Le PRISME, qui regroupe plus de 600 entreprises représentant 90% du chiffre d’affaires des professionnels de l’intérim, et les principaux syndicats de salariés (CFDT, CFTC, CFE-CGC, CGT-FO), viennent de signer un accord ambitieux qui « refond l’ensemble des engagements de la branche en matière de formation ». Il s’agit notamment de rapprocher de l’emploi les personnes qui en sont le plus éloignées.
Martine Gomez, administratrice patronale du PRISME (et directeur délégué du président de ManpowerGroup), expose les objectifs qui ont guidé les négociations :
« D’une part permettre un accès à l’emploi à nos intérimaires grâce à la formation en fonction des besoins sur les bassins d’emploi et, d’autre part, faire en sorte de les accompagner vers l’emploi durable. »
L’accord signé mardi s’articule autour de trois grands principes :
- garantir la portabilité des droits à la formation ;
- étendre les bénéfices de l’apprentissage aux jeunes les plus fragiles : les moins qualifiés ;
- rendre les individus acteurs de leurs parcours de formation : information et orientation des salariés intérimaires, ainsi qu’individualisation de l’accompagnement des publics les plus en difficulté.
La formation dans le travail temporaire :
Source : Rapport économique et social du PRISME, 2011 (pdf) |
La portabilité des droits à la formation, un « sac à dos qui permet au salarié de transporter ses droits et d’être autonome »
La portabilité des droits à la formation est primordiale pour la sécurisation des parcours professionnels : grâce à elle, les salariés ne perdent pas les droits qu’ils ont accumulés tout au long de leur parcours, quelle que soit la forme de leur contrat de travail. Un enjeu particulièrement important dans l’intérim, où la mobilité est fréquente.
Le PRISME annonce que l’accord met en place une « portabilité conventionnelle du DIF qui s’apparente au dispositif législatif prévu pour les salariés en CDI et en CDD. » Martine Gomez décrypte :
« Nous avons voulu travailler sur la sécurisation tout au long de la vie notamment au travers le DIF intérimaire, qui constitue une sorte de sac à dos qui permet au salarié de transporter ses droits et d’être autonome au sein de la branche. »
Cette nouvelle portabilité, explique le PRISME, doit « favoriser l’évolution et le maintien dans l’emploi par la qualification ou la requalification des salariés tout au long de leur vie professionnelle ». Concrètement, « l’intérimaire acquiert un droit à une action de formation d’une durée de 30 heures par tranche de 1 800 heures travaillées dans la branche et pas uniquement dans une seule entreprise de travail temporaire. Il conserve ses droits acquis quand il change d’entreprise de travail temporaire sans limitation de durée. »
Sécuriser les parcours professionnels des jeunes les moins qualifiés : l’apprentissage en intérim
Les jeunes peu qualifiés, les plus fragiles sur le marché du travail, sont de fait exclus des bénéfices de l’apprentissage aujourd’hui. L’apprentissage en intérim, créé par la loi Cherpion de juillet 2011, pourrait changer la donne. C’est l’objectif qui a présidé aux négociations sur ce point : « Nous avons reconfirmé le dispositif tout en prévoyant qu’il s’adresse prioritairement au moins qualifiés, toujours dans l’objectif de sécuriser les parcours professionnels », explique Martine Gomez.
Le PRISME et les syndicats du travail temporaire engageront une réflexion, au sein de la commission paritaire nationale pour l’emploi (CNPE), dans le but de trouver des solutions adaptées à ces « publics rencontrant des difficultés de maîtrise des savoirs de base ».
Information, orientation, accompagnement ciblé : l’intérimaire-acteur de son parcours professionnel
En annonçant également « l’adaptation ou la création de dispositifs spécifiques pour les publics fragilisés (les demandeurs d’emploi, les personnes en situation de handicap ou d’illettrisme » , le PRISME souligne l’importance de l’intérim d’insertion. Ces publics sont en effet ceux qui ont le plus besoin d’un accompagnement individualisé.
L’accord prévoit enfin de faciliter l’accès des intérimaires à l’information et à l’orientation, « garantes d’une juste appréciation par le salarié de ses perspectives d’évolution professionnelle. » Ainsi éclairés dans le ciblage de leurs efforts de formation, ils pourront développer une meilleure maîtrise de leur parcours professionnel. Pour ce faire, Les acteurs de l’intérim s’engagent notamment à mettre en place une veille prospective mutualisée.
Cet accord montre, s’il en était besoin, que le travail temporaire est bien plus qu’un refuge dans la crise. Sur le marché du travail, ce sont aujourd’hui les compétences qui font la différence. Pour les développer, la formation est une condition essentielle d’un parcours professionnel performant. Les prémices d’une flexisécurité à la française ?