« Comment savoir si le métier qu’on a envie de choisir à 15 ou 20 ans vous assure une carrière sans heurt ou est potentiellement à risque? S’il permettra de vivre aisément ou en ayant du mal à joindre les deux bouts ? S’il n’y a pas de certitudes, les études sont nombreuses sur les évolutions passées et l’exercice de prospective a été fait. Disons le tout de suite : il est extrêmement hasardeux d’anticiper sur une carrière de 40 ans ou plus. »
Le blog de Verel fait le point sur les études prospectives pouvant aider à bien effectuer ses choix de carrière en posant la question suivante : « quels sont les métiers dont les effectifs vont croître à 5, 10 ou 20 ans et ceux qui vont, au contraire, décroître ? ».
Même à ce terme plus court, « cet exercice est évidemment difficile. » Néanmoins, Verel identifie un critère décisif : le diplôme. Son analyse est éclairante.
« La question du diplôme est majeure, comme le montre le n° 1313 d’INSEE Première, paru en octobre 2010, qui donne les taux de chômage et la rémunération pour les débutants selon le diplôme obtenu en fin de formation initiale. Et quand on dit diplôme, on dit à la fois le niveau (CAP, bac, DUT, Master etc.) et la filière choisie. »
Verel explique pourquoi le niveau de diplôme constitue un élément d’explication fondamental :
« La très récente étude de la DARES sur 25 ans d’évolution des métiers montre de manière saisissante dans son tableau 6 les raisons de la fin de l’ascenseur social : alors qu’il y a 25 ans, il y avait encore un déséquilibre entre catégorie d’emploi et niveau de formation, ce déséquilibre a disparu. […] Dit autrement, s’il n’y avait pas assez de diplômés supérieurs pour occuper tous les postes de cadres il y a 25 ans, ce n’est plus le cas aujourd’hui. […]
Hier près de la moitié des sans diplômes accédaient à un emploi qualifié, ce n’est plus nécessairement aujourd’hui. Pire, comme une partie des emplois non qualifiés sont détenus par des salariés ayant une qualification, de nombreux jeunes sans qualification sont tout simplement au chômage. […]
Ce qui a aussi changé bien entendu, c’est l’accès à la formation initiale. […] Aujourd’hui, les sans diplômes […] n’ont guère les moyens d’accéder à des métiers qualifiés (sauf encore dans des secteurs comme le bâtiment) et ne peuvent donc prétendre qu’à des emplois non qualifiés, alors qu’on estime que le nombre de ces emplois non qualifiés baisse de 4% par an… »
Au sujet des filières, Verel explique que les métiers de service vont prochainement augmenter :
« Le rapport Seibel comme celui sur les métiers à l’horizon 2015 estimaient que les métiers d’aide à la personne ne pouvaient qu’augmenter à long terme, en raison de l’arrivée à l’âge senior de la génération du papy-boom. Rappelons que ceux qui sont nés à partir de 1945 ont au plus aujourd’hui 66 ans : ils commencent tout juste pour les plus usés ou fragiles d’entre eux à accéder à des maisons de retraite et ne commenceront à les encombrer que dans une bonne dizaine d’années. Par contre, il est évident qu’entre 2020 et 2040, il y aura une forte augmentation de l’emploi dans ce type d’établissement. »
Le blogueur précise l’importance d’une donnée parfois négligée, difficile à anticiper : le nombre de personnes qui s’engagent dans une filière :
« N’oublions pas cependant que la situation dans un secteur dépend des besoins d’une part, du nombre de ceux qui s’y orientent d’autre part. Une formation peut manquer de débouchés parce que le secteur est en crise, comme cela a été le cas dans le bâtiment entre 1992 et 1998 […]. Mais il peut aussi y avoir une difficulté liée à un excès de candidats. On l’a vu pour les médecins à partir du milieu des années 70 : le nombre d’emplois augmentait, mais beaucoup moins vite que le nombre de personnes formées. C’est aujourd’hui le cas dans des métiers à la mode chez les jeunes, comme ceux de l’environnement (du moins les plus qualifiés), de l’assistance aux pays en développement, de la culture ou des métiers artistiques. »
Verel conclut en rappelant un élément fondamental du nouveau monde du travail :
« Beaucoup seront amenés à changer de métier durant leur carrière : [outre] leur formation initiale, la manière dont ils continuent à développer leurs compétences ensuite favorisent-ils ces changements ? »
Les documents de référence du billet de Verel :