Hier soir, François Hollande a confirmé l’accélération de l’action du gouvernement sur l’emploi et annoncé vouloir « inverser la courbe du chômage » en un an. Si la « bataille » est déjà engagée avec les emplois d’avenir et les contrats de génération, « il faut faire encore davantage […] parce que les emplois, ce ne sont pas simplement des emplois aidés […], ça doit être des emplois créés par l’activité économique. »
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Cette vision, qui recherche des compromis « gagnant-gagnant », à mi-chemin entre l’urgence née de la crise et les besoins à plus long terme, entend allier soutien actif de l’Etat et responsabilisation des acteurs du marché du travail. Elle imprégnait les termes du coup d’envoi des négociations « historiques » sur la modernisation du marché du travail, donné vendredi par le ministre du Travail. Si la rapidité de ce lancement a surpris, les réactions n’ont pas tardé. Elles sont, dans l’ensemble, positives.
La flexisécurité, « un compromis social rendu impérieux par la gravité de la crise »
Dans son éditorial pour Les Echos, Jean-Francis Pécresse décrit le contexte : dans une crise profonde, ces négociations constituent un « impérieux compromis social » :
« Il est permis de voir plus que de l’habileté dans la feuille de route des négociations sur l’emploi adressée aux partenaires sociaux par Michel Sapin. Un agenda auquel François Hollande a donné hier soir une solennité particulière. En technicien expérimenté, le ministre du Travail a su faire preuve de doigté pour rendre possible l’ouverture prochaine de ces négociations devenues d’intérêt national. […]
En esquissant une voie moyenne entre réglementation et déréglementation, [la feuille de route] tente bien d’introduire plus de flexisécurité dans notre droit du travail, pas comme l’aboutissement d’une volonté politique, mais comme le résultat d’un compromis social rendu impérieux par la gravité de la crise. »
L’éditorialiste craint toutefois que « les négociations patronat-syndicats ne conduisent qu’à freiner l’essor des droits sociaux et des raideurs juridiques. »
« Cela fait 10-15 ans qu’on tourne autour de toutes ces questions sans que personne ne soit satisfait de la situation actuelle, ni les entreprises, ni les salariés, ni les syndicats »
L’avenir nous dira si ses craintes étaient fondées. Pour l’instant, les intéressés paraissent déterminés à réussir, même s’ils sous-estiment pas la complexité de la négociation qui s’engage.
« Cela fait dix-quinze ans qu’on tourne autour de toutes ces questions sans que personne ne soit satisfait de la situation actuelle, ni les entreprises, ni les salariés, ni les syndicats », explique aux Echos le ministère du Travail, en précisant que le document d’orientation « n’est pas une « shopping list » où chacun pioche les sujets dont il veut parler. C’est un tout qui doit permettre d’aboutir à des solutions équilibrées, avec des mesures des deux côtés de la balance ». Vendredi, le ministre avait demandé aux partenaires sociaux de montrer « de l’audace » afin de réussir à esquisser des solutions « gagnant-gagnant ».
Une bonne volonté certaine a accueilli ces orientations : l’ensemble des partenaires sociaux ont annoncé qu’ils participeront aux négociations.
- Le MEDEF a salué « un schéma de négociation ouvert » qui intègre les demandes de « simplification » et de « souplesse » émanant des entreprises.
- La CGPME participera « dans un esprit constructif » mais a annoncé qu’elle se montrera « vigilante, notamment sur une éventuelle modulation des charges pour les CDD et l’intérim ». Les PME redoutent en effet une éventuelle taxation supplémentaire des contrats courts.
- La CFDT juge les thèmes retenus « pertinents », la CFTC les considère comme « une bonne base pour négocier ».
- Pour FO, la négociation sera « très difficile » et les orientations données par le minstre du Travail constituent une « usine à gaz ». Quant à la CGT, elle regrette que le texte « ne ferme pas la porte aux revendications patronales ».
Voici pour l’état d’esprit qui anime aujourd’hui les acteurs de la négociation qui s’ouvre.
L’ensemble des problématiques du marché du travail français devront être négociées
Dans le fond, les quatre axes de négociation sont extrêmement larges. Les Echos font le point sur les positions des partenaires sociaux sur chacun d’entre eux :
- « lutter contre la précarité sur le marché du travail » ;
- « progresser dans l’anticipation des évolutions de l’activité, de l’emploi et des compétences » ;
- « améliorer les procédures de licenciements collectifs lorsqu’ils n’ont pu être évités » ;
- « améliorer les dispositifs de maintien dans l’emploi face aux aléas conjoncturels » ;
Ainsi, l’ensemble des problématiques du marché du travail français seront couvertes. Des solutions à la hauteur des enjeux pourront-elles être trouvées ?