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Et si la feel-good attitude au travail était votre ennemie ?

L’importance de la qualité de vie au travail en entreprise n’est plus à démontrer, mais faut-il pour autant rechercher le bonheur de vos collaborateurs ? De plus en plus d’entreprises déploient des trésors d’ingéniosité pour le promouvoir, tandis que LinkedIn regorge de citations et de retours d’expérience feel-good. N’aurions-nous pas tendance à en faire trop ? Démêlons les démarches positives réellement bénéfiques des injonctions contre-productives.

 

Une attitude positive génère du bien-être au travail

Si la méthode Coué a fait ses preuves, c’est bien par son efficacité. Adopter un état d’esprit positif permet de se mettre en bonne condition pour relever des défis. De nombreux managers l’ont compris durant la pandémie alors que la charge mentale augmentait en faisant de la bienveillance une notion clé de gestion de crise. Cette situation inédite a fait évoluer les attentes des salariés donnant un nouvel élan aux enjeux de QVT (Qualité de Vie au Travail). Pour recréer du lien et mieux travailler ensemble, les collaborateurs souhaitent en priorité davantage de « reconnaissance » (52 %), de « confiance » (39 %) et plus d’« informations partagées » (27 %). Ce sont autant de facettes d’un management qui crée du collectif et de l’engagement.

Si la QVT et le management positif deviennent incontournables pour fidéliser les talents, ils le sont aussi pour les attirer, notamment auprès des jeunes générations. En effet, selon une récente étude, 68% des étudiants ne postuleraient pas dans une entreprise peu investie dans la QVT et pour le bien-être mental de ses collaborateurs. Si le bien-être des équipes est un prérequis dans la manière de manager, faut-il pour autant chercher à atteindre le « bonheur au travail » ?

Des injonctions qui peuvent devenir contre-productives

L’entreprise a longtemps été un désert émotionnel par peur d’émettre des signaux de faiblesse et d’être mis à l’écart. Aujourd’hui, les « bons sentiments » ont envahi le monde professionnel. Nombreux sont les gourous de la positive attitude à s’exprimer sur LinkedIn en partageant des anecdotes  ou citations valorisantes, parfois sorties de leur contexte. Dans les entreprises les afterworks hebdomadaires, les chief happiness officers et autres affichages à la machine à café témoignent de cette tendance de fond.

Pourtant ces injonctions peuvent être vécues comme des contraintes et avoir un impact négatif sur les salariés. Elles peuvent, en effet, être interprétées comme un diktat selon lequel il n’y a pas de réussite ou d’épanouissement sans accomplissement professionnel. Pour Julia de Funès, philosophe et autrice, « il n’y a jamais eu autant de bonnes intentions engagées pour le bien-être des salariés, mais, en même temps, les maladies socio-professionnelles n’ont jamais été aussi importantes ». Face à certaines obsessions de la quête du bonheur dans l’entreprise, un salarié qui ne s’y sent pas bien peut culpabiliser, avoir le sentiment de ne pas être à sa place voire de mal faire. Cette pression sociale s’exerçant dans son cercle professionnel comme sur les réseaux sociaux peut, au contraire, contribuer à alimenter… son mal-être ! En effet, si le collaborateur ne se retrouve pas dans cette vision, il risque de se comparer aux autres, générant de la frustration.

 

Comment trouver le bon équilibre ?

Devenue un véritable levier de communication, la feel-good attitude peut même virer à l’happy washing lorsqu’il y a inadéquation entre ce sur quoi l’entreprise communique et la réalité. Dans ce contexte comment viser un « mieux-être » au travail ? Comment réussir, au final, votre démarche de QVT ?

  • Certaines entreprises ont tendance à en faire trop avec, in fine, le seul objectif d’augmenter la performance. Il ne suffit pas d’affirmer une démarche tournée vers le bien-être ‘image’, il faut la traduire dans les faits en s’assurant de l’adhésion des salariés, et notamment des managers. Aucune action de QVT ne peut être efficace dans un environnement de travail ne permettant pas de répondre aux enjeux de soutien pour bien faire son travail et pour se réaliser au travail, avec plus d’autonomie, de considération, de reconnaissance et de flexibilité pour mieux concilier vie privée et vie professionnelle. Par ailleurs, le recrutement joue un rôle important pour créer cette ambiance de travail. Évaluer les soft skills des candidats en amont assure leur compatibilité avec votre positionnement et votre culture d’entreprise.
  • Challenger en permanence sa QVT, en s’interrogeant notamment sur les conditions de travail et la communication interne. Plutôt que de chercher à rendre vos collaborateurs heureux, posez-vous la question suivante : « de quoi mes collaborateurs ont-ils besoin pour faire leur travail correctement, dans des conditions saines et favorables à leur épanouissement ?». Pour cela, mettez à contribution vos équipes pour définir ensemble les leviers de leur bien-être au quotidien. Quelle organisation du travail ? Quelles conditions de travail ? Quelles relations de travail par l’information partagée et l’authenticité. Est-ce le recours à plus de télétravail ? Le réaménagement des espaces ? Des horaires ? Instaurer une culture du dialogue et du feed-back est essentiel.
  • Enfin, pourquoi ne pas déléguer cette mission au bon interlocuteur ? Le responsable QVT n’est ni un communicant ni chief happiness manager mais un allié neutre ayant à la fois des compétences juridiques, RH, relations sociales et de psychologie du travail, ainsi que des connaissances des différents acteurs et bonnes pratiques en entreprise. Il peut aider à la coordination des projets impactant l’organisation du travail, il peut être une aide à la réflexion en amont de transformations auprès des différentes parties prenantes de l’entreprise.

Finalement, en matière de QVT et de bien-être des collaborateurs, il n’existe pas de recettes toutes faites. Il faut innover, tester et tâtonner pour trouver des solutions qui répondent aux enjeux du moment, pour les organisations comme pour les individus.

Etre en principe d’amélioration continue et agir au plus haut niveau de l’entreprise pour diffuser l’esprit et les décisions permettant une performance assumée dans la sérénité.

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