formation ? C'est ce qu'a entrepris, par exemple, Xavier Niel en fondant l'Ecole 42, en repartant des besoins des entreprises :

"Ce qui fonctionne, ce sont des formations construites en fonction des demandes des entreprises, c’est-à-dire qui se concentrent sur les besoins en compétences, précis et identifiés, des entrepreneurs et non plus systématiquement sur les aspirations personnelles des individus, trop souvent déconnectées de la réalité économique."

En somme, en lieu et place de formations initiales longues et souvent inadaptées, des formations courtes et individualisées, connectées au marché.

Fort de cette conviction, Proservia, l’entreprise de services du numérique filiale de ManpowerGroup, a mis en place un "Contrat première chance", qui permet à des jeunes non qualifiés d’accéder à un emploi dans l’informatique grâce à des formations certifiées, à des process de tutorat et à un accompagnement sur le terrain. Plus de 400 jeunes en ont déjà bénéficié et une cinquantaine de personne seront encore retenues lors de "jobdating" à Lille, Paris, Rennes et Nantes d’ici la fin de l’année.

Crédit image : Mo + Am /CC BY 2.0

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