Le monde du travail change au rythme des technologies et ce à une cadence de plus en plus soutenue. Pouvons-nous encore parler d’évolutions ou entrons-nous dans une décennie de mutations ? Nous avons sélectionné quelques marqueurs et tendances de la décennie qui vient de s’achever pour mieux comprendre et imaginer ce qui pourrait nous attendre d’ici 2030.
2010 – 2020
Entre un renforcement de l’égalité femme-homme au travail et de l’inclusion de manière générale, un changement des modes de travail impulsé par les millennials, le tout renforcé par un cadre législatif plus précis ; le moins que l’on puisse dire, c’est que les choses ont bien changé depuis 2010. De nos états d’esprits à nos bureaux, retour sur 10 ans d’évolutions.
Un vent de nouveauté a soufflé sur les lois et les modèles économiques
Cette décennie forte en bouleversements s’appuie en grande partie sur de nouvelles lois restructurant le monde du travail. Parmi celles-ci, on retiendra la loi Copé-Zimmerman en faveur de l’égalité femme-homme, la loi El Khomri, qui introduit le compte personnel d’activité et le droit à la déconnexion, la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel, qui ambitionne entre autres de réduire le chômage des personnes handicapées ou encore la réforme du code du travail par ordonnances et ses 117 mesures parmi lesquelles celle visant à assouplir le recours au télétravail qui concerne désormais presque 29% des salariés contre 8,4% en 2008.
Dans cette recherche continue d’adaptation et d’amélioration de nos conditions de vie, les start-up se sont multipliées. Il existe, à présent, une application pour répondre à chaque envie ou problématique du quotidien. Nous assistons à une véritable ubérisation de… tous les secteurs ! Alors que le Président rêve d’une « start-up nation » pour aider la France à bâtir de meilleurs lendemains, le combat entre les cafards et les licornes fait rage. Seul l’avenir nous dira qui l’emportera.
De l’individu … au collectif
Et l’humain dans tout ça ? En 2013 déjà, l’anthropologue David Graeber jetait un pavé dans la mare avec un article intitulé « A propos du phénomène des jobs à la con » déclarant que de plus en plus de salariés étaient convaincus d’occuper des emplois inutiles, absurdes, voire nuisibles pour la société. Ces « bullshit jobs » créés selon lui davantage pour remplir les emplois du temps que pour donner du sens au travail, concerneraient aujourd’hui entre 30% et 40% de la population active. Autre tectonique analogue, la reconversion des « premiers de la classe » dans des professions artisanales. Loin d’être des phénomènes anecdotiques, ces sujets ont pris de l’ampleur tout au long de la décennie et continuent de faire couler de l’encre.
Les questions du sens et de l’utilité seront plus que jamais sous le feu des projecteurs ces prochaines années.
Comment dans ce contexte juguler la fuite des talents et revaloriser l’entreprise ? Cela passe avant tout par une prise de conscience. Managers et DRH revoient leurs copies pour s’adapter à cette nouvelle vision du travail. Moins autoritaire et plus horizontal, le management mise désormais sur l’humain et l’intelligence collective. Les cloisons intellectuelles tombent au rythme des murs de nos bureaux. Ces fonctions prennent davantage un rôle d’accompagnateur que d’encadreur. On note d’ailleurs que les discours RSE et la marque employeur n’ont jamais autant pris d’importance dans la communication d’une entreprise. La décennie qui s’ouvre marquera-t-elle alors l’avènement d’un emploi plus responsable ?
2020 – 2030
Réussites ou échecs, nous apprenons toujours de notre passé. Il trace les contours des années à venir. Contrats de travail, nouveaux jobs et recrutements, on ose se projeter pour imaginer 2030.
Tous freelance en 2030 ?
Éprise de liberté, attirée par l’auto-entrepreneuriat et n’ayant plus peur d’avoir une double casquette : la nouvelle génération redonne du sens au statut d’indépendant. Désormais, on le défait de son aura de précarité pour l’ériger en gage de liberté. Bienvenue dans l’ère des slasheurs.
Formations en continu…
Moocs, réalité augmentée, blended learning… Le chemin est pavé de bonnes attentions, mais surtout de bons outils. Un rapport publié par Dell Technologies imagine un futur où l’on passera d’un emploi à un autre en toute facilité grâce à l’apprentissage en temps réel.
La fin du CV ?
À l’horizon 2030, il faudra être créatif, jouer des technologies et des interactions dématérialisées en matière de recrutement. Au programme : stories, CV vocal, chatbots, entretiens vidéo différés, ou encore coach IA… Pour preuve, plus de 81 % des candidats postulent désormais sur mobile selon une étude Hellowork. Côté recruteurs, on mise de plus en plus sur les algorithmes. Directement inspirée de techniques marketing digital, la chasse aux candidatures s’envisage comme la vente de votre article préféré : par le retargetting publicitaire. On appelle cela le recrutement programmatique.
Les gourous du numérique
Le numérique se développe à vitesse grand V et avec lui les métiers se transforment. Préparez-vous à accueillir au sein de vos structures ces nouveaux talents : démystificateur de données, psydesigner, data analyst, ingénieur cobotique ou encore hacker éthique.
Maintenant que vous avez toutes les bonnes informations, où vous voyez-vous dans 5 ans ? 10 ans ? À quoi ressemblera votre bureau ? Vos collègues ?… Autant de questions qui ouvrent le champ des possibles. Rendez-vous en 2030 pour vérifier ce qui se sera réellement réalisé.