:
Newsletter
HReview
Découvrez nos articles.
Retour à la liste
Partager sur :

Emploi en régions : « Midi-Pyrénées est bien plus dynamique que l’Ile-de-France ! »

Selon les données compilées et analysées dans l’étude L’emploi et l’investissement en France en 2014, l’année 2014 marque une certaine amélioration sur le front de l’emploi (- 3 162) par rapport à 2013 (- 10 836). Plus largement, l’étude permet de comprendre à chaud les tendances à l’œuvre au sein de l’économie française par secteur et par région. L’Atelier de l’emploi a rencontré David Cousquer, créateur et gérant de Trendeo et de l’observatoire de l’emploi et de l’investissement.

Comment se positionnent les nouvelles régions françaises en termes de création nette d’emploi ?

David Cousquer TrendeoDavid Cousquer : Il y a deux façons de regarder les choses. La première consiste à se concentrer uniquement sur les créations d’emploi sans les mettre en perspective avec les suppressions d’emploi. Dans cette vision traditionnelle, l’Ile-de-France sort en tête du classement car c’est le premier marché, là où il y a une part importante de création d’emploi.

Mais si on tient compte également des suppressions d’emploi, c’est un tableau un peu différent qui se dessine. On se rend alors compte que, depuis 2009, la région Ile-de-France perd des emplois alors que Midi-Pyrénées et Pays de la Loire sont particulièrement dynamiques.

En effet ces deux régions, par rapport à leur population active, ont un taux de création net beaucoup plus important que les autres régions. Ceci est en partie dû à la forte présence de l’aéronautique en Midi-Pyrénées mais aussi en Pays de la Loire, notamment à Saint-Nazaire, où sont fabriqués des éléments composites, des éléments de voilure et de fuselage. A noter également la présence de l’industrie du logiciel qui fait de Pays de la Loire une région au dynamisme équilibré.

A cela s’ajoute l’effet du nouveau découpage régional. La nouvelle région issue de la fusion de Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon se trouve renforcée dans sa position de première région créatrice d’emploi. Le Languedoc Roussillon est certes une région moins dynamique que Midi- Pyrénées mais sa croissance est tirée par les services, notamment dans le logiciel et la santé.

« Pour comprendre la spécialisation des régions, il faut adopter un double regard : par secteur et par filière »

Se dirige-t-on vers une spécialisation des régions ?

David Cousquer : Pour comprendre la spécialisation des régions, il faut adopter un double regard : par secteur et par filière. L’agroalimentaire, par exemple, est le secteur dominant en Bretagne. Mais la région excelle également dans la chimie, en particulier dans la chimie des engrais. C’est donc un effet de spécialisation : quand un secteur est fort, il attire d’autres secteurs en lien avec son activité, souvent dans une même filière. Comme ici l’agriculture et la chimie des engrais. Il en va de même pour l’informatique et l’ingénierie à Toulouse, qui se développent en lien avec l’industrie aéronautique.

L'emploi et l'investissement en France en 2014 par l'observatoir de Trendeo
L’emploi et l’investissement en France en 2014 par l’observatoire de Trendeo

Cette spécialisation des régions s’explique de deux façons :

  • Il peut s’agir d’une « diffusion« . L’aéronautique, en est l’exemple le plus parlant : c’est une spécialisation toulousaine mais c’est aussi une compétence nationale avec un constructeur européen présent en Midi-Pyrénées, en Pays de Loire et travaillant avec des sous-traitants dans ces régions qui en bénéficient plus que les autres. La diffusion est également à l’œuvre pour le secteur agroalimentaire en Bretagne, qui se diffuse sur toute la région.
  • Il peut également s’agir d’une polarisation, avec des secteurs qui irriguent la région de manière différente. Toujours en Bretagne, le secteur du logiciel par exemple, est concentré sur la métropole rennaise.

Enfin, si on regarde sur le long terme, on voit des régions au profil comparable qui évoluent de manière différente, comme la Lorraine et le Nord-Pas-de-Calais. Alors que la Lorraine peine à se repositionner sur des secteurs dynamique, le Nord-Pas-de-Calais bénéficie lui, d’implantations de grands groupes de la distribution comme Décathlon-Oxylane. Ces groupes créent des centres de R&D, des quartiers généraux et des services. La région bénéficie également du dynamisme de Toyota qui, contrairement à ses homologues français, n’a pas perdu d’emploi depuis 2009, et de Bombardier dans le secteur du matériel de transport ferroviaire.

« En moyenne, 40 % des emplois viennent des entreprises régionales »

Quels rôles jouent les entreprises régionales dans les créations nettes d’emploi ?

David Cousquer : En moyenne, dans toutes les régions, 40 % des emplois viennent des entreprises régionales. Ce chiffre est encore plus important en Ile-de-France, où ce sont près de 70% des emplois qui sont crées par des entreprises régionales. En Alsace, c’est le contraire : les emplois viennent en majorité d’entreprises franciliennes et étrangères, notamment américaines et japonaises, et dans une moindre mesure d’autres régions françaises.

1174431515_bfa1b1bddc_o

Les tailles d’entreprises sont variables selon les régions. La région PACA, par exemple, est riche en PME. En Alsace, ce sont plutôt les entreprises de taille intermédiaire qui dominent alors qu’en Ile-de-France, ce sont les grands groupes qui s’imposent. Un autre grand atout de la région Ile-de-France, ce sont les start-up : 40 % des start-up françaises sont en effet installées dans la région et représentent 17 % des emplois crées en 2014, soit le triple par rapport à la moyenne nationale. 

La taille des entreprises influe également sur les créations nettes d’emploi. Entre 2009 et 2014, les ETI ont créé 90 951 emplois nets, les PME, quant à elles, 22 540 emplois nets, alors que les grandes entreprises ont supprimés 47 187 emplois. Il est plus difficile d’avoir un chiffre précis pour les TPE, celles-ci bénéficiant d’une visibilité moindre dans la presse tant au sujet des créations que des suppressions d’emploi.

Plus généralement, quelles sont les évolutions et permanences les plus marquantes ?

David Cousquer : La dynamique régionale s’affirme : les façades Ouest et Sud sont les plus dynamiques, alors que le Centre et l’Est peinent à renouer avec la croissance. Les difficultés de l’industrie finissent par se répercuter sur les services. En 2009, l’industrie manufacturière a connu de très fortes suppressions d’emploi. Aujourd’hui, elle se stabilise doucement mais elle n’est pas encore en capacité de recréer des emplois.  Au sein de l’industrie manufacturière, le secteur qui donne le ton, c’est l’automobile. Renault et PSA, les deux constructeurs nationaux, ont suffisamment restructuré leur appareil de production en France pour renouer avec dynamique de croissance. PSA par exemple, recommence à augmenter ses effectifs intérimaires, ce qui est un bon signe. Globalement donc, en 2014, ce sont plus de secteurs industriels qui sont sortis de l’eau et recommencent à créer des emplois.

 

> Retrouvez l’intégralité de l’étude L’emploi et l’investissement en France en 2014

 

Crédit image : florriebassingbourn et Paul Pleasant/ Flickr.com / licence BY-NC-CA 2.0
Partager sur :

Autres articles pouvant vous intéresser