L’Unedic dresse un panorama des systèmes d’assurance chômage et de leur évolution dans 12 pays d’Europe : Allemagne, Belgique, Danemark, Espagne, France, Grande-Bretagne, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, Suisse. Il en ressort deux modèles européens :
- Le modèle beveridgien est « universel » : son financement repose sur les impôts et sa gestion relève de l’Etat. Il vise à accorder un revenu minimal à tout individu frappé par le chômage pour maintenir son intégration dans la collectivité nationale.
- Le modèle bismarckien est « assurantiel » : son financement est assuré par des cotisations (salariales et/ou patronales), et les partenaires sociaux sont largement associés à sa gestion comme à l’élaboration des dispositifs. Il s’agit ici de fournir un « revenu de remplacement » pendant les périodes de chômage.
Durée, montant et dégressivité de l’indemnisation : trois facteurs déterminants de l’incitation au retour à l’emploi
Le Figaro retient de l’étude que notre système d’assurance chômage est l’un des plus « généreux ». Le chômage est indemnisé dès 4 mois de travail dans notre pays, contre 12 mois chez la plupart de nos voisins européens. C’est aussi en France que la durée d’indemnisation est la plus longue : pour 24 mois d’affiliation, un chômeur peut toucher des allocations pendant deux ans. Cette durée est même portée à deux ans et demi pour les plus de 50 ans : sur ce point, il semble que la France (comme l’Allemagne, la Suisse, l’Italie ou le Portugal) n’a pas encore totalement rompu avec une l’idée d’une « date de péremption » de l’employabilité…
Le système le plus « généreux » se trouve aux Pays-Bas, qui vont jusqu’à 38 mois d’indemnisation du chômage. A l’opposé, d’autres pays sont très restrictifs, comme le Luxembourg, l’Irlande ou la Suisse (12 mois) ; en Grande-Bretagne, la durée maximale d’indemnisation est de 6 mois. Au-delà des contraintes budgétaires, quel est l’impact d’une plus ou moins grande rigueur des systèmes sur le retour à l’emploi ? L’étude ne se prononce pas mais les dépenses doivent aussi être jugées à cette aune ; car indemniser une période de chômage, c’est permettre à une personne qui a perdu son emploi d’avoir plus de temps pour en retrouver un correspondant à sa qualification – et/ou pour se former si besoin.
C’est en France que l’allocation mensuelle maximale est la plus élevée, et de loin ; elle peut dépasser 6000 euros contre à peine plus de 2000 en Allemagne ou de 1000 en Italie. Et contrairement à la Belgique ou au Portugal, cette allocation n’est pas dégressive – alors que cette dégressivité a prouvé son efficacité en termes de retour à l’emploi. Le Figaro souligne une particularité française, révélée par une étude du Centre d’analyse stratégique : dans sa logique « assurancielle », notre système d’assurance-chômage est l’un des moins redistributifs d’Europe, il protégerait bien mieux les chômeurs du « haut de l’échelle » que ceux du bas.
Le dilemme européen : protéger immédiatement les victimes ou garantir la pérennité de l’assurance-chômage ?
Il ressort de l’étude que les pays d’Europe ont été en quelques sortes tiraillés entre deux objectifs :
- Protéger les individus en assouplissant les conditions d’indemnisation, alors que le chômage explosait : Allemagne, Belgique, Luxembourg.
- Garantir la pérennité du système en restreignant les dépenses : Danemark, Espagne, Irlande, Suisse.
Le Portugal, lui, a fait les deux : assouplissement des conditions d’affiliation d’un côté, rigueur de l’autre (abaissement du plafond et de la durée d’indemnisation). Deux pays ont engagé des réformes significatives de leur système global de prestations : l’Italie a décidé, dans le cadre d’une vaste refonte du marché du travail, d’unifier son régime, en l’ouvrant notamment aux apprentis et aux artistes ; dans le même esprit, le « Welfare Reform Act 2012 » britannique vise à simplifier le système.
Face à l’explosion du chômage l’enjeu des réformes est de définir un point d’équilibre optimal entre durée d’indemnisation, plafond et dégressivité, dans un cadre budgétaire très contraint. S’il est trop tôt pour mesurer les effets de celles qui ont été engagées, une chose est sûre : c’est au prisme de leur efficience en termes de retour à l’emploi et de préservation du capital humain qu’elles devront être jugées.
>>> En savoir +
- Accéder à l’étude de l’Unedic ou la télécharger
- La réforme de l’assurance chômage au Canada
- Principales caractéristiques des systèmes français et Allemand, infographies par Le Figaro
- Principes et organisation du système français, infographies de l’Unédic