Le rapport Mestrallet va-t-il impulser un nouveau souffle à la RSE ? Fin 2012, l’INSEE constatait que la RSE, la Responsabilité Sociétale des Entreprises, était une « démarche déjà répandue » en France : deux tiers des entreprises de plus de 50 employés connaissent la notion – qui recouvre des volets social, sociétal et environnemental – et la moitié estiment « mener des actions dans cette perspective ». Avec des effets réels : les entreprises disant s’engager « ont, de fait, des pratiques différenciées », notait l’Institut, notamment sur le volet social.
Les actions sociales ciblées sur les jeunes peuvent ainsi s’observer dans 42% des entreprises dites engagées dans la RSE, contre 26% pour les autres. Mais au-delà de la lutte contre les discriminations ou de mesures pour pallier les risques professionnels, l’emploi peut-il être plus directement un sujet pour RSE ?
Un « momentum favorable » pour la mobilisation des entreprises
« Mettre l’accompagnement, la formation, l’excellence des parcours et l’insertion dans la culture de toutes les entreprises » : l’ambition, pour Gérard Mestrallet et le réseau de 4 750 entreprises s’engageant contre l’exclusion ou les discriminations que constitue la Fondation Agir Contre l’Exclusion (FACE), est en effet d’opérer un glissement majeur dans le rôle de l’entreprise dans la lutte pour l’emploi, en en faisant un des piliers d’une RSE ainsi mise à jour pour faire face à l’urgence.
Alors que les mots forts du moment – pacte, contrat, responsabilité, solidarité, etc. – dessinent un « momentum favorable », c’est-à-dire des conditions qui convergent et plaident pour un « moment entreprise », l’objet du rapport est ainsi de donner de la chaire à cet élan, avec « du contenu précis et opérationnel ». L’efficacité des propositions sera par la suite mesurée via un baromètre annuel.
« Ouvrir les entreprises aux demandeurs d’emploi »
L’une des cinq priorités concerne ainsi l' »engagement direct des entreprises dans la formation et l’accompagnement des demandeurs d’emploi » : Alain Roumilhac, Président de ManpowerGroup, l’un des partenaires du rapport(avec BETC, Opcalia, la RATP et GDF-Suez, que préside Gérard Mestrallet), précise le cap de ce chantier : « inventer de nouvelles solutions » et de donner « la capacité aux entreprises de dépenser et d’innover directement en faveur des demandeurs d’emploi ».
A.Roumilhac PDG Manpower propose de mobiliser les moyens de formation des entreprises en faveur des chômeurs #FACE pic.twitter.com/SqM0jTZlDI
— Marie-Cécile Renault (@Firenault) 25 Avril 2014
Parmi les propositions annoncées, des mesures innovantes, voire « choc », à commencer par l’expérimentation de « centres de formation internes des entreprises ouverts aux jeunes et aux demandeurs d’emploi », et plus généralement l’accueil et la formation des demandeurs d’emploi directement en entreprise. Cette mesure, à destination en particulier des personnes sans emploi depuis plus d’un an, viserait à enrayer l’éloignement de l’emploi, moteur majeur du cercle vicieux que constitue le chômage de longue durée.
La mobilisation directe de l’entreprise en faveur des demandeurs d’emploi pourrait de plus être stimulée par la prise en compte de dépenses d’accompagnement en tant qu’« actions de formation » et via la création d’un crédit d’impôt « innovation sociale ». Enfin, l’encouragement ou l’adaptation de dispositifs existants (le mécénat social ; des formations « solidaires » via le nouveau Compte Personnel de Formation, etc…) et de certains contrats (professionnalisation des contrats aidés, assouplissement des emplois d’avenir « marchands », etc.) sont envisagés.
Les quatre autres priorités :
- Rapprocher durablement l’entreprise et l’école (dès le secondaire), via notamment l’organisation d’« Assises nationales de l’orientation, de l’éducation, de la formation et de l’insertion ».
- Développer la culture de l’alternance comme voie d’excellence, en se départant des préjugés habituels et en « imposant » l’alternance comme un choix et un engagement de premier plan, au-delà des approches juridiques. Une récente étude réalisée auprès de 140 entreprises rappelle d’ailleurs l’efficacité des contrats d’alternance – pourtant en baisse, conjoncturelle, en 2013 – comme passerelle vers l’emploi.
- Faire de la mixité des métiers « la grande cause nationale 2015 »
- Organiser autour de la région les dynamiques locales en faveur de l’emploi
> L’intégralité du rapport et le détail des propositions :