Grandeur et suffisance
« Longtemps elle nous a fait rêver avec ses garages, ses start-up, ses petits génies, son jargon geek et son côté cool. C’était la nouvelle frontière américaine, capable d’inventer des gadgets planétaires. » (Courrier International)
La Silicon Valley n’est-elle plus cet Eldorado, ce mythe parfait de l’emploi du XXIème siècle ? Le « 51ème Etat » ne ferait plus rêver : l’heure est au désenchantement, à l’évocation du « pire des mondes », dégradé par la suffisance affichée de ses jeunes entrepreneurs – au point qu’on imagine qu’ils remplacent « les financiers de Wall Street dans le rôle des méchants pour l’imagination populaire » – et ses « ambitions orwelliennes », inavouées ou maladroitement assumées :
La vie privée ? « Peut-être une anomalie », selon un responsable de Google – http://t.co/X3WnN9pzCL
— Jérôme Marin (@JeromeMarinSF) 22 Novembre 2013
Déchu ou non, le modèle de la Silicon Valley reste un archétype invoqué par ceux qui souhaitent souligner les bienfaits de la concentration des forces et de l’innovation porteuse d’emplois ou les nouvelles réalités de nos « économies de l’iPhone ». Faut-il multiplier les Silicon Valley en France ? Le débat de la clusterisation, déjà évoqué sur l’Atelier de l’emploi, n’est pas clos, mais la fascination qu’exerce « The Valley » ne s’éteint pas :
Orange Fab, la Silicon Valley d’Orange http://t.co/Px0p0iVWy0 via @Dynamiquemag
— Dynamiquemag (@Dynamiquemag) 21 Novembre 2013
Wall Street fait moins envie aux jeunes dip que la Silicon Valley. http://t.co/ZwR9jvHkkh
— Andrea K. (@AndieCrispy) 8 Novembre 2013
Très intéressante conférence de @loic (en français) sur les tendances de la Silicon Valley : http://t.co/mlu9CN0kdS
— Philippe Couzon (@pcouzon) 21 Novembre 2013
A suivre sans faute… RT @PhilJ: Décrypter la #SiliconValley avec honnêteté: ma mission http://t.co/VgIyU4z9S0 #techno #in
— Olivier Schmouker (@OSchmouker) 21 Novembre 2013
La (Silicon) Vallée du Rhône
C’est presque un paradoxe : au moment où la technopôle américaine essuie une vague de critiques rarement égalée, les territoires français n’ont peut-être jamais autant essayé de l’imiter. Sur France Inter (réécouter l’émission), les comparaisons vont bon train :
Dans le débat éco de ce matin, @dseux arrivait à faire prendre St-Etienne pour la Silicon Valley (ou presque). Sacrée perf !!! 😉
— Nicolas Quint (@quintnico) 22 Novembre 2013
Pour l’éditorialiste Dominique Seux, Saint-Etienne fait partie des territoires modèles, qui « s’en tirent bien » grâce à la présence de plusieurs leaders mondiaux (Focal-JMlab, SNF Floerger) et, condition nécessaire, une activité diversifiée. C’est d’ailleurs à Saint-Etienne, ville industrielle excellence, a lancé un plan pour l’innovation dans les PME début novembre.
De l’innovation à l’emploi ? Avec aussi Grenoble et son campus Giant, « Silicon Valley à la française », et bien sûr Lyon et sa « Silicon Valley en bord de Saône », la région Rhône-Alpes affiche un taux de chômage des jeunes de 14%, plus de dix points sous la moyenne nationale, ce qui constitue, pour Dominique Seux, un« très bon indice de projection future, d’innovation et de dynamisme ». Le territoire rhônalpin fait ainsi office d’exemple français dans la fabrique de l’innovation, du nom de l’exposition qui s’est ouverte le 16 novembre sur les trois siècles de révolution industrielle dans la région…
#Smartcity : Lyon en tête du palmarès des villes françaises « intelligentes » via @Lavilledemain http://t.co/mCxopxpjLd
— Grd Lyon-millenaire3 (@millenaire3) 20 Novembre 2013
> Lire : « Les 4 recettes lyonnaises pour l’emploi des jeunes » et le dossier spécial « Lyon, Rhône Alpes et les jeunes »
La Silicon Valley, tu l’aimes ou tu la largues
Les Rhônalpins ne sont pas les seuls : Jérémy Rifkin, portraitisé cette semaine par Libération, a remis son « Master Plan » pour la région Nord-Pas-de-Calais, disponible sur le site www.latroisiemerevolutionindustrielleennordpasdecalais.fr. Un plan ambitieux :
Dans le NpdC vous allez créer la 1ere vallée de la biosphère et larguer la silicon valley #WFL13 #Rifkin
— Comité Grand Lille (@CgrandLille) 25 Octobre 2013
Et dans le Grand Ouest aussi… Pendant que la Bretagne se veut terre d’accueil pour ex-entreprises de la Silicon Valley,« le premier vice-président de la région des Pays-de-la-Loire délégué au développement économique et à l’innovation […] en est à son troisième voyage d’études dans la Silicon Valley », écrit Libération. Flux de données, robotique, économie collaborative : la mission de 25 élus et chefs d’entreprise locaux compte bien faire « émerger des projets entre les acteurs des Pays-de-la-Loire et la Silicon Valley »…
Dans Libération, La région Pays de la Loire à la découverte de l’industrie 4.0 dans la Silicon Valley – http://t.co/VDATy9QDCZ
— Benoit Tabaka (@btabaka) 18 Novembre 2013
> Lire : Ces robots qui vont envahir nos PME et créer des emplois
L’Orléanais n’est pas en reste :
La Cosmetic Valley, un pôle beauté en plein essor http://t.co/Z2Py2RO68K via @EchosBusiness #Emploi
— orientationpourtous (@opt_orientation) 19 Novembre 2013
« Dans la grande compétition entre les nations, la France avec ses pesanteurs ne peut trouver sa place qu’en visant haut, en cultivant l’économie de l’innovation, l’excellence technologique et industrielle » : en se comparant – à outrance ? – avec la Silicon Valley, la France, écrit Pierre-Olivier Rouaud, n’est elle pas sur la bonne la bonne voie ?
Des « enclaves d’innovation » pour tous ?
Dans son livre The new geography of jobs, Enrico Moretti décrivait cette économie américaine où le seul employé américain qui touche physiquement l’iPhone dans son cycle de production, c’est le « livreur d’UPS » qui l’apporte au client… En plein débat sur le potentiel d’emplois de la relocalisation de la production, Moretti affirmait lui aussi que le coeur du débat, plus que le « made in » national, est la capacité à innover : « pour rester prospère, une société doit continuer à grimper les échelons de l’innovation ».
Stop à la production, et place au « digital über alles » et aux clusters, ces « enclaves d’innovation » ? Attention, danger, juge Forbes : quand nos économies, devenues techno-centrées, requièrent des compétences que la majeure partie de la population n’a pas encore, le tout-Silicon Valley n’est pas encore à l’horizon… ni même un futur souhaitable :
« Il reste de l’activité ancrée dans des industries plus banales, comme l’énergie, la construction, l’industrie manufacturière et la logistique, qui offrent toujours des perspectives de mobilité sociale pour ceux qui ne sont pas allés à Harvard, le MIT ou Stanford. Ces industries emploient par ailleurs plus d’ingénieurs et de scientifiques que le secteur de l’information et la technologie… »
Industriels qui recrutent, dites-le !
[A saisir] 300 000 postes vacants, principalement dans le bâtiment, l’hôtellerie et l’industrie http://t.co/pmelhijgl4 #formation #emploi
— Afpa (@Afpa_Formation) 21 Novembre 2013