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Seulement 1 actif sur 4 redoute le chômage. Lucidité ou refoulement ?

Alors que la barre des trois millions de chômeurs vient d’être franchie, un sondage publié hier par le Journal du Dimanche interpelle : alors que 84% des cadres pensent que le chômage augmentera dans les prochains mois,  à peine plus d’un quart de l’ensemble des actifs redoutent de tomber au chômage.

Les actifs et le risque de chômage

Les salariés auraient-ils conscience du dualisme du marché du travail français, qui tend à protéger ceux qui sont déjà dans l’emploi plus qu’il n’aide les outsiders, chômeurs ou aux marges de l’emploi ? Frédéric Dabi, directeur adjoint de l’Ifop, pense au contraire que c’est précisément parce que le danger de la perte d’emploi semble se rapprocher que les salariés développent  » un réflexe de protection » ; il a recours au concept de « refoulement » cher à Freud pour expliquer cela : « quand le risque de chômage devient plus plausible, on refoule davantage cette idée. »

Travail de deuil vs. difficultés conjoncturelles : l’éclairage d’Arnaud Montebourg

Les annonces de fermetures d’usines sont assurément anxiogènes. Les dossiers s’accumulent pour les équipes du ministère du Redressement productif. Toujours dans le registre psychologique, un reportage du même Journal du Dimanche révélait une facette méconnue du travail de ses « commissaires » qui sillonnent la France pour sauver des emplois ; lorsque l’entreprise est en bout de course, il s’agit « d’entamer un travail de deuil » : « les thérapies sont parfois individuelles, parfois collectives, quand cela concerne une filière. Et chaque emploi sauvé est une victoire. »

FlorangeMais toutes les entreprises en difficulté ne sont pas forcément « en bout de course ». Le ministre Arnaud Montebourg a annoncé vendredi que la loi obligeant un industriel à céder une usine viable sera soumise au vote du Parlement d’ici trois mois. Il a aussi expliqué, dans une interview au Journal du Dimanche, que c’est lorsque les entreprises sont soumises à des difficultés conjoncturelles qu’il faut se battre pour les soutenir. A la question « faut-il se battre et dépenser beaucoup d’argent public pour la sidérurgie, qui semble être un secteur condamné? », il répond :

« C’est une flagrante erreur d’analyse. Il y a trois ans, les hauts-fourneaux lorrains tournaient à plein régime. Si la conjoncture se redresse et le prix de l’acier remonte, ils redeviendront profitables. Le site d’ArcelorMittal à Florange est intégré et rentable. Nous n’y pouvons rien si ArcelorMittal est surendetté. »

Rappelons que c’est précisément pour prévenir l’impact de difficultés conjoncturelles, temporaires, qu’une « gestion prévisionnelle des emplois et des compétences » (GPEC) peut être utile, surtout si elle est organisée dans le cadre de partenariats entre des entreprises qui ne sont pas soumises à des cycles économiques identiques. Par ailleurs, le chômage partiel peut être un moyen efficace de protéger l’emploi à court terme.

La compétitivité ne se résume pas au coût du travail – Les équipementiers automobiles français embauchent

Industrie automobile française
Graphiques L'Usine nouvelle

Au sujet de la compétitivité, qui est au coeur des difficultés de l’industrie française,Thibault de Jaegher, directeur de la rédaction de l’Usine nouvelle, apporte d’utiles précisions :

« Définir la compétitivité d’une industrie seulement par le coût du travail, ce n’est pas faire fausse route, ce n’est faire qu’une partie du chemin. (…) Les questions de formation,(…) d’organisation du travail (…), font aussi la compétitivité d’un pays, de son industrie, de ses usines. »

Dans un éditorial consacré à « l’automobile qui va bien », Thibault de Jaegher souligne aussi la bonne santé des équipementiers français. Il rappelle par exemple que Valeo va recruter 15 000 ingénieurs dans le monde d’ici à 2015.

Activité réduite, « emplois francs » pour les diplômés des cités, emplois d’avenir : ça bouge sur le front de l’insertion professionnelle

La semaine dernière, l’Unedic a publié une étude montrant que l’exercice d’une activité réduite favorise l’accès à un emploi durable (CDI ou CDD de plus de 6 mois ou plus).

Insertion des jeunesLibération nous apprend aussi que des « emplois francs » vont être créés pour les diplômés issus des zones urbaines sensibles. L’idée est de passer d’une logique de territoire (les « zones franches urbaines ») à une logique de personnalisation : « ce n’est plus l’entreprise qui bénéficie d’exonérations parce qu’elle s’installe dans un quartier en difficulté. C’est l’entreprise qui accueille un jeune venant des quartiers en difficulté qui bénéficie d’exonérations« .

Sur les emplois d’avenir, la commission mixte paritaire du Parlement (devant rapprocher les textes issus des discussions à l’Assemblée nationale d’une part, au Sénat d’autre part) va se réunir demain. Seront discutés l’ouverture des emplois d’avenir à certains CDD saisonniers – un sujet controversé – ainsi que le ciblage de ces emplois : une disposition prévoyant l’ouverture du dispositif à certains diplômés du supérieur devrait être supprimée afin de clairement cibler les jeunes les moins qualifiés.

Le budget travail-emploi augmente de 1,7%, 2000 CDI pour l’accompagnement des chômeurs chez Pôle emploi

Projet de Loi de Finances pour 2013
Photo de @ndebock (Twitter)

Le projet de budget 2013 a été entériné en Conseil des ministres vendredi. Les crédits consacrés aux actions de « Travail et Emploi » augmentent de 1,71% par rapport à 2012. 2,67 milliards d’euros de crédits sont prévus pour la mise en œuvre des 100 000 emplois d’avenir et autres contrats aidés existants (390 000 contrats). Alors que les sous-effectifs du service public de l’emploi pour l’accompagnement des demandeurs d’emploi sont depuis longtemps critiqués2 000 recrutements en CDI sont programmés chez Pôle emploi. Les crédits des maisons de l’emploi et des missions locales sont reconduits.  Néanmoins, les crédits pour les contrats d’apprentissage et de professionnalisation sont revus à la baisse.

On note aussi que ce budget prévoit un accroissement significatif des aides aux entreprises adaptées (EA), ces entreprises qui emploient au moins 80% de salariés handicapés : 1 000 places supplémentaires sont prévues. Par ailleurs, les crédits de l’insertion par l’activité économique  sont reconduits.

En France, plus de 86% des salariés étaient en CDI en 2011

Enfin, une étude de l’Insee confirme des tendances déjà à l’oeuvre. L’année dernière, les emplois salariés constituaient 88,4% des emplois en France et l’on observe que le CDI reste bel et bien largement majoritaire en Franceen 2011, 86,5% des salariés bénéficiaient d’un CDI, 9,5% d’un CDD, 2,4% d’un contrat d’intérim et 1,6%d’un contrat d’apprentissage.

Elle confirme la tertiarisation de l’économie (3 emplois sur 4 sont dans le secteur tertiaire), le vieillissement et la féminisation de la population active : depuis 2005, c’est principalement sous l’effet de la participation croissante des femmes au marché du travail que la population active a augmenté ; par ailleurs, le taux d’activité des 50-64 ans est passé de  51,7 à 58,1% entre 2005 et 2011. L’INSEE relève que, si le sous-emploi a baissé en 2011, il reste« massivement » réservé aux femmes.

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