:
Newsletter
HReview
Découvrez nos articles.
Retour à la liste
Partager sur :
Davos_WEF

Vu de Davos : la reprise, oui, mais après ?

Quelles priorités devraient figurer au sommet de l’agenda de l’économie mondiale cette année ? C’est principalement à cette question que les 2 600 participants à la réunion annuelle du Forum Économique Mondial de Davos se sont échinés à répondre du 23 au 27 janvier dernier.

Global trends 2014

Eh oui, c’est la reprise

C’est sur le thème « The Reshaping of the World » (littéralement, « remodeler le monde ») que les chefs d’État, d’entreprises et leaders du monde entier ont échangé quatre jours durant. Après des années de gestion de la sinistrose, enfin un symbole du retour au « business as usual », pour faire de la crise actuelle une opportunité de penser les prochaines révolutions de nos marchés du travail ?


[encadre]Bémol : le terme « optimisme » est revenu dans de nombreuses bouches… systématiquement accompagné d’une mention « avec prudence ». Idem pour la reprise, « fragile », selon Christine Lagarde. L’Europe, en particulier, a « battu le dragon, mais pas encore sauvé la princesse », comme on l’a pu entendre dans les tables rondes « Is Europe Back ? »  ou « Closing Europe’s competitiveness gap ».  Si optimisme il y a, il concerne en fait davantage le long-terme, analyse le Wall Street Journal, pour qui les réformes structurelles et la recherche des gains de productivité dessinent en Europe des axes enthousiasmants pour les dix prochaines années.

« Jobs, jobs, jobs »

Les risques d’une reprise sans emplois, d’un accroissement des inégalités de revenus et d’une exacerbation des tensions sociales et politiques figurent au premier rang des inquiétudes.




Une embellie durable, sur les marchés de l’emploi, n’est pas encore à l’ordre du jour, et particulièrement pour les profils moins qualifiés, comme l’ont tweeté Hans Leentjes et Jonas Prising, deux leaders de ManpowerGroup, partenaire pour la 10ème année consécutive du Forum.

Des robots et des hommes

Pour The Economist, ce sont là les « deux Davos » : un optimisme tangible, avec des grandes entreprises « plus confiantes dans l’avenir qu’elles ne l’ont jamais été depuis dix ans » et, dans le même temps, des directeurs généraux qui parlent d’embauches dans des volumes beaucoup moins importants qu’ils ne l’imaginaient. De nouvelles pressions se font en effet jour sur le marché du travail mondial : le prolongement de l’incertitude, qui pousse les entreprises à se montrer plus « agiles » pour se donner les capacités de réactivité nécessaires à des réponses efficaces aux chocs d’activité, des marges toujours limitées et, point de convergence de très nombreuses discussions à Davos : le progrès technologique.

Simplify to win in the human age
Comment les employeurs peuvent-ils faire face à environnement perpétuellement en mouvement ? Cliquer pour télécharger le livre blanc (pdf)

Le débat fait rage aux États-Unis, où certains ne voient dans la contre-attaque productive et le retour annoncé du « made in USA » qu’un véritable mythe de la réindustralisation (lire aussi : Les relocalisations, combien d’emplois ?). Plusieurs ouvrages récemment publiés abordent la révolution « automatisation » et ses conséquences drastiques – et à venir – sur nos marchés du travail : c’est le cas du Deuxième âge de la machine, dans lequel Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee illustrent le basculement entre emploi manufacturier et robotique industrielle :


Lors du débat « Rethinking Technology and Employment », Eryk Brynjolfsson a ainsi à nouveau évoqué ces logiciels qui « dévorent le monde » et forcent à repenser l’ensemble de notre contrat social et la redistribution des gains de productivité. À Davos, les plus pessimistes pour l’emploi se sont en effet avérés être les leaders « technologiques ». Éric Schmidt, le PDG de Google, a martelé l’ampleur du défi à venir :


Car Google, qui emploie aujourd’hui plus de 45 000 personnes, ne s’est pas fait en un jour, et de nombreuses autres success stories de l’économie numérique ne se caractérisent pas avant tout par leur impact positif sur l’emploi – Airbnb a moins de 500 salariés, Instagram, une quinzaine. Selon McKinsey« 230 millions d’emplois et 9 milliards de bénéfices risquent d’être « avalés » par des ordinateurs dans les prochaines années ».

Les compétences de demain : de Davos à GitHub

Quel est alors le futur du travail ? La « course contre les machines » redessine les besoins en compétences de nos économies : un des principaux risques, bien identifiés à Davos, est qu’elle menace les profils les moins qualifiés et les moins aptes à s’adapter… et annonce, non pas la victoire des machines sur les hommes, mais un XXIème siècle qui valorise l’avantage comparatif des hommes sur les machines : une combinaison de compétences techniques et créatives.

> Lire : Anticipe ou crève ? Ces métiers de demain auxquels on ne peut pas se préparer

« Une nouvelle approche stratégique, tournée vers l’avenir, est nécessaire pour construire avec succès des carrières durables pour les individus et des stratégies de recrutement efficaces pour les entreprises ». Pour Joffrey Joerres, PDG de ManpowerGroup, les entreprises ont un rôle à jouer, en même temps que de nouvelles stratégies à adopter, pour cibler et attirer les profils dont elles ont besoin… et permettre aux individus de se rapprocher de ces compétences.



Anticiper ces mutations et s’ouvrir à de nouveaux horizons de recrutement, en attirant des profils plus variés, mais aussi « sécuriser » les carrières, en travaillant, en continu, au développement des compétences des individus. L’enjeu de la formation tout au long de la vie et des révolutions en cours des modes d’apprentissage – démocratisation de l’accès à la connaissance, apprentissage continu – n’a ainsi pas été oublié à Davos. La Commission européenne, présente par l’intermédiaire de Neelie Kroes, a notamment annoncé la création de « 100 000 nouveaux stages de formation d’ici à la fin 2015 dans le secteur en Europe », dans le cadre de la « grande coalition en faveur de l’emploi dans le secteur numérique ».

Car, c’était la conclusion des réflexions sur le nouveau rapport entre innovation technologique et croissance sans emploi, il n’y a pas de fatalité à la destruction créatrice : les politiques économiques et les décisions stratégiques sont en capacité d’aider les hommes à gagner la « course contre les machines ». Et ce futur s’imagine à Davos… ou sur GitHub, la plus grande communauté en ligne… de développeurs informatiques !

 

Toutes les réactions en continu :


Crédit image – Organisation for Economic Co-operation and Develop/flickr
Partager sur :

Autres articles pouvant vous intéresser