« En France, on a des idées, mais on ne sait pas les traduire en chiffre d’affaires et en emploi », avance le journaliste Jean-Claude Lewandowski sur son blog. Et pourtant, l’histoire de Mohammed Errbel et Romain Sylvain raconte l’inverse de ce fatalisme.
Cette histoire, celle de la création de la « meilleure startup au monde » selon la prestigieuse université californienne de Stanford, c’est presque le film (à l’eau de rose) de notre époque. Esprit d’entreprise, innovation créatrice de valeur économique, auto-formation par les « MOOC » et suppression des barrières grâce aux technologies et aux réseaux sociaux en sont les piliers.
Ces deux étudiants de moins de 25 ans, l’un à HEC, l’autre à Epitech (école informatique connue pour son enseignement « iconoclaste », entre suppression des cours magistraux et large place accordée à la pratique ou au coaching) ont créé Goopil, un testeur d’applications (API). Et c’est notamment par ce tweet, partagé avec « patriotisme économique » par la ministre chargée des PME, de l’innovation et de l’économie numérique, que le succès de nos jeunes étudiants lors du « Startup engineering challenge » se Stanford s’est dessiné :
@fleurpellerin help pour 2 jeunes français 3ème mondial au Stanford #startup challenge ? http://t.co/vxgRnjYRKv #EcoleEntrepreneuriat RT plz
— Errbel (@errbel) September 3, 2013
Mais au-delà de la viralité de leur communication, c’est avant tout l’inscription à un MOOC qui leur a ouvert la voie « royale » vers le lancement d’une start-up à succès. Disponible sur la plateforme américaine Coursera, ce cours (« Startup engineering ») ne nécessitait qu’une certaine maîtrise de l’anglais, et des rudiments dans des langages de programmation informatique classiques (C++, HTML, CSS et Javascript). La récompense à ce concours, lancé dans le cadre du MOOC, donne une visibilité maximale aux deux Français : ils ont déjà planifié de créer une seconde start-up…
[encadre]Si les 143 000 participants du MOOC n’ont pas obtenu la même renommée, ils ont au moins appris les bases d’ingénierie pour construire, de rien, une start-up numérique. « Quelle est la chose la plus cool que je vais apprendre si je m’inscris ? », pouvait-on trouver dans la FAQ (foire aux questions) du MOOC. Réponse, ambitieuse, mais vérifiée : « Vous apprendrez comment transformer la connaissance en pouvoir ».
Rendues accessibles, la connaissance et les compétences libèrent les potentiels jusqu’à permettre directement à quiconque de créer « son » emploi. Avec le lancement, fin septembre, de « France Université Numérique », plateforme française de MOOC, la vague ne fait-elle que commencer ?
A lire :
- Emploi et croissance : l’avenir appartient à ceux qui start-up
- Le bruit des arbres qui poussent : demain, tous des élites grâce aux MOOC ?
- E-learning by Harvard et le MIT : edX, l’excellence pour tous ?
- Interview avec Christian Vulliez, auteur de Les jeunes et l’emploi. L’obligation de reconstruire. Extrait :
« Créer son emploi lorsque l’on ne peut pas en trouver, comme on l’entend souvent, c’est une perspective souhaitable ?
Créer son emploi, quand on peut le faire, est toujours une démarche positive et valorisante, tant au plan individuel que collectif. […] Le comportement des français à l’égard de la TPE ou du « MOI – SA » (je suis moi-même ma société anonyme) se développe naturellement, surtout s’il est encouragé. Attention donc à ne pas ralentir ou briser cet élan nouveau. Le jour où notre pays aura un actif national d’un million d’entreprises de plus qu’aujourd’hui, une partie de la question lancinante du chômage, et particulièrement de celui des jeunes, aura trouvé des solutions durables. »