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Bâtiment et transition énergétique : ces compétences qu’il faut anticiper pour 2020

Avec la publication de son rapport « Les besoins en emplois et compétences liés aux travaux du Nouveau Grand Paris et aux enjeux de la Transition énergétique dans le Bâtiment en Île-de-France » (synthèse en pdf), la Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi (Direccte) montre non seulement à quel point le secteur sera bouleversé à un horizon pas si lointain (2020), mais aussi ce que cela implique en termes de renouvellement de l’offre de formation et d’anticipation des recrutements.

2 salariés sur 3 dans la production

Aujourd’hui, les emplois sont variés en termes de compétences et de fonctions :

  • 66% des salariés des entreprises du Bâtiment (hors travailleurs indépendants et
    chefs d’entreprise) exercent un travail dit de « production » sur chantier
  • 12% exercent des fonctions d’encadrement de chantier ou d’études techniques
  • 22% des fonctions administratives et commerciales

Du point de vue des métiers, les postes administratifs sont largement les plus représentés à l’échelle de la région. Arrivent ensuite les maçons, les peintres, les électriciens et les plombiers. Réunis, les constructeurs d’ouvrages d’art, les mécaniciens d’engin, les ouvriers VRD et les terrassiers représentent à peine un millier de personnes.

50 000 nouveaux emplois d’ici 2020

Au-delà de cet état des lieux, l’étude propose surtout une estimation des besoins en effectifs équivalent temps plein (ETP, emplois additionnels et à renouveler) à horizon 2020. Pour ce faire, la Direccte table sur le scénario d’une faible croissance économique, d’une mise en œuvre très progressive de la rénovation énergétique et de la mise en place du Nouveau Grand Paris. Ainsi, l’estimation des besoins annuels en emplois ETP serait de 16 794 effectifs ETP en 2020 contre 9 181 effectifs ETP en 2014.

En détaillant les nouvelles compétences attendues des métiers existants, le projet ECECLI (Evolution Compétences Emplois Climat Île-de-France), lui aussi paru récemment, précise les choses en matière de verdissement des compétences. Et va même jusqu’à les quantifier : d’ici à 2019, c’est un besoin entre 180 et 200 000 emplois (30 à 45 000 équivalents temps plein) qui se dégage, principalement dans les espaces paysagers et agricoles, le bâtiment/l’énergie et les déchets. Sur ce seul plan du verdissement, le bâtiment aura besoin d’environ 3 000 ETP : sont ainsi attendus des électriciens sachant poser des compteurs intelligents, des diagnostiqueurs énergétiques ou des chefs de travaux sachant trier et valoriser les déchets de chantier.

Montées en compétences, profils transversaux : ces formations et ces recrutements qu’il faut repenser

Pour la Direccte, le Bâtiment voit aujourd’hui émerger un nouveau modèle constructif : celui de la performance énergétique et environnementale. Une évolution qui provient de plusieurs mutations :

  • Des exigences de performance (nécessite de réduire les gaz à effet de serre et dépendance énergétique extérieure de la France en particulier)
  • Les changements de politique énergétique (avec la valorisation des énergies renouvelables)
  • Les transformations d’organisation (des modes de travail et d’organisation davantage coopératifs)
  • Des progrès technologiques (avec un meilleur pilotage des équipements du fait de la diffusion de capteurs, d’instruments de mesure et de commandes électroniques et la mise en place de compteurs communicants)

La technologie n’est pas la principale force de transformation, conclut toutefois la Direccte : si le métier change, c’est avant tout en raison des nouvelles exigences de performance. D’autant qu’en Île-de-France, le contexte est très mouvant : « le Nouveau Grand Paris constitue une opportunité unique en Ile-de-France pour relever le défi national de la Transition énergétique« . Reste à savoir s’il sera un déclencheur suffisant pour les dirigeants : ceux-ci, pour bénéficier de ces marchés, sont appelés à faire évoluer leur organisation et leurs pratiques mais surtout à anticiper l’évolution de leurs besoins en compétences. Voire à modifier leurs habitudes de recrutement ? L’enjeu est double, selon les recommandations de la Direccte : former les effectifs présents, bien sûr, mais aussi « réussir l’intégration des nouveaux entrants dans la profession » en se préparant d’ores et déjà en « constituant des viviers de candidats potentiels ».

Et puisque les exigences accrues de performance nécessitent toujours plus « une bonne compréhension des actions et des compétences des uns et des autres », la Direccte prévoit une évolution du recrutement vers des profils davantage transversaux (notamment pour les chargés d’affaire et dans le domaine technico-commercial), que la formation professionnelle pourra accompagner… Le sacre attendu, une fois de plus, des softs skills ? La réponse à ces bouleversements passe en tout par la mobilité et l’accompagnement dans ce que le projet ECECLI nomme « passerelles métiers » : par exemple, « un technicien en froid et climatisation pourra devenir installateur en chauffage, climatisation et énergies renouvelables, avec une simple adaptation à l’emploi ».

Evolution compétences bâtiment
Extrait du rapport de la Direccte : les montées en compétences auxquelles il faut s’attendre

 

***

Zoom – Vers la performance énergétique et environnementale : un métier à réapprendre

Une meilleure qualité de conception dans plusieurs domaines

1 – Pour la construction neuve : assurer un dimensionnement optimal des équipements à travers les études de conception ;
2 – Pour la réhabilitation : réaliser des diagnostics approfondis de travaux et assurer la qualité des cahiers des charges de commande de travaux ;
3 – Etre en capacité de proposer des interventions diversifiées selon les types de logements, les conditions de réhabilitation et les énergies disponibles ;
4 – Proposer une optimisation économique améliorée en réponse aux tendances de hausse des prix des énergies et de sophistication accrue des interventions ;
5 – S’inscrire dans une industrialisation accrue de préparation des
composants du bâtiment pour maîtriser les coûts ;

La nécessité de davantage normaliser et contrôler la performance

6 – Renforcer la coordination sur le chantier et entre entreprises en utilisant des protocoles d’intervention des différents métiers dans un souci de transversalité pour disposer d’une traçabilité des performances ;
7 – Garantir la qualité attendue des prestations professionnelles par une vérification des performances ex-post ;

Un niveau de performance à atteindre tout au long de la chaîne de valeur

8 – Garantir un niveau de performance qui découle d’une meilleure prise en compte par les professionnels de la continuité des acteurs de la conception à la livraison finale ;
9 – Progresser vers une organisation des métiers en groupements d’entreprises
à caractère momentané ou dans une structure collective durable ;
10 – Généraliser une offre globale par les entreprises (TPE-PME) en réponse aux commandes de marché en associant les différents métiers pour atteindre collectivement les performances demandées.

La revalorisation de la relation client, repensée au regard des nouvelles technologies

11 – Prendre en charge l’information des usagers avec l’assistance des nouveaux moyens de communication ; ce qui implique un approfondissement de la relation entre le professionnel et son client, notamment les ménages.

Crédits images : daily sunny / flickr.com / licence CC BY 2.0
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