EURÊKA. La transition énergétique a un impact sur les métiers de cadres dans les secteurs de l’énergie, de l’automobile et du bâtiment. Une nouvelle étude de l'Apec fait le point sur les nouvelles tendances.
Au-delà des implications politiques et des débats technologiques, la réflexion à mener pour réussir la transition écologique et énergétique vers un développement plus durable concerne également les questions d’emplois et de compétences, explique l'Apec. Mais, si la grande prise de conscience écologique des années 2000 avait suscité de nombreux espoirs en matière de création d’emplois dans l'économie verte, qu'en est-il réellement aujourd'hui ?
Une nouvelle étude publiée en décembre 2015 dresse un bilan qualitatif de cet impact sur les nouveaux métiers de cadres, les nouvelles compétences, et quantitatif du volume de création d'emplois entre 2005 et 2014. L'étude se concentre sur trois secteurs qui sont au cœur de la transition énergétique : l'énergie, le bâtiment et l'industrie automobile.
Peu de nouveaux métiers cadres imputables à la transition énergétique
"Jusqu'à présent, la transition énergétique a généré peu de nouveaux métiers", constate l'Apec, après une analyse des offres d'emploi entre 2005 et 2014 dans les trois secteurs étudiés. Les quelques nouveaux métiers apparus relèvent surtout de la médiation et de l'accompagnement, et sont réservés à quelques niches.
Parmi les métiers repérés en 2014, qui n'existaient pas en 2005, l'Apec relève :
- Chargé de mission énergie : souvent recruté dans les collectivités territoriales, il "accompagne les projets de développement des énergies renouvelables et de maîtrise de l'énergie sur un territoire", que ce soit au niveau des entreprises ou des particuliers
- Energy Manager : sa fonction est d'optimiser les consommations énergétiques d'une entreprise, tout en assurant le confort des occupants (gestion des achats d'énergies, optimisation de la consommation, communication auprès des occupants…). Il travaille en bureau d'études.
Certains métiers préexistants se développent pour répondre aux besoins de la transition énergétique
Dans l'énergie, l'impact est visible sur deux spécialités, en particulier l'efficacité énergétique : "En 2014, les offres d'emploi concernant des ingénieurs ou chefs de projet en efficacité énergétique représentaient 12% des offres étudiées dans le secteur de l'énergie contre 6% en 2005." D'un autre côté, le recrutement d'ingénieurs et de chefs de projets spécialisés dans les énergies renouvelables se poursuit de façon stable depuis 2005.
Dans l'industrie automobile, c'est la conception des "véhicules de demain", écoconçus, connectés et électriques, qui stimulent les besoins de main d'oeuvre, que ce soit en R&D, en fabrication ou encore en communication pour lever les "verrous sociétaux pour pouvoir proposer ce type de véhicules à un large public". Ingénieurs et chefs de projets en R&D sont ainsi activement recherchés, puisque ces métiers représentent 18% des offres diffusées par l'Apec en 2014, contre 10% en 2005. Même chose du côté du numérique avec 12% d'offres d'ingénieur systèmes embarqués et d'ingénieur conception logiciel en 2014.
Dans le bâtiment, les tendances sont plus diverses, entre les métiers de service et d'optimisation des performances énergétiques ou les métiers de conducteur de travaux en rénovation énergétique ou le technico-commercial spécialisé en aménagement durable. A défaut d'être de nouveaux métiers, ceux-ci étaient très peu répandus en 2005 dans les offres de l'Apec.
La transitition énergétique implique une transformation des compétences
Mais la transition énergétique appelle aussi de nouvelles compétences et, potentiellement, de nouveaux métiers qui pourraient voir le jour dans les années à venir :
- Connaissance du cadre réglementaire et des différentes normes environnementales, changeantes et de plus en plus restrictives
- Meilleure compréhension des logiques de l'écoconception, du recyclage et du cycle de vie des produit, notamment avec le développement des métiers de l'économie circulaire
- Compétences digitales au service de la transition énergétique : "L'intégration des technologies numériques notamment pour la conception, mais aussi dans le fonctionnement même des véhicules, des bâtiments ou des réseaux énergétiques" des compteurs intelligents aux systèmes de smart grids.
De façon plus générale, la transition énergétique entraînerait un décloisonement disciplinaire, un constat particulièrement sensible dans le bâtiment où les ingénieurs et les cadres sont invités à adopter une approche plus systémique pour déceler des synergies permettant d'optimiser l'utilisation des ressources. Un décloisemment aussi perceptible entre les secteurs, à l'heure où les spécialistes de l'efficacité énergétique peuvent être amenés à travailler aussi bien dans le bâtiment que dans l'automobile.