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Apprendre aux jeunes à apprendre (JF Giret)

Le chantier de la Refondation de l’école a été officiellement lancé aujourd’hui par le président de la République. Parmi les principaux objectifs figure une école préparant mieux à la vie active car, on le sait, le marché du travail n’est pas favorable aux jeunes fraîchement sortis de formation initiale. Dans le grand chantier de la Refondation de l’école et du système de formation, le spécialiste de la formation professionnelle Jean-François Giret pointe cinq défis. Pour que les jeunes deviennent acteurs de parcours professionnel choisis, et non subis, il faudrait avant tout apprendre aux jeunes à apprendre.

Trois ans après leur sortie du système éducatif, le taux de chômage des jeunes sans diplôme atteint 40%. La priorité serait donc de lutter contre le décrochage ou de proposer des formes de « raccrochage ». Toutefois, avec la réforme de la voie professionnelle et le bac pro à 3 ans, il faudrait aussi « s’interroger sur la valeur des certifications intermédiaires sur le marché du travail, pour les jeunes qui n’arriveront pas à obtenir leur baccalauréat ».

A l’ère de la Grande Transformation, « apprendre à apprendre » pour être acteur de sa carrière

Jean-François Giret, CEREQPour Jean-François Giret, l’enseignement doit, pour soutenir des mobilités choisies, se focaliser sur l’aspect « apprendre à apprendre ». Deux raisons fortes militent pour que l’accent soit mis sur la capacité d’adaptation, d’évolution, de mobilités choisies.

La filière de formation est, on le sait, un facteur décisif sur le marché du travail. Elle peut même être plus déterminante que le niveau de diplôme, souligne Jean-François Giret. Or, les emplois se transforment, parfois très rapidement : il arrive qu’une formation qui paraissait porteuse au début n’ait plus de débouchés à l’arrivée – c’est notamment le cas dans le « tertiaire administratif » de niveau bac.

Ceci paraît d’autant plus nécessaire que les études du CEREQ montrent que, en France, la norme n’est pas d’exercer un métier correspondant à la spécialité de la formation  initiale. Seulement 40% des jeunes au niveau CAP-BEP (niveau 5) et 30% au niveau bac (niveau 4) occupent un emploi en rapport avec leur spécialité de formation. Ces taux faiblissent encore après 5 ans de vie professionnelle et les premières expériences sur le marché du travail, une partie des jeunes réussissant à connaître des promotions et des « mobilités professionnelles ascendantes » en dehors de leur spécialité initiale.

Métiers de services : un mépris français ?

Les services en France

« Une déqualification des emplois mais un travail qui n’est pas forcément déqualifié ». Jean-François Giret dénonce aussi l’idée selon laquelle les emplois de service seraient nécessairement peu qualifiés : selon lui, c’est plutôt que la France porterait sur eux un regard quelque peu méprisant- qui se traduit dans les salaires :

« Si l’accès à des postes d’employés ou d’ouvriers qualifiés n’est pas aujourd’hui la norme pour les jeunes diplômés de l’enseignement professionnel, le travail et les fonctions exercées ne sont pas pour autant non qualifiés. Dans le domaine des services par exemple, des activités considérées comme peu qualifiées se diversifient et s’adaptent à des contextes d’exercice de plus en variés. Se pose cependant la question de la reconnaissance sociale de cette qualification du travail. »

Des formations qualifiantes contre l’enfermement

« Ces prochaines années, les emplois qui seront créés ne seront pas forcément tous très qualifiés« , rappelle Jean-François Giret. La question de leur professionnalisation se pose néanmoins, surtout pour les métiers du lien social, d’aide à domicile et d’aide-soignant en particulier, confrontés à un fort renouvellement des générations. Là encore, plutôt que de créer des diplômes, il s’agirait de « construire des parcours d’évolution pour éviter l’enfermement dans des emplois peu qualifiés en s’appuyant sur l’accès à des formations qualifiantes. »

http://www.dailymotion.com/video/xpn4rz_les-10-metiers-qui-vont-recruter-d-ici-a-2020_news

Et si l’apprentissage bénéficiait à ceux qui en ont le plus besoin ?

L’apprentissage est un facilitateur d’insertion. Mais ses effets diffèrent selon l’origine sociale et le parcours des élèves. Par ailleurs, les places se raréfient avec la crise. Jean-François Giret suggère donc qu’il vise clairement les plus bas niveaux de qualification ?

 

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