Les vertus de la formation sont souvent vantées pour soutenir l’employabilité des demandeurs d’emploi. Sur Slate, la journaliste Catherine Bernard souligne les limites des formations longues : à l’époque où la conjoncture évolue de plus en plus rapidement, elles ne seraientpas forcément adaptées. Il faudrait plutôt des formations très ciblées, adaptées au niveau de qualification du demandeur d’emploi et aux besoins avérés du marché du travail.
« La France […] dépense plutôt moins en la matière que la moyenne des pays de l’OCDE: la formation des chômeurs (hors soutien à l’apprentissage) représentait en 2009 0,11% du PIB et 0,83% de la population active. Contre, par exemple, 0,27% du PIB et 1,89% de la population active au Danemark.
Et pourtant. La formation –du moins la formation longue, qui dure plusieurs semaines voire plusieurs mois— ne constitue pas toujours le meilleur remède au chômage.
Au Danemark et en Suède, pays réputés pourtant pour leur politique active de lutte contre le chômage, la formation, naguère considérée comme l’arme la plus efficace contre le chômage de longue durée, n’est ainsi plus considérée comme une panacée. Elle a beaucoup perdu de son importance dans ces deux pays où les autorités tentent de la réserver de plus en plus aux jeunes non diplômés, sur lesquels les agences pour l’emploi concentrent tous leurs efforts. »
La formation longue, pas toujours efficace
« La formation longue comporte en effet des risques: pendant qu’il se trouve sur les bancs d’une école, le chômeur ne cherche plus de travail. Et parfois, la conjoncture du marché de l’emploi se modifie très rapidement, au point que les deux ou six mois passés dans des salles de cours lui font perdre des opportunités qui mettront parfois plusieurs mois à se représenter. Une situation qui se présente notamment lors de retournements brutaux de la conjoncture, comme à l’automne 2008. Idéalement, mieux vaudrait donc former les salariés…. avant qu’ils ne perdent leur emploi!
Autre inconvénient des formations: elles peuvent distendre le lien avec le monde du travail, et, paradoxalement, nuire à l’«employabilité» du demandeur d’emploi. La meilleure façon de retrouver un emploi est de rompre le moins longtemps possible le lien avec l’activité. »
Face à la surqualification, des formations très ciblées sont nécessaires
L’article met l’accent sur le problème de la « surqualification » :
« On compte […] dans les pays membre de [l’OCDE] plus de salariés «surqualifiés» par rapport au travail qu’ils occupent que d’employés «sous-qualifiés», la surqualification s’accroissant même pour les demandeurs d’emploi retrouvant un travail.
Ce décalage semble imputable tout à la fois à un système éducatif parfois déconnecté des besoins du marché du travail et à des exigences trop élevées des employeurs en matière de qualifications par rapport aux emplois qu’ils proposent. »
Selon la journaliste, si cette surqualification relative n’exclut évidemment pas la nécessité d’une formation tout au long de la vie active, « elle rend impérative la conception de formations très ciblées, adaptées tout à la fois au niveau réel de qualification du demandeur d’emploi et aux besoins avérés du marché du travail. » C’est pourquoi Pôle Emploi développe des «préparations opérationnelles à l’emploi», réalisées conjointement avec des employeurs, pour mettre à niveau leurs futurs salariés.