Les mutations digitales revêtent une importance cruciale pour les entreprises. Selon le baromètre de la transformation digitale (CSC), elles occupent une place déterminante dans 9 entreprises sur 10. Pourtant, assez paradoxalement, seule la moitié d’entre elles a adopté une véritable stratégie digitale.
La plupart privilégient des approches tactiques ponctuelles et assez peu coordonnées, à défaut d’un programme plus global, intégrant toutes les facettes de l’évolution numérique. Pour Pierre Antoine (Roomn), « C’est la culture digitale qu’il faut avant tout acquérir. C’est elle qui permet de comprendre les enjeux qui tournent autour des usages, du time-to-market, de la transformation des organisations et des modes de travail, des choix technos… ». Les entreprises interrogées partagent ce point de vue : pour plus d’un tiers d’entre elles, les défis engendrés par la digitalisation ne sont pas seulement commerciaux ou techniques, ils sont aussi culturels.
Digitaliser l’entreprise : oui, mais comment ?
La mobilité est considérée comme un levier important de cette mutation. L’amélioration de la gestion de la flotte de terminaux – qu’il s’agisse de mobiles, de tablettes ou de notebooks – fait partie de projets que 40% des entreprises souhaitent réaliser dans l’année à venir. « L’étude montre qu’il n’y a plus d’opposition entre mobile et digital comme ce pouvait être le cas il y a cinq ans : au-delà du mail, les smartphones sont des outils accélérateurs de la transformation numérique », précise Pierre Antoine.
Parmi les autres projets évoqués, on peut citer la dématérialisation des documents, les formations au digital ou encore le développement d’applications métiers, qu’elles soient destinées aux ressources humaines, à la gestion logistique ou encore au télétravail. Les objets connectés ne sont que très peu cités et, s’ils le sont, font partie des éléments qui sont davantage considérés comme une problématique à traiter sur le long terme. Des freins à la digitalisation existent néanmoins. Pour les entreprises interrogées, c’est avant tout la sécurité des données qui inquiète (46%). L’acquisition de compétences et la nécessité d’avoir recours à une formation pour mieux appréhender les enjeux du digital (36%) sont également soulignées. Près d’un tiers des entreprises s’estiment distancées sur la connaissance des pratiques mobiles de leur client, les technologies sans contact, les objets connectés ou la Business Intelligence.
La rupture digitale a déjà eu lieu
D’après le baromètre de la transformation digitale, 6 entreprises sur 10 considèrent qu’une rupture digitale a déjà eu lieu et qu’elle a complexifié l’ensemble de leur écosystème avec des nouveaux modèles disruptifs, des comportements clients en évolution permanente et la nécessité de former les salariés au digital. Plus inquiétant : certaines entreprises évoquent une perte de contrôle sur les processus qui sont au cœur de leur activité. Il est donc indispensable qu’elles revoient l’intégralité de leur stratégie pour passer à des modèles alternatifs plus agiles et s’intégrant mieux dans leurs relations avec leurs fournisseurs, leurs clients ou leurs partenaires. Plus de la moitié des entreprises a compris que, sans un plan de transition numérique adapté, le risque de décroissance voire de disparition est bien présent.
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Une digitalisation entre les mains des DSI
De manière plus générale, ces deux études notent le rôle encore très central des DSI dans la transformation numérique, qui s’explique par le fait que la plupart des problématiques de digitalisation incluent des composantes très techniques, comme la sécurité des données.
Avec la transformation numérique, les DSI voient leurs fonctions se complexifier. Exemple fréquemment rencontré : les applications métiers, de plus en plus présentes dans les entreprises, doivent aujourd’hui pouvoir être déployées sur des terminaux mobiles disparates.
Les services de ressources humaines semblent quant à eux les grands absents de cette transformation, souvent en retrait face à ces projets de digitalisation. Leur implication dans les politiques de transition numérique est pourtant indispensable : il est essentiel que les DRH prennent conscience des défis qui doivent d’ores et déjà être relevés et de l’importance d’enjeux sur lesquels la réflexion doit être entamée dès aujourd’hui.
Autant de raisons pour penser la digitalisation sur le long terme et de manière globale, intégrant toutes les directions de l’entreprise, et non plus au cas par cas, en fonction de l’émergence de problèmes particuliers.
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