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Un marché du travail dual : l’Italie et l’Espagne bougent

Mis dos au mur par une crise terriblement destructrice d’emplois dont les jeunes et les seniors ont été les premières victimes, l’Italie et l’Espagne ont décidé d’agir sur la structure même de leurs marchés du travail. Parce qu’il s’agit bien là d’un enjeu majeur de « compétitivité sociale ».

Dos au mur, l’Espagne et l’Italie réforment  leur marché du travail

En Espagne, le chômage touche près d’un quart (23%) de la population active et quasiment la moitié (42,8%) des moins de 25 ans. C’est pourquoi le gouvernement de Mariano Rajoy a présenté le mois dernier une réforme radicale.

Espagne - types contrats

Avec un fort taux de contrats temporaires dans l’emploi, le marché espagnol du travail est particulièrement dual.

Pendant les phases récessives, cette dualité se solde – comme en France – par une concentration des ajustements sur les emplois flexibles.

Espagne - réactions face aux chocs

La réforme du gouvernement espagnol vise donc tout particulièrement à lutter contre la dualité en instaurant une véritable flexisécurité.

Lutte contre le dualisme :

Il s’agit ici de donner « un grand coup de flexibilité » au marché du travail espagnol :

  • Création d’un nouveau contrat de travail à durée indéterminée pour les PME et les travailleurs indépendants, avec une période d’essai d’un an, assorti de déductions fiscales pour l’embauche de jeunes de moins de 30 ans et de chômeurs de longue durée – qui peuvent continuer à percevoir 25% de leur allocation chômage pendant un an.
  • Bonification de charges patronales pour l’embauche de jeunes et de chômeurs de longue durée de plus de 45 ans.
  • Réforme du contrat de travail à temps partiel et restauration de l’interdiction d’enchainer des CDD pendant plus de 24 mois.
  • Clarification des causes de licenciement pour motif économique afin de limiter les recours juridiques -donc les coûts indirects du licenciement.formation IT

Volet « formation » :

  • Reconnaissance du droit à la formation pour tous les employés.
  • Création d’un compte de formation individuel recensant toutes les formations suivies et mise en place d’un « chèque formation ».
  • Promotion du contrat d’apprentissage : accessible jusqu’à 30 ans contre 25 actuellement.

« Il va falloir s’habituer à changer souvent de lieu ou de type de travail » Mario Monti, Premier ministre italien

En Italie, le chef du gouvernement Mario Monti a lancé une réforme instaurant une rupture conventionnelle du contrat de travail et la « progressivité » des droits des salariés pour casser la dualité du marché du travail – notamment pour encourager les entreprises à recruter des jeunes de moins de 25 ans, population où le taux de chômage atteint 31 %.

Mario MontiVolet « flexibilité » :

  • rationalisation des types de contrats : d’une quarantaine, ils seront ramenés à huit ;
  • création d’un nouveau contrat de travail de référence, qui remplace le CDI actuel, sans toucher au travail temporaire ;
  • ce contrat unique connaîtra une période d’essai de trois ans, sous la forme d’un apprentissage, pendant lequel les entreprises auront droit de licencier – après quoi elles seront contraintes d’embaucher définitivement.

Volet « sécurité :

  • d’une manière générale, les salariés verront leurs droits sociaux progresser avec le temps ;
  • les allocations chômage deviendront universelles ;
  • un fonds de soutien aux seniors sans emploi doit être constitué.

General Strike!Particulièrement attaqué sur l’instauration du contrat unique, Mario Monti s’est justifié auprès des jeunes qui, devraient « se faire à l’idée de ne pas avoir un emploi fixe toute leur vie, il va falloir s’habituer à changer souvent de lieu ou de type de travail. ». Il a ensuite élargi son propos :

« Les Italiens ont généralement un problème avec la mobilité et le changement, il faut cesser de n’y voir que du négatif. »

Comme ces propos l’illustrent, et même si ces réformes ne sont certainement pas parfaites, elles ont le mérite d’avancer sur la voie d’une réconciliation entre développement économique et protection sociale : corrigée de ses défauts, la flexisécurité peut devenir l’ossature d’une « Europe sociale » et soutenir une véritable compétitivité sociale.

 

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