Comment trouver les talents qui permettront à votre entreprise de se saisir de la révolution digitale en cours et de faire face à la concurrence ? La solution ne se trouve pas forcément dans un recrutement externe « classique » : les organisations doivent apprendre à construire et développer elles-mêmes les compétences dont elles ont besoin, grâce à des dispositifs innovants combinant formation interne et recrutement.
Le contexte du recrutement en France est doublement marqué par une pénurie de talents et par une réforme importante de la formation professionnelle. Et si c’était une opportunité pour repenser l’acquisition et le développement des compétences ? Dans le cadre de la 37e édition des Congrès HR, ManpowerGroup, partenaire de l’événement, a présenté de nouvelles stratégies qui émergent au sein des entreprises.
D’après l’enquête « Skills Revolution 4.0 – Humans wanted », menée par ManpowerGroup auprès de 19 000 employeurs dans 44 pays, d’ici 2 ans, 90% des entreprises vont se tourner vers la formation interne comme principal levier pour trouver les compétences qu’elles ne parviennent pas à recruter. Cela bouleverse nécessairement le recrutement, tant en ce qui concerne le type de compétences attendues que la manière de recruter. Explications avec Emmanuelle Blanchard, Responsable Développement RH et Formation chez Proservia (ManpowerGroup), et Sébastien Mallet, Directeur du Développement chez FuturSkill (ManpowerGroup).
Et si vous faisiez prospérer votre capital interne ?
Proservia recherche 1 200 talents pour la seule année 2019 ! Spécialisée dans les infrastructures digitales et le support aux utilisateurs en entreprise, Proservia opère sur des métiers pénuriques, dans des bassins d’emploi tendus et face à des concurrents nombreux. Dans le sillage de la réforme de la formation professionnelle et alors qu’un questionnaire avait révélé que les collaborateurs ressentaient une difficulté à se projeter dans un contexte de transformation profonde des métiers, « nous avons établi une cartographie des compétences, ce qui nous a mené à repenser la formation », explique Emmanuelle Blanchard.
Une académie d’entreprise est créée, organisée en cursus métiers et animée par des formateurs recrutés en interne. Une véritable stratégie de knowledge management est également mise en œuvre afin de capitaliser sur le savoir présent dans l’entreprise. Un digital learning designer travaille sur l’expérience apprenant, ce qui permet de recueillir les besoins auprès des différentes agences et de mettre sur pied des cours du soir ainsi que des capsules courtes de e-learning. « Nous proposons aussi des formations certifiantes et diplômantes, en partenariat avec des universités et IUT engagés dans une approche plus agile. La possibilité d’obtenir un diplôme d’ingénieur a par exemple été un levier important pour convaincre nos collaborateurs de se former en dehors du temps de travail », détaille Emmanuelle Blanchard.
Une fois que l’entreprise se donne les moyens de faire grandir ses collaborateurs vers les métiers du futur, elle recrute différemment – car elle modifie l’équilibre entre les compétences et le potentiel du candidat. La formation étant en grande partie assurée en interne, le vivier de talents que l’on cible peut enfin s’agrandir, et même considérablement. Ce qui amène à repenser entièrement le sourcing…
Préférer le savoir-être aux savoir-faire
« Aujourd’hui, l’intelligence artificielle et les algorithmes permettent d’aller capter les candidats passifs, c’est le nerf de la guerre », affirme Sébastien Mallet, qui recrute chaque année 15 000 personnes pour ses clients. Le digital permet de multiplier les canaux, puis d’effectuer un filtrage précis des candidats : pour rappel, il faut toucher environ 10 000 personnes pour en recruter 200. Un exercice impossible sans une automatisation des processus telle que des bannières automatiques sur les sites et applications que fréquentent a priori les profils ciblés (Facebook, Deezer, Spotify, etc.), et qui les orientent vers un questionnaire de pré-qualification.