:
Newsletter
HReview
Découvrez nos articles.
Retour à la liste
Partager sur :

Des champions du monde de l’insertion des jeunes

Le blog « La Machine à trier » a publié un reportage à la mission locale de Corbeil-Essonnes, l’occasion d’une rencontre avec son directeur : « Des champions du monde de l’insertion des jeunes » . Le voici dans son intégralité.

————————————————————————————————————————————————–

« Trouver un boulot grâce à une mission locale ? C’est Mission Impossible ! Comment des gens qui n’ont jamais cherché un travail peuvent nous aider à en trouver un ?! » L’avis des jeunes du programme Double Ascension de l’ESCP est tranché : les missions locales, c’est du bidon.

Halles de Corbeil-EssonnesCatherine Belotti n’est pas de cet avis. Pour elle, les missions locales constituent un maillon éminemment efficace dans l’accompagnement des jeunes vers l’emploi. Elle me recommande donc un certain Djamal Cherad. A Corbeil-Essonnes, lui  et ses équipes accompliraient un travail remarquable. Il serait un excellent manager, motivant, qui saurait développer les compétences – de ses équipes comme des jeunes qu’il accompagne – et qui aurait développé un réseau d’entreprises considérable.


Direction Corbeil-Essonnes, donc. Corbeil-Essonnes, les terres de l’énergique maire et sénateur Serge Dassault. Une banlieue mignonne avec de charmantes maisons, mais aussi la ville de la fameuse cité des Tarterêts.

 

« Pour s’occuper des gens abîmés, il faut des champions du monde ! »

Les personnels des missions locales n’ont jamais cherché un emploi ? Titulaire d’un master en management, Djamal Cherad a mis un an et demi à trouver un travail alors qu’il était major de sa promo et que tous ses camarades se faisaient « chasser » avant même la fin de leurs études…
Il en a donc envoyé, des candidatures. Il en a passé, des entretiens, avant de « trouver sa vocation » un peu par hasard, en animant des ateliers de recherche d’emploi pour se rendre utile pendant cette période difficile. La recherche d’emploi, il en connaît donc un rayon. Et dans ses équipes, nombreux sont ceux venus de cabinets de recrutement ou de l’intérim. Bref, tout sauf des fonctionnaires poussiéreux ou des doux rêveurs avançant à deux à l’heure :

« Si on me dit « je veux faire ce travail parce que j’aime les jeunes » lors d’un entretien de recrutement, je renvoie les candidats vers le bénévolat! La première chose que je dis en entretien, c’est qu’il vaut mieux aller travailler ailleurs si l’on compte ses heures. Pour s’occuper des gens abîmés, il faut des champions du monde ! ».

Informer-Orienter-Declicemploi

Chercher du travail c’est un travail

Djamal va plus loin :

« Nous ne sommes pas un guichet distributeur de dispositifs d’insertion ! Notre métier, c’est l’ingénierie de projets à fort impact sur les territoires. Je veux donc des vrais pros, des gens capables de s’adapter et de faire preuve d’empathie, qui ont la culture du service rendu à un client et capables de bien travailler en mode projet. »

Djamal est fier du chemin parcouru : à la tête d’une « simple » mission locale au départ, sa structure a aujourd’hui la charge du dernier plan local pour l’insertion et l’emploi d’Ile-de-France : en 2004, suite à la réussite de l’expérimentation de l’adaptation des méthodologies de sa mission locale aux adultes (70% ont été placés avec succès cette année-là !), la « mission locale » est devenue la mission intercommunale vers l’emploi, s’adressant désormais aux populations de tous âges.

Un métier d’avenir. Hélas…

PaperasseDjamal est fier mais inquiet :

«Malheureusement, nous avons un métier d’avenir. Aujourd’hui, nous avons une convention collective, nous sommes presque une multinationale !  Et notre activité est, hélas, vouée à croître. Or, nous avons de moins en moins de temps pour l’exercer : nos conseillers sont dans la machine à justifier ! Désormais, ils passent la moitié de leur temps à faire de la gestion pure ».

Mais il n’abandonnera pas car il a « ça » dans les tripes :

« Nous exerçons un métier qui, à lui seul, donne un sens à une vie quand il est bien fait. La semaine dernière, une personne qui a mis 15 ans à décrocher un CDI est venue nous offrir à tous une boîte de chocolat pour nous remercier : il était devenu comme tout le monde. Quoi de plus beau que voir des gens grandir ? ».

Cette méthodologie, c’est de ne pas se cantonner à l’accompagnement. De travailler, dans un premier temps, à cerner les besoins réels des jeunes suivis, en lien avec ceux des entreprises, plutôt que se contenter de leur « trouver un taf ».

La plupart du temps, avant de pouvoir décrocher un emploi, ces jeunes doivent apprendre la base : les codes, les règles de socialisation, le savoir-être.

 

Une fois ces codes appris, ces jeunes pourront déployer les ressources considérables issues de leurs parcours heurtés.

 

Finalement, Djamal Cherad se voit comme un médecin guérissant les maux de la citoyenneté : en apprenant aux jeunes « les codes » sans lesquels les portes des entreprises resteront fermées, on leur donne les armes pour croire en eux. L’emploi ne serait donc qu’un moyen au service d’une fin : l’intégration active  dans la société.

 

Charles André, L’Atelier de l’Emploi

Crédits images :

 

Partager sur :

Autres articles pouvant vous intéresser