L’Allemagne est un des meilleurs élèves européens en termes de lutte contre le chômage, qui est en baisse depuis juillet 2009 – où il avait atteint son plafond : 8%. A l’échelle du continent, la situation est explosive : 10,7% de la population active européenne, soit 26,1 millions de personnes, sont au chômage. Evoquant les défis à venir dans un rapport accompagnant la publication de ces résultats, la Commission européenne pointe parmi les causes la « grande inadéquation » entre besoins des employeurs et compétences des demandeurs d’emploi. Surtout, elle dessine une frontière de plus en plus béante entre Nord et Sud de l’Europe.
La France, si elle reste juste en-dessous de la moyenne européenne, décroche par rapport aux meilleurs. Cas typique, le taux de chômage des jeunes est plus de trois fois plus élevé qu’en Allemagne. D’un point de vue global, le chômage en France augmente sans discontinuer depuis près de vingt mois.
Chômage partiel : essentiel en Allemagne, sous-utilisé en France
Au cœur de la réussite allemande sur le front de la lutte contre le chômage « conjoncturel » : le chômage partiel. Visant à s’adapter au ralentissement de l’activité des entreprises, le dispositif a concerné jusqu’à 1,5 million de personnes au plus fort de la crise. A l’échelle du pays, il a joué un rôle d’amortisseur du choc économique sur le front de l’emploi.
La France, elle, néglige les bienfaits du chômage partiel. Les Echos relèvent le paradoxe d’un outil efficace mais sous-utilisé dans un pays où, pourtant, la situation se dégrade. Les statistiques du ministère du Travail sont éloquentes : si 2009 a vu exploser le recours au chômage partiel, le dispositif n’a pas séduit à plus long terme. La détérioration de l’emploi n’a pas infléchi la tendance, pas plus que l’assouplissement du dispositif et une amélioration de son indemnisation mis en place récemment. Si les entreprises y ont légèrement plus recours qu’en 2011, son utilisation concerne 7 fois moins d’heures qu’en 2009.
Le débat français « s’est focalisé ces derniers temps sur les questions de compétitivité et de coût du travail, et notamment sur des accords » qui verraient les salaires modulés en fonction de l’évolution de l’activité. Au détriment du chômage partiel, efficace dans le « lissage des creux d’activité, quasiment sans perte de rémunération pour les salariés ». La négociation sur la réforme du marché du travail achoppe sur certains désaccords, comme la taxation des contrats courts : pour sortir de l’impasse, le chômage partiel, « peut-être le seul sujet qui réunisse un consensus », sera-t-il plébiscité ? Début de réponse dans les prochains jours.
>>> En savoir plus :
- L’article des Echos : « Malgré la crise, le chômage partiel ne décolle pas »
- Les chiffres sur le chômage en Europe, mises en infographie par The Guardian
- Le rapport de la Commission Européenne : « Employment and social developments in Europe 2012 »
- L’article de l’Atelier de l’emploi : « Réforme du marché du travail et sécurisation, les ressorts de la négociation »