François Eyssette est aujourd’hui conseiller de dirigeants. Il a été Directeur des Ressources Humaines du groupe Bic pendant 15 ans après avoir exercé des fonctions similaires dans de grands groupes internationaux. Il est le co-auteur, avec Charles-Henri Besseyre des Horts, professeur associé à HEC, de Comment la DRH fait sa révolution (Collection La nouvelle société de l’emploi de la Fondation ManpowerGroup, Éditions Eyrolles).
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> Lire l’interview de Charles-Henri Besseyre des Horts : « La génération Y, une chance pour transformer la fonction RH«
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L’Atelier de l’emploi : Dans votre livre, vous rapportez cette phrase d’un DRH du CAC 40 : « les DRH ne sont pas dans le business et les gens du business ne sont pas attirés par la DRH ». Les choses sont-elles en train de changer ?
François Eyssette : Tout à fait. Plus de 100% des DRH ont changé ces quatre dernières années (taux de turn-over réel pour les DRH des entreprises du CAC 40 depuis 2008, ndlr). Et aujourd’hui, la moitié des DRH viennent directement du business, des directions générales opérationnelles… et l’autre moitié vient également du business.
Ces évolutions couronnent 50 ans de transformation radicale de la fonction RH…
La fonction DRH, comme d’autres fonctions d’ailleurs, se transforme. Dans les années 1970, c’était avant tout des chefs du personnel issus de l’armée qui géraient des usines de dizaines de milliers de personnes. Puis vint la période dite des relations humaines, axée sur la communication et sur la négociation sociale. C’est à cette époque que la France a façonné son expertise en termes de communication sociale. Les années 1980 voient l’arrivée des process à l’américaine, qu’on copie d’ouvrages tels que In Search of Excellence, et les années 1990 amènent le début de la guerre des talents, où l’on commence à voir que les talents sont difficiles à trouver.
À partir de 2000, la globalisation et l’internationalisation prédominent, avec la difficulté à travailler dans tous les pays en même temps, avec des organisations, des talents et des cultures différentes.
« La digitalisation de l’entreprise, ce n’est pas que chez les informaticiens »
La relation entre responsable RH et dirigeants tend à devenir de plus en plus « singulière », écrivez-vous. Dans quels pays cette proximité est-elle aujourd’hui le plus perceptible ?
C’est sans conteste aux États-Unis que l’on trouve le plus cette co-responsabilité, avec une tradition de business, de process, et de mesure de l’impact des actions que l’on mène. Et c’est vrai quel que soit le département : la DRH n’y déroge pas. Cette tradition, aux États-Unis, fait qu’on y voit, là aussi, des personnes du business dans la DRH, mais aussi des DRH qui vont dans le business. Mary Barra, qui vient d’être nommée présidente de General Motors, en était la DRH…
L’organisation de demain sera transparente, agile, fondée sur plus de confiance et de coopération. Ce triptyque très « 2.0 » insinuerait que la digitalisation des entreprises est un sujet plus RH qu’informatique…
La digitalisation est un fait complètement « RH » : ce qui bouleverse l’histoire, c’est que les gens arrivent de chez eux, avec leurs outils « 2.0 », dans l’entreprise. La digitalisation de l’entreprise se passe bien sûr chez les informaticiens, mais cela va bien sûr beaucoup plus lentement que dans les foyers… Au moment même où vous mettez un firewall dans votre entreprise, les salariés l’ont déjà contourné avec leur smartphone !
> L’interview en vidéo :
> La présentation du livre à la Chambre de commerce et d’industrie Paris – Île-de-France par les deux auteurs :