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Les jeunes « ont envie de se battre »

« Crise de l’euro, hausse du chômage, menaces de récession… Dans ce contexte particulièrement sombre, comment les jeunes réagissent-ils ? Comment perçoivent-ils leur avenir ? Quel regard portent-ils sur la société et sur la place qu’elle leur accorde ? Sont-ils résignés, révoltés, indignés ? Gardent-ils le moral ? A quelques mois de l’élection présidentielle, tel est le sujet sur lequel se sont penchés Reims Management School et l’Institut ViaVoice, en exclusivité pour « Les Echos ». De quoi dessiner le portrait d’une jeunesse moins décalée qu’on ne le pense, et en pleine évolution. »

Jeunes souriantesPlusieurs constats intéressants :

  • Les jeunes les plus favorisés socialement (souvent les plus diplômés) sont les plus inquiets : la crainte du déclassement est nette chez eux. Tandis que les autres n’ont, pourrait-on dire, « rien à perdre ».
  • Vis-à-vis de l’entreprise, un sentiment d’incompréhension domine. Une majorité des jeunes (56 %) pensent qu’elles ne s’intéressent pas -et même « pas du tout » pour 19 %- à eux.  Un jeune sur 5 (21 %) souligne les difficultés d’accès à l’emploi.
    Seuls les étudiants des grandes écoles se disent en phase avec les entreprises « mais à 51 % seulement, ce qui est assez peu », soulignent Les Echos.
  • La société française n’inspire pas confiance : elle n’est ni motivante (53 %) ni rassurante (51 %) à leurs yeux. Néanmoins, les jeunes se montrent « optimistes quant à leur situation personnelle : 54 % la voient évoluer positivement. » Ce contraste était déjà saisissant dans un sondage publié cet été.
  • mobilitéMême en termes professionnels, et malgré la méfiance affichée à l’égard de l’entreprise, les jeunes sont assez optimistes : 66 % espèrent exercer un métier intéressant. Mais moins de la moitié (48 %) sont confiants dans la possibilité d’obtenir ou de conserver un emploi stable . Ceci inspire ce commentaire du directeur général de Reims MS aux Echos : « C’est désormais clair dans l’esprit des plus jeunes : le concept d’emploi stable sur le long terme appartient au passé. Un jeune sur deux sait qu’il devra essayer de se former au meilleur niveau dans le domaine qui l’attire, et qu’ensuite, sa mobilité et ses compétences seront ses meilleures clefs de succès. »
  • En termes de valeurs, les priorités vont à la vie familiale (67 %) et à « la qualité de vie » (59 %) -la vie professionnelle apparaissant nettement en retrait (33 %), tout comme l’argent (30 %). Réussir sa vie, c’est avant tout « être heureux en couple » (64 %) et « avoir un travail épanouissant» (63 %). Au plan professionnel, réussir serait surtout avoir un travail « intéressant », mais aussi « se sentir utile »(23 %) et « être reconnu » (23 %) – notamment pour les étudiants et lycéens.

Les jeunes, loin des clichés

CarcilloInterrogé par Les Echos pour réagir à cette enquête, Stéphane Carcillo, co-auteur de « La machine à trier : comment la France divise sa jeunesse », souligne que « les jeunes les moins qualifiés ont des aspirations très proches de celles des diplômés » :

« Pour les deux catégories, le travail occupe une place très importante. […] Tout cela va à l’encontre d’une vision largement répandue, celle d’une génération déconnectée de la vie professionnelle, d’une génération de Tanguy, qui refuseraient de travailler, voire qui rêveraient de vivre de l’assistanat et des allocations. »

Il ajoute que, si les jeunes sont très conscients des difficultés actuelles, « ils sont loin d’être désespérés. Ils ont plutôt envie de se battre, de trouver des solutions, d’essayer de s’en sortir. »

FamilleInterrogé sur l’importance de la sphère familiale qui représenterait une forme de repli sur soi, Stéphane Carcillo met en avant une clé explication rarement esquissée :

« La France présente une caractéristique très particulière : à la différence de nombreux autres pays, les aides dont peuvent bénéficier les jeunes y sont d’abord tournées vers les familles. Il n’est donc pas surprenant que les jeunes se replient vers leur famille : c’est ce cocon familial, très protecteur, qui leur permet d’accéder aux aides de l’Etat comme la demi-part fiscale, les allocations familiales, etc. Cela explique, pour une part, leur attitude. »

Concernant l’incompréhension entre l’entreprise et les jeunes, il estime que le regard de ces derniers « changerait sans doute si le marché de l’emploi redémarrait… ».

Les jeunes ont intégré les nécessités de la flexibilité du travail

Stéphane Carcillo souligne que « les jeunes ne sont pas arc-boutés à tout prix sur le CDI. Ils ont compris qu’une certaine flexibilité du travail fait partie du fonctionnement normal de la vie économique. […] Ce qu’ils recherchent, ce n’est pas l’emploi à vie. Ce n’est pas leur idéal. Dans le même temps, ils ne sont pas prêts à galérer toute leur vie. »

DiplômésL’interview se conclue sur l’importance prépondérante du diplôme en France : celui-ci serait « quasiment perçu comme un titre de noblesse. »

« Résultat, quand on entre dans une entreprise, on est pratiquement placé sur des rails, dont il sera difficile de sortir pour changer de voie ou de fonction, par exemple. Ce que les jeunes peuvent apporter d’énergie et de créativité ne sera pas vraiment reconnu, à cause de cette prédominance du diplôme. Et l’ensemble de notre système éducatif est conçu pour hiérarchiser ces parchemins.

Commet remédier à cette situation ? Il faudrait que cela change dès le collège et le lycée, voire dès l’école primaire. »

>>> Accéder à la présentation de l’étude

>>> Lire l’interview de Stéphane Carcillo

 

 

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