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La semaine de l’emploi #5 – Réseaux sociaux et pacte pour la compétitivité, études d’impacts

Cette semaine, les échanges sur le web de l’emploi et des RH ont naturellement été rythmés par l’élection présidentielle américaine, qui marque l’installation des réseaux sociaux aux sommets de l’information et des débats du 21ème siècle. La publication du très attendu « rapport Gallois » et le « pacte Ayrault » qui s’en est suivi ont aussi été abondamment commentés, notamment quant aux effets sur l’emploi de la baisse du coût du travail ; ce débat a masqué d’autres éléments importants, comme la modernisation de la formation.

 

Barack et Michelle Obama

Décidément, les réseaux sociaux occupent chaque jour une place plus importante du débat public. C’est via un tweet de Barack Obama, et non par les agences de presse, que le monde entier a appris sa réélection. Cette soirée électorale a vu 31 millions de tweets envoyés, et la photo du Président réélu serrant sa femme dans les bras a fait le tour du monde grâce à Twitter. Ce message de Barack Obama a, rappelle Michaël Szadkowski, battu tous les records de l’histoire des réseaux sociaux, en étant relayé plus de 700 000 fois sur Twitter. Sur Facebook, plus de 3,3 millions de personnes ont levé le pouce pour elle. La démocratie mobile est en marche, comme le montre une infographie édifiante (voir en fin de billet).

Tweet X Biseul élection US - démocratie mobile

Cette fin de campagne électorale a été marquée par l’importance prise par l’échange de photos sur les réseaux sociaux, souligne le site américain Mashable « retweeté » par la journaliste Marjorie Paillon. Le détournement d’une photo de Mitt Romney, raillé pour avoir dépensé 800 millions de dollars pour préparer l’entretien d’embauche auquel il a échoué, en est aussi l’illustration.

Romney a échoué à son entretien d'embauche

La déception du perdant aurait-elle été moins grande s’il avait prêté attention aux prévisions de Drew Linzer, qui avait annoncé la victoire d’Obama grâce au « Big Data » ?

Tweet Alea Linzer

« Pacte pour la compétitivité » : 300 000 créations d’emplois ?

L’autre sujet de la semaine, c’était encore le rapport Gallois, et le « pacte Ayrault » qui reprend la majorité de ses propositions. Le « crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi », qui devrait réduire le coût du travail de 6% au niveau du SMIC et concerner jusqu’à à 2,5 SMIC – soit environ 85% des salariés – , a focalisé l’attention des commentateurs.

CICE tweet

D’après le Premier ministre et son ministre de l’Economie, 300 000 emplois devraient être créés grâce au CICE d’ici à 2017. La formule retenue devrait, relativement, moins bénéficier aux secteurs qui distribuent des salaires élevés – comme la banque et l’assurance – et, surtout, à l’industrie, où les bas salaires – qui bénéficient déjà d’allègements jusqu’à 1,6 SMIC – sont plus nombreux que dans les services. Interrogé par Les Echos, l’économiste Mathieu Plane salue ce ciblage, plus étroit que celui initialement proposé par Louis Gallois (qui voulait baisser les charges jusqu’à 3,5 SMIC) : « C’est en ciblant les bas salaires et les salaires moyens que l’impact à attendre en termes de créations d’emplois est le plus fort. »

Crédit impôt - 300000 emplois

Mais « la baisse des charges salariales n’est pas la panacée », nuance François Bourguignon, directeur de Paris School of Economics. L’expansion attendue de l’emploi s’effectuerait essentiellement sur les secteurs ouverts au commerce mondial, qui recourent à une main-d’œuvre dont le niveau de qualification est plus élevée que dans le reste de l’économie. Pour ceux-là, la création d’emploi réagissant relativement peu à une variation du coût du travail (faible « élasticité-prix »), « la hausse des salaires risque d’atténuer quelque peu cette expansion ».

Vers un compte individuel de formation « attaché à la personne et non au statut »

Si les débats se sont focalisés sur le coût du travail, les mesures annoncées par le Premier ministre sont loin de s’y cantonner, souligne Laura Fort dans La Tribune. Le « Pacte Ayrault » entend notamment « mettre au cœur du nouveau modèle français un haut niveau de formation ».  Pour les jeunes, le Premier ministre a annoncé vouloir atteindre l’objectif de 500 000 apprentis en 2017.

PourSeFormer - Tweet Formation-Ayrault

Plus largement, « un compte individuel de formation attaché à la personne et non au statut » devrait voir le jour.  Le droit individuel à la formation (DIF) et le congé individuel de formation (CIF) vont-ils disparaître dans leur forme actuelle ? Fusionner ?

Orientation pour tous - Ayrault-Gallois-Formation

Quoi qu’il en soit, cette évolution devrait aider à corriger, au moins partiellement,  certains défauts anciens du système français de formation – qui bénéficie trop peu à ceux qui en ont le plus besoin. Devant le Sénat, Louis Gallois a par exemple déploré que moins d’un demandeur d’emploi sur dix suive une formation.

Gallois - Sénat - Formation des demandeurs demploi

Mutualisation et partenariats au programme de la compétitivité. Et ensuite ?

D’autres orientations ont peu été relayées. Deux d’entre elles s’inscrivent dans le droit fil de l’état d’esprit partenarial que veut promouvoir le Gouvernement.

  • La mutualisation des efforts des grandes entreprises et un partenariat avec leurs PME sous-traitantes. « En France, nous avons la chance d’avoir davantage de grands groupes que dans d’autres pays. Mais ils ne travaillent pas suffisamment ensemble et avec leurs sous-traitants », a déclaré Jean-Marc Ayrault. La Conférence nationale de l’Industrie (CNI), transformée en Conseil national de l’Industrie, devra encourager les alliances entre les sociétés d’un même secteur via des « contrats de filière ». Vers un mariage de raison entre grandes entreprises et sous-traitants ?

  • Pacte pour la compétitivité - GalloisPour renforcer un dialogue social faible en France et faire mûrir les relations de travail en associant tous les acteurs de la vie économique au redressement, le Gouvernement, suivant les orientations de Louis Gallois, veut que les salariés soient mieux associés aux décisions stratégiques. Le Premier ministre propose d’introduire au moins deux représentants des salariés au sein des conseils d’administration ou de surveillance des grandes entreprises, et les entreprises qui le souhaiteront pourront également faire présider leur comité d’entreprise par un représentant des salariés. Par ailleurs, les salariés seront associés au suivi de l’utilisation faite par les entreprises du crédit d’impôt.

Le chantier de la compétitivité est lancé. Les négociations sur la réforme du marché du travail vont-elles aller plus loin et, en s’inspirant des choix allemands, tracer les contours d’une « flexisécurité à la française » ?

 

Les « twittos » de la semaine :

Infographie : « l’élection mobile »

Via Influencia

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