L’insertion par l’activité économique est très efficace, la situation des jeunes diplômés ne se dégrade pas, les ingénieurs se portent particulièrement bien, les demandeurs d’emploi et jeunes les moins qualifiés priorités de la réforme de la formation professionnelle : revue de presse et de web.
L’insertion par l’activité économique, ça paie
Dans Le Figaro de ce week-end, l’économiste Michel Godet, auteur de « la France des bonnes nouvelles », un ouvrage qui rend hommage au dynamisme innovant des entrepreneurs français, salue l’action du groupe Id’ees qui, à Dijon, insère dans l’emploi « marchand » (secteur privé) des personnes déclarées « inemployables ». Il souligne que chaque personne ainsi embauchée en moins d’un an rapporte à la collectivité trois fois plus que le coût de son accompagnement (6 000 €).
L’insertion des jeunes diplômés : ni amélioration ni dégradation. Mais le pessimisme gagne du terrain chez ceux qui n’ont pas encore trouvé d’emploi.
L’étude annuelle de l’APEC sur l’insertion des jeunes diplômés est parue la semaine dernière. Avec 71% des jeunes diplômés de 2011 en emploi cette année, leur situation est loin des niveaux d’avant-crise (77%). Si elle ne s’améliore pas par rapport à l’année dernière, elle ne se dégrade pas non plus. L’APEC relève même que la part des jeunes diplômés en CDI progresse cette année : 56%, contre 54% l’année dernière et 47% en 2010.
Même si la durée moyenne de recherche d’emploi n’a pas changé (5,2 mois), les jeunes diplômés de 2011 sont plus nombreux à entamer leur recherche avant même l’obtention de leur diplôme. Mais la recherche apparaît laborieuse : plus de 40% de ceux qui recherchent un poste ont envoyé plus de 50 candidatures. Comme ceux qui ont trouvé un emploi, presque tous sont prêts à faire des concessions : 91% accepteraient autre chose qu’un CDI, 84% reverraient leurs exigences salariales à la baisse et 74% à déménager. Tous ces éléments illustrent la progression d’un certain pessimisme : seuls 60% des jeunes diplômés de la promotion 2011 se disent « optimistes » quant à leur recherche d’emploi – un chiffre en baisse de 6 points par rapport à l’année dernière.
Côté rémunérations, on ne trouve pas d’impact de la crise. L’APEC constate même une augmentation régulière depuis 2009 (salaire brut annuel : 27900€, contre 27 600€ pour la promotion précédente). Si 45% disent avoir dû accepter un salaire inférieur à leurs espérances, 90% de ces jeunes diplômés se disent satisfaits de leur emploi actuel – un niveau presque identique à celui de l’année dernière.
L’étude montre, s’il en était besoin, que plus le diplôme est élevé plus on trouve facilement du travail. Parmi les jeunes diplômés à la recherche d’un emploi, les niveaux Bac +4 sont les plus nombreux: 38%, contre respectivement 28 % et 19 % pour les Bac +5 et les Bac + 6 et plus. Au-delà du niveau, le meilleur atout sur le marché du travail est un diplôme d’une école d’ingénieur : 80% de ces diplômés sont en emploi, contre 69 %des titulaires de diplômes universitaires. Ils sont aussi ceux dont la proportion de CDI a le plus augmenté : + 6 points (et+ 5 points pour les diplômés d’écoles de commerce). Pour les diplômés de l’Université, la stabilité s’améliore aussi, mais très légèrement (+1 point).
Les entreprises s’arrachent les ingénieurs
« La formation d’ingénieur affiche, il est vrai, le meilleur taux d’insertion de l’enseignement supérieur en France », souligne Ambroise Favrie, président du Bureau national des élèves ingénieurs, dans « Aujourd’hui en France » en ce 8 octobre. Six mois seulement après leur sortie de l’école, 67% de la promotion 2011 était en activité, contre 64% fin 2010 et 54% fin 2009. Outre la pénurie qui fait des ingénieurs des perles rares, ce niveau d’insertion tient probablement à l’efficacité du stage de fin d’études : c’est au sein de la structure qui les a accueillis que la moitié des jeunes ingénieurs obtiennent leur premier emploi.
Plus globalement, le taux de chômage de la profession n’était que de à 3,5% en 2011, en baisse par rapport à 2010, montre l’enquête « Ingénieurs et scientifiques de France ». Ce chiffre descend même à 2,7% (en baisse de 2 points par rapport à 2009) si l’on ne compte pas les jeunes à la recherche d’un premier emploi.
L’année dernière, les recrutements d’ingénieurs ont augmenté de 25%. Ils ont même presque doublé dans les transports et l’aérospatiale, notamment pour accompagner leurs développements à l’étranger. Dans cette optique, les entreprises de plus de 2000 salariés, qui emploient les deux tiers des ingénieurs sur le marché, recherchent des profils internationaux et pluridisciplinaires, capables de manager des sous-traitants étrangers et de travailler dans un environnement multiculturel.
Priorités du système français de formation professionnelle : les demandeurs d’emploi les moins qualifiés
« Liaisons sociales » relaie aussi deux documents qui serviront de cadre à la concertation sur la formation qui s’engage aujourd’hui pour faire suite à la table ronde sur « le développement des compétences et la formation tout au long de la vie » de la « Grande conférence sociale » . Le ministre délégué à la Formation professionnel et à l’Apprentissage Thierry Repentin y fixe les priorités des discussions : la formation des demandeurs d’emploi et la qualification des jeunes.
Sur le premier point, la priorité est de corriger l’inégalité d’accès à la formation, qui joue en défaveur des demandeurs d’emploi, et en particulier de ceux qui sont le moins qualifiés. Le ministre évoque plusieurs objectifs, notamment :
- développer la coopération entre les acteurs territoriaux, dans le cadre régional ; il envisage un accord entre l’État, la région, les départements et les partenaires sociaux, pour définir des territoires d’intervention, des diagnostics et objectifs communs ;
- créer des outils d’information exhaustifs sur l’offre et les places disponibles en temps réel ;
- lever les obstacles à l’entrée et au suivi d’une formation (financement, transport,hébergement et garde d’enfants) ; pour ce faire, il demande à chaque région de dresser un état des lieux des aides financières et matérielles existantes.
Le ministre préconise notamment soutenir les actions du Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP) en faveur des personnes peu/pas qualifiées sortant de contrats courts, notamment bénéficiaires de minima sociaux (FPSPP dont le budget pour 2013-2015 sera affecté en priorité aux jeunes, salariés les plus fragiles et personnes confrontées à des mutations/transitions professionnelles sont les priorités), et de mieux les coordonner avec les régions. Par ailleurs, il souligne l’intérêt d’un accompagnement différencié en fonction de l’éloignement à l’emploi : l’entrée en formation qualifiante devrait avant tout bénéficier aux personnes bénéficiant d’un accompagnement renforcé.
Jeunes : la qualification, une priorité
Pour les jeunes, le ministre se situe sur une ligne proche de celle du Conseil économique, social et environnemental : la qualification est un enjeu prioritaire. La feuille de route issue de la grande conférence sociale a prévu un plan d’action sur ce sujet. Avant cela, le ministre suggère que des pactes régionaux « pour la réussite éducative et professionnelle des jeunes » définissent des objectifs conjoints et chiffrés sur deux grands volets :
- proposer à chaque jeune sans qualification d’une solution pour réamorcer un parcours qualifiant ;
- soutenir, dans les territoires, le développement de l’alternance aux niveaux 5 (BEP-CAP) et 4 (bac).
L’Atelier de l’Emploi ira ce soir écouter et questionner le ministre, ainsi que d’autres acteurs et experts renommés, dans le cadre de la conférence « Réconcilier politique pour la jeunesse et politique des seniors », organisée par la « Chaire transitions démographiques, transitions économiques » (affiliée à Paris-Dauphine, l’ENSAE et Polytechnique) et animée par l’économiste Jean-Hervé Lorenzi. Pour nous transmettre vos questions, utilisez le formulaire de commentaires ci-dessous !