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Création d’emploi : en 30 ans, l’économie « présentielle » a pris le pas sur la production

En début de semaine, L’Atelier de l’emploi s’est penché sur les dynamiques régionales à l’œuvre sur le marché de l’emploi avec David Cousquer de l’observatoire de l’emploi et de l’investissement. Le baromètre des perspectives d’emploi ManpowerGroup, publié cette semaine, rend compte d’un optimisme prudent de la part des recruteurs pour le 2e trimestre 2015, avec cependant certaines disparités régionales et, surtout, sectorielles.

Récemment, l’INSEE a également envisagé la question de l’emploi en région sous un angle plus macroéconomique, avec pour ambition de décrypter les mutations fonctionnelles qui ont touché l’ensemble du territoire de 1982 à 2011. En effet, dans la plupart des régions, les activités présentielles, c’est-à-dire liées à la présence de résidents ou de touristes, ont créé de l’emploi. A l’inverse des activités de production. Explications.

Hausse du nombre d’emplois : des disparités régionales

Ouvriers agricoles20% d’emplois en plus entre 1982 et 2011 en France métropolitaine : le nombre d’emploi a augmenté plus rapidement que la population. Le pourcentage impressionne mais l’évolution est très inégale selon les régions : dans un quart des zones d’emploi définies par l’INSEE,  l’emploi a augmenté de 30% tandis que dans un autre quart, il a diminué. Le Nord-Est et le Massif Central, qui connaissaient une forte activité industrielle et agricole il y a encore 30 ans, ont par exemple perdu de nombreux emplois.

C’est l’Ile-de-France qui compte le plus de zones d’emploi en croissance. D’autres se situent dans le Sud-Est et à l’Ouest, notamment centrées autour de métropoles régionales telles que Lyon, Montpellier, Toulouse ou Bordeaux ou d’agglomérations bénéficiant d’une attractivité comme Ajaccio, Bayonne, Fréjus ou Annecy. Paris ne progresse que de 10% et certaines métropoles régionales comme Marseille ou Lille se distinguent par une évolution du nombre d’emploi en dessous de la moyenne nationale.

L’industrie et l’agriculture sont en baisse alors que les activités présentielles se développent

Ces inégalités peuvent s’expliquer par le partitionnement des activités économiques en  deux grandes sphères  :

  • La sphère présentielle regroupe les activité de production de biens ou services destinées aux personnes présentes dans la zone étudiée, qu’il s’agisse de résidents ou de touristes : commerce de détail, éducation, santé, administration, action sociale, services aux particuliers, construction.
  • La sphère non-présentielle, ou sphère productive, concerne les activités exportatrices de biens et de services : industrie, agriculture, services aux entreprises et commerce de gros. Le productif est moins ancré dans le territoire que le présentiel qui, de par sa nature même, implique une forte proximité avec la population.

En trente ans, les activités présentielles ont vu leurs effectifs augmenter de 42% sur l’ensemble du pays tandis que la sphère productive a perdu 6% d’emplois en moyenne, avec d’importantes disparités régionales.

Dans les zones qui ont connu le plus de croissance d’emploi, les deux sphères ont progressé : le besoin de main d’œuvre productive a attiré de nouveaux habitants qui ont contribué au développement des activités présentielles. La relation marche également dans l’autre sens : une sphère présentielle dynamique attire les entreprises productives.

Dans le présentiel, les effectifs augmentent sur tout le territoire

En France, le nombre d’emplois liés au présentiel a augmenté de 42%. Les zones touristiques, qui comptent une population permanente plus importante, bénéficient davantage de ces hausses d’effectif. C’est également le cas des régions en forte croissance démographique comme le Genevois français ou l’agglomération de Montpellier.

La sphère présentielle en augmentation générale, mais à des rythmes variable
(C) IGN – INSEE 2015

Les services à la personne, la santé et l’action sociale et l’administration publique sont les principaux secteurs qui poussent la création d’emploi dans la sphère présentielle. Le bâtiment est le seul domaine où les effectifs ne sont pas en augmentation.

Des mutations au sein de la sphère productive

En trente ans, les fonctions des actifs ont évoluées dans tous les secteurs d’activité, présentiels et non-présentiels. C’est dans la sphère productive que le changement est le plus notable : la production abstraite a devancé la production concrète.

  • Le nombre d’emplois a été divisé par deux dans la production concrète. Il s’agit principalement d’emplois peu qualifiés dans l’agriculture ou l’industrie. Dans des régions comme Lunéville-Longwy (-72%) ou Maubeuge (-65%), la disparition progressive des fonctions de production concrète a ainsi contribué à faire baisser le nombre d’emploi totale de la sphère productive.
  • A l’inverse, les fonctions de production abstraite (gestion et intermédiation, prestations intellectuelles, production culturelle…) progressent de 47% et tendent à devenir majoritaires. Elles nécessitent une main d’œuvre plus qualifiée qui se retrouve davantage concentrée sur le territoire, notamment dans l’agglomération parisienne et dans les métropoles régionales. C’est le développement de ces fonctions qui permet de développer la sphère productive dans certaines régions comme Montpellier, Aix-en-Provence, Toulouse ou Cannes-Antibes.

 

> A lire également : L’étude de l’INSEE Trente ans de mutations fonctionnelles de l’emploi dans les territoire dans son intégralité 

Crédit image : Seattle Municipal Archives / Flickr.com / Licence CC BY 2.0
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