Après 56 jours de confinement, certains reprennent le chemin du travail ou continuent le télétravail tandis que d’autres se retrouvent sans emploi. Une crise sanitaire qui se transforme en crise économique, entrainant des aménagements législatifs, organisationnels, et même spatiaux. Des changements qui pourraient s’ancrer sur le long terme et redessiner profondément le monde du travail.
Un changement dans la structuration des modes de travail
En tout premier point, impossible de ne pas mentionner le télétravail. Rappelons que ce dernier qui ne concernait que 29% des Français en 2019, a atteint environ 8 millions d’actifs du secteur privé durant le confinement selon le ministère du travail. Il s’est donc imposé en urgence, entraînant dans son sillon de nombreux réajustements et réflexions sur les modes de collaboration. Cette période a permis de tester un management plus horizontal et plus collaboratif permettant à certains profils de se révéler. D’ailleurs, une étude Malakoff Humanis montre que 38% des personnes interrogées pensent que cette situation a un impact positif sur leur autonomie, leur responsabilisation, la gestion de leur temps et leur concentration.
Mais si le télétravail est un sujet d’organisation individuelle, c’est également une problématique majeure pour la culture d’entreprise. Alors qu’un tiers des employeurs n’y était pas favorable avant la crise, 90 % y a eu recours montrant ainsi que ce qui semblait trop compliqué pour certains secteurs était en réalité une opportunité pour l’avenir.
Parallèlement, le télétravail a poussé à repenser les modes de fonctionnement quotidien, révélant ainsi des freins à la productivité tels que le présentéisme contemplatif. Ce dernier pouvant représenter jusqu’à 1 jour ou plus non productif par semaine. A l’origine du problème se trouve souvent des souffrances contextuelles engendrant des risques psychosociaux que l’éloignement physique via le télétravail permet de mieux vivre. Dès lors, la question des semaines de 4 jours ayant fait ses preuves en Suède ou des semaines 32 heures ressurgissent pour envisager un nouveau modèle français.
Un changement de nos modes de pensées
Mais si certains ont eu l’opportunité de pouvoir travailler et évoluer durant la crise, d’autres l’ont vécu bien différemment. Selon une analyse réalisée pour la CFDT, 80 % des salariés interrogés pensent que le confinement va avoir des incidences négatives sur leur entreprise, entraînant des bouleversements profonds.
Le ralentissement de l’activité économique et par moment, du rythme de nos journées, nous auront aussi permis de prendre du temps et du recul pour réfléchir à nos missions, notre place dans l’entreprise ou au sens de nos métiers. Que ce soit suite à une profonde introspection ou pour tenter de faire face aux conséquences économiques de la crise sur l’emploi, chacun tente de trouver des solutions. D’ailleurs, une étude menée par Yougov et publiée par Monster, montre qu’un quart des personnes interrogées a la volonté de « faire quelque chose pour changer son quotidien » comme rechercher de nouvelles responsabilités, concrétiser des projets extra-professionnels ou même se reconvertir. Par ailleurs, l’étude révèle que 55% des Français se questionnent sur le sens même de leur travail. La perte de repères induite par le confinement associée au constat de l’importance sociale de certains secteurs – tels que le secteur médical – a en effet engendré chez certains un sentiment d’inutilité au sein de la société.
Alors, y aura-t-il un avant et un après ? Il est encore trop tôt pour le dire. Cependant, l’Histoire donne des indices. En effet, la crise financière de 2008 avait également engendré des remises en question. Elle a montré la force de résilience de l’humain. Reste à espérer que cette crise-ci sera une opportunité pour repenser le fonctionnement de notre société et ne plus revenir à des modèles qui ont montré leurs limites. Une chose est sure, comme le préconise de nombreux chercheurs, il est aujourd’hui indispensable d’instaurer des mesures de protections sociales à destination des travailleurs les plus fragiles.
Encadré : Panorama des derniers aménagements du code du travail
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