L’actu
Début octobre, Euronext et l’institut RSE publient le classement des 10 entreprises du CAC40 les plus engagées dans la RSE, responsabilité sociétale des entreprises. Ce classement montre que la RSE n’est pas qu’un outil de communication mais un élément pris en main par l’entreprise, et utilisé comme un élément de différenciation économique, financière et organisationnelle et un levier pour l’innovation. A la tête de ce classement, Airbus se démarque en jouant la carte de l’ « entreprise étendue » , notamment par la mise en place d’évaluations inversées invitant les PME et fournisseurs à évaluer sa performance en tant que donneur d’ordre.
Les enjeux
Buzzword ou vrai enjeu pour les entreprises, les RH sont invitées à s’engager dans la RSE, thématique « numéro un » de l’ANDRH (Association nationale des DRH) en 2014. Pour l’association représentative de la profession, la RSE, qui évolue au fil des normes, est bien plus qu’un outil de branding parfois assimilé aux seuls enjeux environnementaux ou au social washing.
Pour l’entreprise, le leadership des RH en matière de RSE offre l’opportunité de travailler sur la culture d’entreprise et la marque employeur en ayant une gestion plus personnalisée des talents et en œuvrant au bien-être des collaborateurs. Pour l’entreprise, la fonction RH doit devenir un des principaux relais de la RSE : longtemps mis de côté, les DRH ont pourtant un rôle déterminant à jouer dans la diffusion de la culture RSE en direction du management, des salariés et des instances représentatives.
Avec la crise, la RSE ne s’est pas trouvée reléguée en arrière-plan, au contraire, elle est devenue un levier de performance économique et elle permet de répondre aux attentes des clients. Outil d’évaluation, elle permet aux entreprises une meilleure compréhension de leur marché et de toutes les parties prenantes, une connaissance de leur position dans ce marché ainsi qu’une évaluation des pratiques managériales.
La RSE devient-elle un outil de réflexion et d’ouverture pour l’entreprise sur son marché, ses parties prenantes et ses salariés ?
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En un tweet
Quand l’entreprise est libérée, ça avance forcément plus vite 😉 ! @AlexandreGE #management pic.twitter.com/QVI2R6lpmG via @InovOn #entreprise — Alain BERTRANDE (@KEYROS) April 8, 2014
Les données
- 60% des entreprises considèrent que la RSE est un investissement dans lequel le dirigeant est fortement impliqué (Afnor, «Entreprises Performantes et responsables, c’est possible ! »);
- 12% seulement des responsables RSE/DD seraient actuellement rattachés aux ressources humaines (BDO/Malakoff Médéric 2014)
- Aux Etats-Unis, 13% des professionnels RH sont responsables de l’élaboration de la stratégie RSE et 26% de sa mise en place ;
- Seulement 18% des entreprises du CAC40 déclaraient indexer une partie de la rémunération de leurs dirigeants sur des critères RSE.
Les défis et bonnes pratiques
Le top management, en partenariat avec le DRH, doit porter une vision claire, partagée et soutenue par les salariés. Une feuille de route, par exemple, aide à structurer la stratégie de l’entreprise et favorise l’implication des salariés. Certaines bonnes pratiques, comme celles mises en avant par le forum des associations, montrent qu’il est possible de mettre les RH au coeur de la démarche RSE :
- Mettre en place un baromètre social pour une parfaite adéquation entre le plan de formation et la stratégie globale de l’entreprise. Comme le confirme Pierre-Marie Argouarc’h, DRH de la Française des jeux, « la mise en place d’un baromètre sur une période d’un an et demi, nous a permis de mesurer une hausse de 15 points du taux de satisfaction sur nos outils RH » ;
- Investir pour améliorer le climat social. Chez France Telecom Orange, un budget de 900 millions d’euros a été débloqué pour apaiser le climat social. Au programme : embauche de 200 RH de proximité et de directeurs locaux pour 43 sites choisis, amélioration des locaux, financement de mi-temps de fin de carrière aux conditions avantageuses pour les seniors en souffrance ;
- Se fixer des objectifs collectifs avec des échéances précises. Expanscience s’est par exemple fixé l’objectif de réduire l’impact environnemental de ces produits. Résultat : tous les cosmétiques seront éco-conçus en 2015. Pour cela, l’entreprise a accompagné ses fournisseurs dans cette démarche et a embarqué les salariés dans la poursuite de cet objectif;
- Se référer à des normes sans perdre sa spécificité. Convergence des normes ne veut pas dire standardisation de la RSE : l’étude de l’Afnor révèle que les modes d’emploi sont très divers, collant de près non seulement à la stratégie de l’entreprise mais aussi à sa culture.
- Le MEDEF et l’ORSE (L’Observatoire de la Responsabilité Sociétale des Entreprises) recommandent l’implication des fédérations professionnelles pour accompagner et aider leurs entreprises, notamment à travers des référentiels sectoriels répondant à leurs enjeux spécifiques. Le but: harmoniser les pratiques et apprendre des acteurs du secteur.
Mais au-delà de ces bonnes pratiques, le défi principal pour les RH est de « recréer le pacte de confiance entre l’entreprise et les salariés dans le contexte d’une révolution technologique sans précédent et l’arrivée sur le marché d’une génération pour qui l’état de crise constitue la normalité », insiste Didier Pithelet, consultant et créateur du concept de la marque employeur dans les années 1990.