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Former mieux, former tôt : comment booster l’insertion professionnelle des jeunes

La fracture se creuse entre deux pans entiers de la jeunesse française : la France opère comme une « machine à trier » qui laisse sur le bord de la route près de 2 millions de jeunes décrocheurs, soit plus de 15% de ses 15-29 ans qui ne sont ni à l’école, ni en emploi, ni en formation.

Les non-diplômés, décrocheurs dès leur entrée sur le marché du travail

Et la crise de 2008 est loin d’avoir équilibré la situation : elle a particulièrement affecté les débuts de trajectoire des moins diplômés, comme le révèle le suivi sur plusieurs années de cohortes de jeunes par le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Cereq). Cette enquête est inédite : c’est la première fois que le Centre est capable de comparer l’évolution sur le marché du travail, sept ans durant, de deux générations différentes de jeunes.

  • dans l’ensemble, malgré la crise la génération entrée sur le marché du travail en 2004 (« génération 2004 ») n’a pas plus subi le chômage que la génération 1998 ;
  • crise ou non, les diplômés du supérieur de 1998 et de 2004 ont des taux de chômage sensiblement équivalents sept ans après : le diplôme protège face à la crise ;
  • les diplômés du secondaire – les bacheliers – ont été affectés, avec des taux de chômage systématiquement plus élevés pour la génération « crise » de 2004 ;
  • les non-diplômés sont ceux qui ont le plus « pâti de la mauvaise conjoncture et des statuts précaires ». C’est surtout vrai en tout début de trajectoire : à long terme (sept ans après leur entrée sur le marché du travail), l’écart entre les taux de chômage de la génération « crise » (2004) et la génération « sans crise » (1998) n’est « que » de 2 points. Mais à court terme (trois ans après), le taux de chômage des non-diplômés de la génération « crise » est de 10 points supérieur aux non-diplômés « sans crise » !

Cereq - enquêtes Génération

Former tôt

[encadre]La crise n’a pas dégradé l’insertion professionnelle de l’ensemble des jeunes, mais bien et surtout celle des non-diplômés. Quelle leçon en tirer pour la formation professionnelle ? Que peut la formation face à l’ampleur du décrochage ? Une étude de la chaire « Sécurisation des parcours professionnels » s’est récemment penchée sur la question de l’efficacité de la formation professionnelle, alors que la concentration des efforts sur les moins qualifiés est un serpent de mer des réformes successives, faites ou à venir.

Principal enseignement : l’hétérogénéité des effets de la formation des demandeurs d’emploi. Durée du chômage, durée et stabilité de l’emploi retrouvé : sur toutes ces variables, de nombreux critères agissent directement et indirectement, et viennent contredire l’idée reçue de formations systématiquement qualifiantes et débouchant sur un retour à l’emploi.

Et alors que ce sont surtout les débuts de vie professionnelle qui ont été affectés par la crise, l’étude apprend que le critère du moment auquel on forme le demandeur d’emploi est crucial :

« Un autre élément utile à un meilleur ciblage des formations est que le rendement de celles-ci semble d’autant plus fort qu’elles interviennent tôt dans l’épisode de chômage.« 

L’éloignement de l’emploi est l’ennemi numéro : il faut donc former le plus tôt possible les demandeurs d’emploi. Deux études citées par le rapport de la chaire évaluent que la formation est la plus efficace lorsqu’elle intervient après 8 et 12 mois de chômage. Attention : former trop tard, c’est prendre le risque de la démotivation du demandeur d’emploi ; trop tôt, c’est prendre celui de douter de l’autonomie et la capacité du demandeur d’emploi à retrouver un travail.

Former mieux

Alors que dans la plupart des pays développés, France incluse, « la formation va aux individus les mieux formés et les plus stables », la France se démarque par un système encore plus clivant qu’ailleurs. Deux raisons majeures sont relevées par le rapport :

  • les obligations légales aux employeurs ne les incitent pas « à investir sur les salariés les moins employables »
  • la complexité du dispositif creuse les inégalités, les moins qualifiés étant moins aptes à la surmonter pour entrer en formation…

En d’autres termes : Français, formez plus tôt et ciblez mieux !

A lire sur l’Atelier de l’emploi :

Crédit image : Photonquantique/Flickr (licence CC)
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