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Campagne de promotion de l'apprentissage, 2011

Mieux comprendre l’alternance pour corriger ses défauts

Xavier Bertrand a lancé, jeudi 13 octobre dernier le Portail de l’alternance. Ce guichet numérique unique a pour «  double objectif d’informer sur les dispositifs de la formation en alternance et simplifier les démarches administratives pour les jeunes et les entreprises, en proposant une série de services pratiques en ligne », a-t-il expliqué.

Cette initiative s’inscrit dans une démarche plus large et déjà ancienne de simplification administrative : par le biais de ce portail, le formulaire Cerfa est dématérialisé. Ceci signifie que les entreprises peuvent, en moins de 10 minutes, remplir directement le contrat sur Internet, avec une aide informatique facilitant la démarche. Par ailleurs, le formulaire Cerfa lui-même a été simplifié (un item sur 3 supprimé) et la demande de certaines pièces justificatives sera très prochainement supprimée. Bref, tout est mis en place pour inciter les entreprises à faire appel à une formule qui fonctionne mais qui ne rencontre pas encore le succès escompté.

En effet, l‘apprentissage a prouvé son efficacité et suscite la satisfaction de ceux qui y recourent. Une toute récente étude de l’Apec sur les jeunes diplômés 2010 (dont l’Atelier de l’Emploi s’était fait l’écho) montre que :

  • 83 % des diplômés de 2010 qui ont suivi au moins une partie de leur formation en alternance ont obtenu un premier emploi au cours des huit mois qui ont suivi, contre 76 % des non alternants ;
  • parmi eux, respectivement 58 % et 48 % ont trouvé un CDI.

 

Néanmoins, malgré ses avantages avérés, alors que des publications toujours plus nombreuses s’y intéressent et que les jeunes en alternance se mettent à témoigner en sa faveur, la notoriété de l’alternance reste trop faible. Les candidats manquent et les effectifs stagnent en dépit des incitations :

Dans ce contexte, la campagne gouvernementale en faveur de l’alternance se comprend donc aisément. Saura-t-elle corriger l’autre singularité de l’alternance « à la française » ? Car aujourd’hui, l’alternance profite surtout à ceux qui en ont le moins besoin selon Nathalie Moncel, chargée d’études au Cereq.

En effet, il est selon Nathalie Moncel (chargée d’études au Céreq) avéré que les dispositifs d’alternance ne constituent pas une solution miracle à la « polarisation entre une main-d’œuvre jeune diplômée et attractive pour les entreprises et une partie de la jeunesse qui reste en marge du salariat standard » :

« La France compte chaque année plus de 100 000 jeunes qui sortent sans diplôme du système éducatif, soit un jeune sur six […]. [Mais] l’alternance n’est pas la solution miracle : les dispositifs de l’alternance se révèlent sélectifs et se sont surtout développés pour des formations déjà appréciées des entreprises. Ils n’ont jusqu’à présent pas répondu au problème d’emploi des jeunes les moins diplômés. »

Terra Nova complète, en se focalisant sur l’apprentissage :

« Si l’apprentissage a explosé sur les segments où les jeunes n’éprouvent pas de difficultés particulières d’accès au marché du travail, il ne s’est pas développé pour l’accès à un premier niveau de qualification :

  • 232 000 jeunes préparaient un CAP ou un BEP en apprentissage en 1995 ;
  • ils étaient toujours 232 000 en 2008 ;
  • leur nombre a baissé substantiellement en 2009 (210 000). »

Apprentissage - évolution par niveau diplôme

Pour mieux comprendre le phénomène, il convient de l’analyser avec précision. Car, comme le montrent Jean-Jacques Arrighi et Virginie Mora dans un rapport du Céreq soulignant la diversité des usages des contrats de professionnalisation et d’apprentissage,  « l’univers de l’alternance est un kaléidoscope » (et, si les contrats d’apprentissage et de professionnalisation sont différents, un rapport du Céreq a montré qu’ils sont plus complémentaires que concurrents).

Ce que nous apprend un autre rapport du Céreq, consacré à la démocratisation par l’apprentissage dans l’enseignement supérieur, c’est que si les effectifs d’apprentis augmentent, il n’existe pas de filières qui permettraient aux jeunes socialement défavorisés, voire discriminés, d’accéder aux formations nécessaires à leur insertion sur le marché du travail.

Alors, comment faire évoluer les dispositifs pour qu’ils bénéficient à ceux qui en ont le plus besoin ?
Le blog Social Innovation souligne lui aussi le fait que « les apprentis du haut ne sont pas ceux du bas [et] l’entrée du mode de formation par l’alternance au sein de l’enseignement supérieur ne réduit pas les inégalités entre les jeunes mais aurait tendance à les renforcer ». Son auteur, Catherine Belotti, avance une première piste : elle nous invite à réfléchir « un peu plus finement sur comment valoriser les atouts pédagogiques de l’alternance tout en en faisant bien une solution à nos problèmes d’emploi des jeunes. »

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