La Bretagne serait-elle à la pointe « de la dégradation française ? » Les maux bretons, qui sapent l’agroalimentaire, l’automobile ou les télécommunications, sont connus, quelque part entre coût du travail trop élevé et positionnement bas de gamme. L’activité industrielle bretonne, pourtant, draine le quart des emplois de la régions – le double de la moyenne française – et l’agroalimentaire, particulièrement, représente près de 70 000 emplois, soit plus de 12% de l’ensemble de l’emploi agroalimentaire français. Pour l’économiste Laurent Davezies, qui rappelle que les emplois industriels, dans la ville de Vitré, ont rebondi de 9% en 2011, « la région vit un moment difficile, mais ce n’est pas la plus mal en point ».
> Une lecture de Laurent Davezies sur l’Atelier de l’emploi :
- « La nouvelle fracture territoriale » : pourquoi certains territoires résistent mieux que d’autres à la crise de l’emploi
- « La contre-attaque de l’emploi : les économies locales face à la crise qui vient »
« Coller à la demande »
« Dans le contexte que nous connaissons, il est vrai que leur reconversion ne sera pas facile. »
C’est ainsi que le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll évoque les perspectives des salariés de la société d’abattage et de découpe de porcs Gad, à lui seul symbole de la crise bretonne de l’emploi agroalimentaire, avec près de 900 suppressions d’emploi déjà entérinées.
Pourtant, les perspectives de reconversion ne manqueraient pas : si les perspectives d’emploi, dans l’Ouest français, sont globalement nulles (ni création, ni suppression d’emplois) d’ici la fin 2013, certains secteurs et filières restent dynamiques. « L’aéronautique et l’informatique recrutent », titre Le Figaro, qui ajoute que même au sein de la filière agroalimentaire, les situations varient, avec des « entreprises de transformation [qui] tirent leur épingle du jeu […] [et] poursuivent leur développement en France et à l’étranger ». Laurent Davezies, lui aussi, estime que « la vitalité du secteur est encore très nette en Bretagne ». D’un secteur à l’autre, d’un territoire à l’autre, le dynamisme breton varie.
Près de six salariés sur dix réussissent leur transition professionnelle
Toute politique de l’emploi ne devrait-elle pas anticiper et chercher à « coller à la demande », au plus près des bassins d’emploi ? L’initiative collective Pen Breizh, qui vise à former sur-mesure 500 demandeurs d’emploi bretons, directement en fonction des besoins en compétences des entreprises de la région, en est une illustration : c’est en pensant en amont l’objectif de l’adéquation professionnelle entre offre et demande que l’on préserve le mieux l’emploi.
[encadre]Et c’est à cette lumière que le dernier rapport de l’Observatoire des transitions professionnelles peut être lu : au-delà de témoignages d’un ouvrier textile qui devient ouvrier dans le bâtiment, d’un régleur qui devient infirmier ou d’un peintre en bâtiment qui devient préparateurt automobile, l’étude conclut que 57% des transitions professionnelles effectuées dans le cadre du CIF, le compte individuel de formation, « se sont complètement réalisées ».
Dans le cas des « transitions externes », d’un secteur d’activité à un autre, ce chiffre n’est « plus » que de 51% : il signifie qu’un salarié sur deux a réussi à trouver un emploi dans le nouveau domaine dans lequel il a été formé. Pour autant, cela ne veut pas dire que l’autre moitié a « raté » sa transition : 92% de ces salariés étaient toujours en activité professionnelle un an après leur formation, signe que le principal risque, lors d’une transition professionnelle, est plutôt de rester en emploi dans son domaine initial…