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Et si les DRH portaient plus les projets numériques de l’entreprise ?

Si l’usage de l’espace Intranet étendu dessine effectivement les contours d’un « bureau virtuel » et les espaces collaboratifs prennent « toute leur dimension », le réseau social d‘entreprise est « loin d’avoir encore conquis » les grandes entreprises françaises. Telles sont les conclusions, encourageantes mais témoignant d’une certaine stabilisation de ces usages, de l’Observatoire de l’intranet et de la stratégie numérique, qui vient de rendre publics les résultats de son enquête 2014. Pour sa 15e édition, à laquelle 21 entreprises du CAC 40 ont pris part, l’Observatoire a recueilli les réponses de près de 500 personnes.

La DirCom plus souvent à l’origine des projets numériques que la DSI

On y apprend par ailleurs que la Direction de la Communication est la plus souvent à l’origine des projets numériques des entreprises. Elle se détache de la Direction des Systèmes d’Information, avec qui elle était au coude à coude l’année précédente. La Direction des Ressources Humaines, elle, n’arrive qu’en 5e position.

Ce classement pourrait bien évoluer dans les années à venir… au profit de la DRH. Une récente étude avançait ainsi que la DRH est la direction qui anticipe le plus la transformation numérique de l’entreprise. Selon l’étude, la fonction RH est « probablement celle qui va le plus évoluer ces prochaines années« , pour devenir à terme « le » partenaire stratégique de la direction et un « acteur clé de la transformation numérique de l’entreprise« .

> Lire Chief Data Officer, Data Protection Officer : pour les recruteurs, ce sont les métiers… d’aujourd’hui

DRH/DSI : un partenariat « gagnant-gagnant »… et la fusion?

Jusqu’à constituer un nouveau « front DRH/DSI » ? Pour Jean-Denis Garo (Aastra), le numérique – et les bouleversements qu’il entraîne au sein de l’entreprise – en appelle à « une redéfinition des rôles entre ses trois directions », DRH, DSI, et DirCom. Dans la même ligne que l’étude, le consultant observe la communication prendre le « lead » avec l’arrivée de la vague 2.0 dans l’entreprise, quand la DSI effectue un certain retour aux métiers et la DRH glisse vers « une compétence stratégique en matière de communication RH ». La coopération et le décloisonnement qu’invitent à mettre en place les projets numériques fait en reálité gagner en champs de compétences toutes les directions. Et selon Jean-Denis Garo :

« Si les sujets de frictions [entre les Directions] sont nombreux, ils sont aussi la source de collaborations, coopérations nouvelles où chaque Direction peut faire grandir ses compétences, pour le bien et des salariés et de l’Entreprise« .

Si l’enjeu « marketing RH » fait naturellement revivre la « vielle histoire » DRH/DirCom, c’est surtout la « fusion » DRH/DSI qui serait désormais envisagée, notamment via la figure du responsable SIRH (Système d’information de gestion des ressources humaines), dont la fonction se structure.

La DRH, loin d’être envisagée, comme il y a encore quelques années, comme le « parent pauvre de la DSI », est en pleine maturation, avec notamment une foule de sujets sur lesquelles elle a l’occasion de se positionner : l’entreprise collaborative et le knowledge management (via, notamment, les RSE), l’entreprise « dans le nuage » (SaaS), les nouvelles pratiques de formation ou encore la mobilité. Pour Jean-Denis Garo :

« La mobilité, au travers de ses outils – télétravail, BYOD-CYOD (Bring /Choose Your Own Device), vidéo communications, médias sociaux – touche aussi profondément à l’organisation du temps de travail et à ses conditions. Ce sujet est aussi au cœur de décisions partagées DSI-DRH« .

Mais entre la théorie et la pratique, il y a souvent un pas. Et pour l’heure, l’Observatoire conclut de son côté que « la stratégie numérique n’est pas abordée de manière unifiée« . Des efforts fortement recommandés donc mais, surtout, à portée de main.

> Lire aussi Pour transformer l’entreprise, transformer le DRH

Les RSE progressent… (trop ?) doucement

Tendances-intranet
(Observatoire de l’Intranet et de la stratégie numérique – Arctus)

Autre enseignement de cette étude : les fonctionnalités sociales ou les réseaux sociaux d’entreprises (RSE) déployés au sein des intranets progressent sûrement… mais doucement. « Les utilisateurs prennent la parole de plus en plus fréquemment via l’intranet », observe l’étude, avec des alertes e-mail par exemple en hausse de 16 %, et la publication de commentaires de 14 %.

Pour autant, moins de la moitié des entreprises proposent pour l’instant ce type de services à ses employés… « Depuis 3 ans, on note une forte progression de toutes les fonctions facilitant la production de contenus élémentaires », note l’étude. Qui ajoute toutefois : « En revanche, on remarque que les fonctions autour de la constitution du réseau (fiche profil enrichie, mise en relation, animation de son réseau) sont plutôt en stagnation ».

RSE et RH : ouvrir le champ des possibles

Et pourtant… Les réseaux sociaux d’entreprise sont une véritable opportunité pour les ressources humaines. En plus de mettre en place une manière innovante de fédérer et de communiquer en interne, les fonctionnalités sociales peuvent apporter des informations non-négligeables sur les atouts et compétences de chacun des collaborateurs de l’entreprise. Avec un défi de taille pour le DRH, note Demos : « assurer les connexions entre les communautés des différents services ». Au-delà des silos à déconstruire, d’autres passerelles sont elles à bâtir, entre RSE et réseaux sociaux « publics ».

À terme, les réseaux sociaux pourraient s’avérer essentiels dans la gestion des talents internes… mais aussi externes, comme l’avançait récemment une étude. C’est une part importante du rôle de la DRH sur ce sujet. Mais du point de vue de la stratégie, pourtant, les dispositifs intranet et Internet demeurent rarement mutualisés, note l’Observatoire, tant du point de vue de la technique que des ressources humaines, « comme si la problématique interne relevait d’une logique différente ».

Vers l’entreprise vraiment collaborative

Reste que, d’après l’Observatoire, l’entreprise collaborative, sociale et mobile semble bel et bien s’enraciner : l‘accès distant à l’intranet est possible chez trois quarts des entreprises interrogées. Les espaces collaboratifs se dénombrent chez 64% d’entre elles, même si le nombre de nouveaux projets est « en légère régression ». Un chiffre qui selon l’étude devrait bondir de 15 points l’an prochain.

Bientôt la « seconde vague de l’entreprise collaborative et sociale » ? D’après le consultant Bertrand Duperrin, le sentiment observable de stagnation correspond à un besoin de trouver un second souffle, pour dessiner des mutations non moins radicales, mais plus près des réalités que le premier temps euphorique :

  • Après la phase d’adoption, une phase de transformation « structurelle, managériale, culturelle » ;
  • Après l’ère de la communauté – finalement plutôt un mot-attrape-tout qu’une réalité -, l’identification de « business problems » et de « business activities » où la communauté est un moyen, non une fin.
  • Après les « conversations » reines, les interactions, conversations opérationnelles autour de process ou problématiques métiers.
  • Après les réseaux sociaux, l’authentique bureau virtuel, et les plateformes sociales, davantage intégrées.

Au-delà des vœux pieux, une entreprise vraiment collaborative, en somme ? RH, voici un nouveau train à ne pas rater…

Crédit image de « Une » (cc) : walknboston / flickr
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