L’Organisation internationale du travail (OIT) alerte : depuis 2008, l’Union européenne (UE) a enregistré 10 millions de demandeurs d’emploi supplémentaires. Rien qu’en 2012, la seule zone euro – qui rassemble 17 Etats de l’UE – a vu près de 2 millions de personnes supplémentaires s’inscrire au chômage.
L’Europe fait décidément figure de « vieux continent », comme le montrait le dernier baromètre Manpower des perspectives d’emploi : l’Europe était le seul continent du monde où l’on trouvait des pays aux perspectives de création d’emploi négatives.
La barre des 40% de chômeurs de longue durée (en recherche d’emploi depuis au moins douze mois) est atteinte dans la grande majorité des pays de l’UE (19 sur 27). En France, la durée moyenne du chômage bat des records, elle s’élève aujourd’hui à 482 jours. Cette tendance est spécialement inquiétante car le chômage de longue durée est une plaie particulièrement difficile à cicatriser.
Face au risque d’explosion sociale, s’inspirer des 5 qui ont su s’en sortir
L’Europe serait en train de franchir un seuil critique. L’OIT s’en inquiète : cas unique au monde, « le risque de troubles sociaux est maintenant supérieur de 12 points de pourcentage à ce qu’il était avant le déclenchement de la crise ».
Pourtant, une certaine embellie vient éclaircir une partie du ciel européen : 5 pays ont non seulement inversé leur courbe du chômage mais atteint un taux d’emploi supérieur à celui d’avant la crise, fin 2008. La Hongrie et Malte mais, surtout, l’Allemagne, l’Autriche, et le Luxembourg ont réussi cette performance, tandis que les taux d’emploi continuent de chuter dans 11 Etats, y compris la France.
Si l’on compare à présent les taux de chômage entre février 2010 et 2013, ce sont au total 12 pays qui sont dans une dynamique positive, catégorie dans laquelle la France, qui vise toujours une inversion de sa courbe avant fin 2013, n’entre toujours pas.
Il y a une alternative : développement de l’emploi et réduction des déficits ne sont pas des objectifs antinomiques
Branle-bas de combat ! L’OIT plaide pour des stratégies économiques faisant de l’emploi le cheval de bataille des politiques publiques. Prenant l’exemple de la Suède qui a réussi à surmonter sa crise de 1990, l’OIT insiste : « une riposte à la crise centrée sur l’emploi servirait autant les objectifs macroéconomiques que l’emploi ». Inquiète des éventuels effets récessifs des politiques d’austérité, l’OIT veut montrer par cet exemple que la réduction des déficits et la restauration de la compétitivité ne sont pas antinomiques d’une politique « job-friendly ».
Capitalisant sur les dynamiques positives déjà à l’oeuvre, l’OIT met l’accent sur quatre types de mesures :
- « Favoriser l’accès au crédit bancaire pour les PME », indispensable pour qu’elles produisent et créent des emplois, et s’attaquer structurellement aux causes de la crise financière. On pense ici au projet européen de création d’un marché du micro-financement destiné aux PME.
- Adopter d’urgence « des dispositifs de garantie d‘emploi pour les jeunes », du type de la « garantie jeune » dont la création a été annoncée en France et qui va prochainement voir le jour au niveau européen.
- « Faire du dialogue social entre employeurs, travailleurs et gouvernements un outil fondamental pour élaborer les politiques » : on retrouve ici l’esprit de la « loi Larcher » de 2007 et de l’accord pour la sécurisation de l’emploi, négocié collectivement et actuellement discuté à l’Assemblée nationale.
- Refuser « les pressions à la baisse sur les salaires et l’emploi ».
L’OIT le montre : le sursaut de l’emploi est possible, certains l’ont organisé. Un nouvel élan d’optimisme bienvenu, qui va dans le même sens que le Baromètre Manpower qui annonçait pour le printemps des perspectives d’emploi positives dans la majorité des pays d’Europe. Le redoux serait-il à l’horizon?