Les leviers de l’engagement des salariés pour rapprocher les entreprises des territoires ?
Depuis six ans, l’Université d’été « Emploi, compétences et territoires » de la Fondation de l’Université de Montpellier 1 permet à de nombreux analystes et acteurs de l’emploi et des « richesses humaines » de partager leur expertise. Fidèle à la raison d’être de l’Université, elle permet ainsi à la connaissance de progresser. Virginie Gallego, professeur à l’Université de Grenoble (spécialiste, notamment, des délocalisations-relocalisations de PME) a ainsi présenté l’avancée des recherches, menées avec Ludivine Calamel (professeur à la Grenoble Ecole de Management) et visant à identifier les leviers de l’ancrage territorial des entreprises par le biais des critères de l’engagement des salariés issus des travaux de Allen et Mayer. D’autres témoignages ont montré que c’est lors de l’Université d’été que plusieurs structures locales ont pris conscience de la faisabilité d’un certain nombre de projets.
Un accélérateur de projets
Il ne s’agit pas seulement de connaissance : en rapprochant les sphères publique et privée, l’Université d’été favorise très concrètement les synergies, le travail en réseau, et impulse des partenariats locaux. Elle permet notamment aux acteurs de l’emploi de progresser dans leur maîtrise des méthodes et outils de gestion collaborative de l’emploi : gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) mutualisée, mise en réseau des compétences dans les clusters et grappes d’entreprise – pôles de compétitivité notamment -, dialogue social territorial, engagements de développement de l’emploi et des compétences (EDEC) par la formation…
Ceci est particulièrement utile dans les zones rurales, où les moyens manquent souvent pour faire face aux mutations économiques. C’est d’ailleurs pour y soutenir les partenariats innovants qu’un « Prix de l’innovation territoriale » est organisé tous les ans dans le cadre de l’Université d’été. Cette année, il a récompensée la « Fermette lozérienne », un partenariat public-privé innovant en termes de gouvernance et de performances économique comme sociale.
D’intéressants projets de GPEC collaborative et de mutualisation des emplois ont été engagés grâce à l’Université d’été. Par exemple :
- l’Observatoire régional de l’emploi et de la formation (OREF) a monté un programme d’évaluation sur cinq ans des perspectives d’emploi et des besoins de formation en Languedoc-Roussillon, grâce aux enseignements du Centre d’analyse stratégique (CAS) et à une méthode statistique de l’INSEE Aquitaine présentés lors de l’atelier « Les métiers de demain » de l’Université d’été 2011 ;
- par un partenariat engagé grâce à l’Université d’été, le Pays Haut Languedoc et Vignobles a pu impulser la diversification des activités de ses viticulteurs ;
- sur le fondement des enseignements et grâce aux contacts noués pendant l’Université d’été, les collectivités participant au projet de territoire « Terres Romanes en Pays Catalan » ont mis en place un EDEC et travaillent en réseau avec d’autres collectivités confrontées à des problématiques similaires en France.
Pour aller de l’avant : prendre du recul
L’Université d’été montre que de nombreux projets innovants se développent dans toute la France. Comment faire en sorte que ces collaborations utiles – contribuant concrètement au développement de l’emploi malgré les divergences d’intérêts – se multiplient ? Plusieurs leviers ont été identifiés, mais un élément fort est revenu dans toutes les bouches : les entreprises et les élus doivent prendre du recul par rapport à une certaine obsession du court terme. Dans ce but, Claude Vo-Dinh, chargé de mission « revitalisation des territoires à la Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale (DATAR), a ainsi annoncé que la DATAR mettrait à la disposition de tous les territoires de France, dès octobre, un outil d’évaluation prospective de l’emploi et de l’activité dans chaque zone d’emploi à horizon 5-10 ans. Dans le même ordre d’idées, les représentants régionaux de la CGT et de la DIRECCTE se sont accordés sur la nécessité d’intégrer, via le dialogue social, une réflexion sur la « qualité » du travail afin de faire progresser une vision à long terme de l’emploi et du travail, adaptée aux spécificités de chaque territoire.
Vers des entreprises plus engagées dans la GPEC territoriale ?
Assurément, l’Université d’été de Montpellier constitue un temps fort des solutions partenariales pour l’emploi, qu’elle fait connaître et impulse. Alors que les mutations économiques bouleversent les traditions de nos régions, elle contribue notamment très utilement aux progrès de la GPEC territoriale – déjà bien avancée en Rhône-Alpes. Souhaitons que les entreprises soient toujours plus nombreuses à s’intéresser à ses travaux et à s’engager dans des projets collaboratifs innovants.