:
Newsletter
HReview
Découvrez nos articles.
Retour à la liste
Partager sur :
Briefcase@Work

Entreprise et travail en mobilité : demain, le nuage dans nos mallettes ?

L’actu

Selon une récente étude CompTIA, entre 39 et 51% des entreprises américaines boycottent la pratique du BYOD, Bring Your Own Device (« apportez votre propre matériel »), ou l’utilisation du matériel personnel (ordinateur portable, tablette, smartphone) pour des tâches professionnelles. « Cela ne signifie pas que les employés ne le font pas en cachette, mais il n’y a en tout cas aucune politique en ce sens parmi ces entreprises« , note ZDnet. Un terrain d’entente franco-américain ? Cisco notait déjà, en 2012, que la France possédait le pourcentage cumulé le plus élevé d’Europe d’entreprises qui interdisent aux employés d’utiliser leur(s) propre(s) appareil(s) ou qui fournissent un accès réseau sans aucune autre prise en charge (51%).

*

L’enjeu

phone byod vintage companySécurité, coût financier, productivité… Longtemps, les entreprises se sont interrogées sur la pertinence du BYOD. Si certains arguent d’une baisse conséquente des coûts financiers tant en termes d’achats de matériel que de maintenance du parc informatique, ou encore de gains de productivité, liés en particulier à la possibilité du travail en mobilité, les DSI ont souvent émis de fortes réserves sur les probables failles de sécurité consécutives à l’utilisation et à la généralisation de matériels et d’outils divers.

Et pour la RH, le BYOD pose plusieurs questions : de la délimitation du temps de travail à  la protection des données et, plus généralement, comme souvent avec les enjeux numériques, l’équilibre entre intérêt de l’entreprise et réponse aux nouvelles attentes…

« Pour les entreprises, le BYOD est un véritable casse-tête« , confirme Stéphane Clément, Président Directeur Général de Proservia. « Souvent, tel service y voit un intérêt alors que tel autre n’y voit que des contraintes. Il n’y a pas de règle immuable. Cela doit vraiment se penser au cas par cas, en fonction de diverses caractéristiques comme la taille de l’entreprise, son niveau de maturité, son secteur d’activité, l’appétence de ses employés pour les outils numériques… Et puis on oublie souvent que la problématique du BYOD évolue elle-même en fonction des avancées technologiques ! »

En effet, selon certains experts, plus que des devices (outils) en eux-même, la grande question qui se posera demain pour les entreprises sera celle du management des data (données). Vers, acronyme oblige, le BYOC, Bring Your Own Cloud ?

*

Et pour vous ?

*

Les données

  •  En 2015 on recensera, selon Gartner, 1,2 milliard de smartphones et 140 millions de tablettes en circulation dans le monde. Et dans 60% des cas (35% pour les tablettes), l’usage des smartphones sera associé à des activités professionnelles.
  • En France, 46% des décideurs informatiques utilisent plus de trois terminaux différents pour accéder à leur environnement de travail professionnel selon une étude Markess.
  • 31% des projets BYOD dans les grandes entreprises françaises sont lancés face à la « pression des collaborateurs », ce qui en fait le principal motif.
  • En 2012 , selon Cisco, les principaux bénéfices de BYOD pour les Français étaient la réduction des coûts (17%), la hausse de la productivité (15%) et la satisfaction au travail (12%).
  • Toujours selon Cisco, 40% des responsables informatiques pensent que le BYOD est une bonne chose.

*

En un tweet

 
« So 2012 », comme question ? Un cauchemar peut en cacher un autre : le Bring Your Own Cloud est le « nouveau cauchemar » de l’entreprise, selon Dell.

*

Les défis pour l’entreprise

Le BYOD, et désormais le « BYOC », sont sources de nombreux défis pour l’entreprise : économiques, juridiques, organisationnels… Mais le premier frein à la pérennisation du BYOD demeure la sécurisation des données.

Contourner le défi de la sécurité : par conviction… ou par nécessité

Pour Stéphane Estevez, responsable marketing chez Quantum, le constat est formel :

« L’entreprise peut rapidement perdre tout contrôle sur la sécurité de ses données. Soit les données d’entreprise sont stockées sur des appareils privés, soit des données privées se retrouvent dans l’infrastructure de l’entreprise.« 

Et selon lui, il est très compliqué de se prémunir contre de telles pratiques, d’autant plus lorsqu’elles semblent naturelles, en particulier par la soi-disant « génération Y » :

« Une chose est sûre : les salariés trouvent toujours le moyen de contourner les règles de sécurité officielles. Le véritable défi consiste dans l’immédiat à accepter ce changement de culture au sein de l’entreprise, que ce soit par nécessité ou par conviction.« 

cartoon-BYOD

Des économies ? « Oui, mais… »

Accepter le changement ? Et essayer d’en tirer profit. Une « nécessité« , pour Stéphane Clément : « Les entreprises doivent se mettre en capacité d’apprivoiser au mieux l’enjeu de la mobilité. Le BYOD ne signifie pas automatiquement que l’entreprise perd le contrôle… Et c’est aussi un enjeu économique : la sécurité est la priorité n°1 des dépenses IT en 2014« .

Volvo-IT a fait le choix de domestiquer le « grand méchant BYOD », relate Les Echos. Et pour Laurent Geray, son directeur de l’innovation, « les demandes de renouvellement de PC ont diminué, ce qui nous permet de prolonger leur vie d’une année« . Des économies souvent compensées cependant par des coûts de mise en œuvre (charte informatique, logiciels de sécurité…) et par les subventions (parfois) accordées au salarié. Reste le bénéfice en terme de marque-employeur et d’attractivité… et, on l’oublierait presque, l’agilité pour le salarié en situation de mobilité ! En résumé, (quelques) économies mais surtout, les attentes des salariés : chez Volvo-IT, « de plus en plus de cadres nous en demandaient et nous anticipions une explosion des coûts… »

Bring Our Device At Home

Quid d’une inversion de la perspective ? Et si, demain, c’était le matériel professionnel qui s’invitait dans l’environnement personnel ? Certaines entreprises y réfléchissent, voire ont d’ores et déjà franchi le pas.

C’est par exemple le cas chez Rosendin Electric, qui a fait le choix de bannir, purement et simplement, le BYOD. Et pour s’adapter aux nouveaux usages, l’entreprise achète elle-même des centaines de smartphones et de tablettes et permet à ses employés de les utiliser dans un cadre personnel : « Il leur est par exemple possible de stocker des photos privées, des photos bien séparées des autres données professionnelles« , note ZDNet. Mais le choix de ce simili-« COPE » (« Corporate owned, personally enabled ») inclut des limites, clairement énoncées : « les employés le savent, l’entreprise peut y jeter un œil si elle le souhaite« .

Du côté de chez Renault, les 50 000 employés du réseau de distribution ont à leur disposition des tablettes, fournies par le groupe. Et pour Hugues Bourcier de Saint-Chaffray, directeur de la Formation réseau du constructeur automobile, cela a permis « d’arrêter totalement l’utilisation du papier et d’économiser 600 000 euros par an« .

Et demain : Bring… Nothing

Dans la même veine, l’opérateur américain AT&T vient d’annoncer une amélioration de son offre Toogle, qui offre désormais la possibilité de séparer ou « compartimenter » données persos et pros sur son smartphone. Ce qui permet donc à l’employeur d’assurer la sécurité de ses données tout en évitant toute intrusion dans celles du collaborateur.

Enfin – surtout ? -, côté cloud, Dropbox a fait l’acquisition de MobileSpan, dans l’optique de sécuriser l’utilisation du cloud d’entreprise en mobilité et donc… de favoriser l’usage du BYOC.

> Lire RH : comment le cloud est en train de devenir votre meilleur allié

L’offre semble donc (enfin) s’adapter aux usages des salariés, très en avance sur le sujet, et qui préfèrent se lancer, seuls, sur Dropbox plutôt que de passer la DSI… Ce qui facilitera sans nul doute le travail des DSI, DRH et DG sur ces questions stratégiques.

Selon Gartner, 38 % des entreprises dans le monde ne fourniront plus de devices à leurs collaborateurs d’ici deux ans. Leur fourniront-elles de quoi sécuriser leurs propres données ?

*
> Aussi en débat :

Crédits images : Tony Duke, marsmet472, CircaSassy & CA Technologies / Flickr / CC BY NC SA
Partager sur :

Autres articles pouvant vous intéresser