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Transformation numérique : chez UPS, c’est l’algorithme qui décide des itinéraires des livreurs

Aux Etats-Unis, les chauffeurs du géant UPS effectuent en moyenne 120 livraisons par jour. Pour les aider à choisir les meilleurs trajets, le transporteur a commencé à déployer On Road Integrated Optimization and Navigation (Orion), une plateforme d’analyse prédictive capable d’explorer toutes les combinaisons possibles et de déterminer quelles sont les plus avantageuses.

10 ans de développement et plusieurs centaines de millions de dollars d’investissement

C’est une équipe de 50 ingénieurs qui a planché sur les 1 000 pages d’algorithme d’Orion, rapporte le Wall Street Journal. Il faut dire que le défi est de taille : l’outil ne se contente pas de définir l’itinéraire qui permettra de relier différents points de livraison mais prend aussi en compte des critères plus spécifiques. Ainsi, si un client a l’habitude de recevoir ses colis très tôt le matin, Orion sait qu’il n’appréciera pas forcément de voir son livreur arriver en fin d’après-midi et programme donc sa livraison dans la matinée.

Selon le CEO d’UPS, David Abney, l’implémentation complète d’Orion, prévue pour 2017, devrait permettre à l’entreprise d’économiser de 300 à 400 millions de dollars par an. Si le directeur affirme que les gains permis par Orion aideront à compenser les coûts liés à la livraison de commandes e-commerce toujours plus nombreuses, il est beaucoup plus discret quand il s’agit d’évoquer le montant investi dans le projet. D’après un expert interrogé dans le Wall Street Journal, la facture s’éleverait à 200 ou 300 millions de dollars… Sans compter les nombreuses années d’investissement dans les technologies et infrastructures de communication indispensables au déploiement du projet.

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700 formateurs pour déployer Orion sur 55 000 routes américaines

Le déploiement d’un tel système, qui chamboule de fait le travail « traditionnel » des livreurs, nécessite bien entendu une formation. Et sur ce point, UPS ne lésine pas sur les moyens mis en œuvre : au total, ils sont 700 à sillonner les Etats-Unis pour former localement les équipes UPS à l’utilisation d’Orion. Signe, s’il en est, de l’importance stratégique du projet pour la firme.

Au total, six jours de formation sont nécessaires pour chaque livreur. Lors du premier jour, chauffeur et formateur se penchent sur des cartes et images satellites de la région pour en observer chaque détail et disséquer les différents itinéraires possibles. Les jours suivants sont consacrés à de la conduite sur le terrain et à l’examen des points qui perturbent ou déconcertent Orion.

Car au-delà de l’algorithme, aussi performant soit-il, le succès d’une telle opération passe avant tout par son adoption par les utilisateurs, le seul facteur clé qui permettra d’atteindre les objectifs budgétaires et de rentabiliser Orion.

> Lire aussi  : Les RH attendent des nouvelles technologies qu’elles améliorent l' »expérience salarié »

Sur les routes, des réactions mitigées

Sur le terrain, et malgré la formation délivrée, certains chauffeurs ne comprennent pas pourquoi la plateforme leur fait délivrer un colis le matin à un endroit pour les  faire revenir dans la même zone l’après-midi pour un second dépôt. Dans ces cas-là, Orion est le seul à pouvoir percevoir le gain de temps et d’argent.

Cité dans le Wall Street Journal, un chauffeur UPS utilisant Orion depuis 2014 déclare que certains des choix de la plateforme lui paraissent totalement incohérents. S’il évoque un de ses collègues qui, en zone rurale, gagne plus de 20 miles par jour grâce à Orion, il regrette les problèmes qui adviennent en zones urbaines. L’outil inciterait par exemple aux virages à gauche, que les livreurs sont supposés éviter pour des raisons de sécurité, ou proposerait une livraison dans un quartier tout en délaissant d’autres points de dépôt dans le même secteur.

Interrogée à ce sujet, une porte-parole d’UPS indique que le programme ne viole aucune règle de sécurité et précise que l’utilisation de la plateforme ne se substitue pas à une certaine réflexion de la part des chauffeurs…

Demain, le transport

Si plusieurs améliorations d’Orion sont en cours, ce n’est pas la seule initiative d’UPS dans la voie de l’automatisation. Chez le transporteur et ses concurrents, on commence déjà à entendre parler de véhicules autonomes ou de camions sans chauffeur. Certes, cette perspective est encore éloignée mais il est certain que les livreurs verront leur métier se transformer dans les années à venir.

Un changement qui nécessitera sans nul doute plus qu’une formation de six jours pour être accepté par les salariés mais à laquelle il est important de réfléchir dès à présent…

 

Crédit image : Ahmed Hashim & Jeremy Vandel / Flickr.com / licence BY-NC-ND 2.0
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