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Moi, recruteuse depuis 20 ans : « Les technologies se suivent, les bons recruteurs restent »

Kelly Sudsbury est « architecte de solutions de recrutement » pour ManpowerGroup Amérique du Nord et travaille pour l’entreprise depuis 2011.

Kelly Sudsbury, architecte de Recruitment Solutions à Manpower Amérique du Nord
Kelly Sudsbury, architecte de solutions de recrutements à Manpower Amérique du Nord

Il y a plus de 15 ans, j’entrais sur la pointe des pieds dans le monde du recrutement. Avec précaution d’abord, pour y plonger la têted la première ensuite, non sans plaisir. Depuis, je suis immergée dans un métier qui chaque jour promet (et fournit) son lot de défis… et de gratifications.

Ma carrière de recruteuse m’a beaucoup plus appris sur la diversité des compétences, des cursus, des expériences et des carrières que je ne l’aurais imaginé. J’ai recruté des profils dont j’ignorais l’existence jusque-là, comme « chef-cuisinier de train » ou « mannequin de campagne de placement de produit ». Je continue d’être surprise par la diversité des carrières poursuivies par ceux que je rencontre. Je me demande encore ce qu’il se serait passé si la conseillère d’orientation de mon lycée avait été au courant de tous ces métiers et surtout, si elle me les avait proposés !

Dans le métier de recruteur, aucun jour n’est pareil. Chacun est rythmé par de nouvelles aventures que je m’efforce de surmonter. Je fête mes victoires avec enthousiasme. J’apprends de mes erreurs et je rebondis. Ce travail a toujours été fait pour moi. Rien ne m’apporte plus de fierté que d’aiguiller les gens dans leur carrière professionnelle et de contribuer au succès d’une entreprise en lui dénichant les bons candidats. C’est vraiment ce que j’aime faire.

Rengaine d’une mort annoncée

Pourtant, aussi dynamique, inspirant et sans cesse réactualisé que soit le métier de recruteur, j’ai réalisé qu’il y a deux facteurs de succès dans notre métier, que chaque recruteur devrait connaître :

  • Il y aura toujours un « next big thing », cette nouveauté qui se présente comme le fossoyeur du « métier de recruteur ».
  • En matière de recrutement et de processus de sélection, la technologie ne peut pas tout ; et surtout pas remplacer les relations interpersonnelles.
Marque employeur candidats
Tiré de l’infographie « Digitalisation du recrutement : ce que veulent (vraiment) les candidats » (cliquer sur l’image pour y accéder)

Les recruteurs expérimentés connaissent tous trop bien cette expression : le « next big thing ». Combien de fois avons-nous entendu que la dernière nouveauté en matière de recrutement signifiait la fin de nos métiers : « Ce nouvel outil, logiciel ou réseau social va tellement faciliter le recrutement, le rendre efficient et automatique, que les entreprises, les RH et les gestionnaires RH n’auront plus besoin de l’expertise des recruteurs » ?

Je dois avouer qu’il y a quelques années, alors jeune recruteuse, je redoutais l’arrivée du « next bing thing ». Qu’allait-il advenir de mon poste avec l’arrivée de ce nouvel outil qu’on appelait « job board » ? Quand mon entreprise a signé son premier contrat avec Monster, je me suis même demandé si j’allais toujours avoir du travail le mois suivant. A en croire certains, je n’aurai plus aucune utilité, je n’étais plus indispensable pour identifier et retenir les bons talents pour mes clients. Mais un mois après, j’étais encore là. Mon poste n’était devenu ni redondant ni inutile. La première année fila à grande vitesse, et oui, j’étais toujours à mon poste.

« Mon travail n’est pas devenu plus facile. Il n’est pas devenu moins important. Il a changé »

Bien sûr, l’apparition de nouveaux outils a fait que certaines de mes tâches sont devenues obsolètes… mais au final, mon travail est toujours aussi complexe et stratégique. A ma surprise, il est même devenu plus important encore car je me suis retrouvée à piloter ces fameux job boards, mais aussi les prescripteurs, les publications en lignes et les candidats, en même temps que je me formais à ces nouvelles technologies. En fait, ma charge de travail a tellement augmenté que l’entreprise a dû créer un nouveau poste : celui de e-recruteur.

Les job boards n’ont donc pas signifié notre « mort »… mais on nous a ensuite annoncé que les plateformes de médias sociaux, en particulier LinkedIn, contribueraient à notre chute. Les médias sociaux étaient bien plus qu’une « next big thing » : c’était une véritable révolution. Pourquoi les entreprises continueraient-elles d’avoir besoin d’un recruteur pour trouver des talents quand LinkedIn, associé avec un système de tracking des candidats, s’en chargerait aisément. Tout allait être facile désormais : on pourrait trouver quasiment tout le monde sur LinkedIn ; il permettrait non seulement de trouver les talents, leurs collègues mais aussi leurs références. Ciao les recruteurs ! Bonjour, le recrutement à bas coût et ultra rapide.

Dix ans ont passé depuis le lancement de LinkedIn, et malgré le scénario catastrophe et son lot de prédictions alarmistes, mon travail continue d’évoluer et de jouer un rôle stratégique dans mon entreprise et pour mes clients. La plupart de mon temps de travail est consacrée aux médias sociaux, du repérage des talents au marketing digital en passant par la formation des recruteurs sur la manière de réussir son recrutement en ligne. Les relations interpersonnelles restent importantes mais la question est de savoir comment, en tant que recruteur, je vais les gérer.

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« Le cœur du recrutement reste l’engagement personnel et les interactions humaines »

La relation avec les candidats va en effet bien au-delà l’envoi d’e-mails, la publication d’annonces et les mises à jour sur les médias sociaux. Il s’agit de créer une vraie connexion avec les individus. Il s’agit de chercher, révéler ce qui les motive réellement, les inspire et les pousse à évoluer dans leur carrière.

Il y aura toujours de nouveaux job boards, de nouvelles plateformes de médias sociaux et des systèmes de repérage toujours plus sophistiqués. Tous promettent de rendre le recrutement plus aisé, plus rapide et moins cher. Mais, alors que les technologies évoluent, les bons recruteurs savent les utiliser à leur avantage. Et le cœur du recrutement reste donc l’engagement personnel et les interactions humaines.

J’adresse donc ce témoignage à mes chers collègues recruteurs qui ne se reposent pas uniquement sur les réseaux sociaux, les job boards et les systèmes de repérage pour faire leur travail de manière efficace, et à tous ceux qui savent que le recrutement passe par le téléphone ou la rencontre avec le candidat autour d’un café. Ce sont les « vrais » recruteurs car ils comprennent que le monde du travail est une affaire d’engagement, d’expérience personnalisée, de compréhension des parcours de vie individuels et d’empathie. Grâce à eux, le monde du travail reste vivant et en mouvement.

> Témoignage initialement publié sur Sourcecon

Crédits image : Ricardo Sudario /Flickr / Licence CC BY
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