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Chasseur de têtes, un art qui n’a pas de prix

nicole-degboInitialement publiée dans Le Cercle Les Echos, cette tribune est signée Nicole Degbo, Directrice assurance d'Experis Executive.

Le chasseur de têtes joue un rôle pivot dans la dynamique de l'offre et de la demande. Il est un trader de talents dont la vocation est idéalement d'être un porteur d'histoires pour saisir au vol une insatisfaction, un doute, une curiosité et la transformer en fêlure favorable à un changement pour le plus grand bonheur de l'entreprise cliente qui espère sortir victorieuse de la guerre des talents, car, selon les secteurs et a fortiori certains métiers, guerre réelle et sans pitié il y a.

Cette responsabilité est importante, voire déterminante, mais le marché, ne sachant plus tellement à quel saint se vouer, développe un rapport schizophrénique avec le chasseur. Il le sollicite à défaut de séduire spontanément le talent idéal, le fameux "mouton à 5 ou 10 pattes", reconnaît avec nuance son utilité, cherche la bête de scène absolue pour travailler vite et bien, mais espère également collaborer avec le mieux-disant, comme si la valeur de ce service ne valait pas son prix.

Le candidat, ce fameux talent sur-sollicité au point que la démarche perd de sa saveur, est quant à lui blasé de fait et donc de droit ; il se fait alors capricieux, indécis, souvent peureux, rarement intrépide et joue avec le temps ; il se prononce puis renonce, il fait preuve d'atermoiements et échappe ainsi régulièrement à son destin.

Oui, il s'inscrit dans une vérité d'évidence et construit facilement une carrière linéaire sans se départir de son désir d'inédit pour s'éprouver et raconter une histoire qui a du sel ; mais, au bout du compte, nourrir un dessein en grand relève bien souvent de l'imaginaire, car vivre ses rêves sans prendre de risque est de l'ordre de l'exceptionnel, sauf à l'aune d'une chance insolente.

Alors, oui, je l'avoue, je rêve d'un marché qui permettrait à des ambitions de s'imbriquer pour créer, construire et innover avec audace même dans les fonctions les plus classiques. Je rêve d'une parenthèse enchantée qui donnerait naissance à un marché plus fluide, avec des désirs exprimés simplement et qui se rencontreraient sans sourciller parce que chacun le vaudrait bien.

Je rêve de ce grain de folie qui permettrait de prouver sans détour la valeur réelle du chasseur et offrir ainsi une nouvelle vie à ce beau métier dont les repères sinon les codes ont beaucoup changé et pas forcément pour le mieux.

Oui, il est temps de redonner à cette histoire d'homme l'épaisseur qu'elle mérite alors même que prospère le fameux débat sur la concurrence des robots intelligents pour se substituer au talent humain, ce talent de trouver et de convaincre des potentiels traditionnels et iconoclastes qui sauront créer de la valeur dans l'entreprise pour l'aider à se réinventer et gagner son autre guerre de marché.

Alors, chiche ? Et si nous décidions tous ensemble de croire au talent, à l'optimisme et à l'audace de se réaliser ? Belles promesses…

 

Crédit image : OTA Photos / Flickr.com / Licence CC BY-SA 2.0

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