Les trente élèves – demandeurs d’emploi – qui forment la première promotion du pacte Pen Breizh viennent d’achever leur cycle de trois mois de formation intensive dans les locaux de l’université Rennes 1. Aujourd’hui, ces « techniciens Help Desk » frais émoulus intègrent Orange et Proservia, les deux entreprises pilotes du pacte. Savoir-faire métier et technologique help desk, bureautique, système d’exploitation Linux, anglais, expression écrite, « savoir-être » (six jours de formation, principalement destinée à redonner confiance en soi aux demandeurs d’emploi du pacte)… : le contenu des formations ont été définis sur-mesure, en fonction des besoins exprimés par Orange et Proservia. Une méthode inédite.
Parmi les demandeurs d’emploi formés, Wedner Amboise affiche sa satisfaction :
« J’ai pu reprendre les connaissances acquises au moment du bac, puis de l’IUT, et les perfectionner. C’est très utile, car tout change très vite. Le fait d’être en groupe, ça motive, ça crée une dynamique. »
A terme, les initiateurs du pacte (ManpowerGroup, Pôle emploi Bretagne, Bretagne Développement Innovation, l’université de Rennes 1 et le FAFIEC) ambitionnent de former et embaucher 500 demandeurs d’emploi – au moins ! – pour faire vivre la compétitivité numérique de la Bretagne. Juste avant l’intégration de la première promotion du pacte chez Orange et Proservia, les partenaires et bénéficiaires ont témoigné de leur enthousiasme :
Former des demandeurs d’emploi sur-mesure, une solution immédiate au chômage
Selon le récent baromètre de l’innovation BVA – Syntec Numérique, une grande majorité de Français (84%) considère le numérique comme un secteur plus porteur que les autres en termes d’évolution de carrière et de rémunération… Mais cet engouement ne fait pas l’emploi. Pen Breizh part en effet d’un constat simple et paradoxal, résumé par la directrice de Pôle emploi Bretagne :
« En Bretagne, nous avons environ 1 400 demandeurs d’emploi dans l’informatique. En face, 600 postes d’informaticiens non pourvus, car les entreprises ne trouvent pas la main-d’oeuvre qu’elles souhaitent. »
Pen Breizh, « le chaînon manquant » : un cercle vertueux
Brigitte Cohen, Chef de projet Pen Breizh, explique : « Pen Breizh est l’ingénierie manquante dans les dispositifs d’accompagnement des entreprises, et des candidats vers l’emploi. » La formation ciselée en fonction des besoins en compétences des entreprises dessine une logique gagnant-gagnant :
- Gagnant pour les entreprises (grandes comme PME-PMI) : elles disposent de compétences numériques en parfaite adéquation avec leurs besoins, puisque c’est à partir de ceux-ci que les talents sont sélectionnés et les programmes de formation définis.
- Gagnant pour les demandeurs d’emploi, qui remettent à jour leurs compétences et « savoir-être » et sont assurés d’obtenir un poste en CDI au sein des entreprises partenaires du Pacte, à l’issue de leur formation.
C’est un véritable parcours professionnel stable qui se dessine alors : « En fonction des besoins, on va monter des cursus de formation plus ou moins longs, en échange de quoi les entreprises partenaires s’engagent à recruter en CDI, mais aussi à accompagner les recrutés avec un programme de sécurisation des parcours professionnels » précise un responsable régional de Pôle Emploi.
Le sur-mesure, salut des compétences quand la technologie change vite
La rapidité du progrès technologique pose de vrais défis aux entreprises comme aux individus. Tous doivent se préparer à l’émergence de nouveaux métiers qui requerront souvent une ou plusieurs compétence(s) numérique(s). Pour Guy Mamou-Mani, président du Syntec numérique qui s’exprimait lors d’une conférence du Club des chasseurs de tête sur la pénurie des talents dans le secteur IT, ces nouveaux métiers sont le signe d’une « ouverture du numérique à tous les domaines sociétaux. Aujourd’hui, le facteur différenciateur d’un pays comme la France est une industrie compétitive qui ne passera que par le numérique et des gens compétents. »
Notre système de formation est-il capable de s’adapter à cette nouvelle donne ? Guy Mamou-Mani en doute : « Xavier Niel doit créer sa propre école pour avoir ses ressources, signe d’une lacune de notre système éducatif ? Il est nécessaire de réfléchir à une filière de formation du numérique digne de ce nom, qui démarrerait à la maternelle, parce qu’aujourd’hui le moindre boulanger doit avoir des compétences numériques. »
Pen Breizh est né du même constat. A la rentrée, il diversifiera son recrutement au-delà des profils bac +2, en intégrant de nouvelles promotions de niveau bac + 3 et bac + 5. Entreprises ou talents numériques de Bretagne, rejoignez la dynamique !