:
Newsletter
HReview
Découvrez nos articles.
Retour à la liste
Partager sur :

« Barrez-vous ! », qu’ils disaient… – Semaine de l’emploi #38

Samedi – dimanche : Jeunes de France, barrez-vous (encore)

Chômage des jeunes en Europe« Le meilleur espoir des jeunes Français : partir » : Felix Marquardt,  spécialiste de l’appel à l’exil – avec son acolyte, le journaliste de Canal + Mouloud Achour -, estime que (seuls) les voyages sauvent la jeunesse :

« Les jeunes Français doivent partir à l’étranger, travailler, voyager, voir comment les choses fonctionnent dans les cultures et les pays qui n’appliquent pas les mêmes vieilles règles –et ensuite revenir en France, réinjecter un peu de l’énergie et de l’enthousiasme qu’ils ont absorbés pour aider à réconcilier plus largement la population avec la réalité mondiale que la France fuit depuis bien trop longtemps.« 

Il tire la sonnette d’alarme sur un renversement de tendance qui serait tristement révélateur : « la France a toujours été un pays où les gens rêvaient de s’installer. Pas une terre qu’on voulait quitter ». 

L’Hexagone, nouvelle terre d’émigration ? Un académicien invite, lui, les décideurs à prendre la clé des champs, mais plutôt pour se ressourcer à Compostelle, tandis que le blogueur Stéphane Soumier assure que « notre destin se joue dans un taxi parisien », plaidoyer contre l’immobilisme (« le travail appelle le travail ») plutôt qu’éloge de la mobilité.

Lundi : Flux glacial



« Entre 2007 et 2011, l’émigration italienne a […] bondi de plus de 30 %, celle de l’Espagne de plus de 140 % et celle de la Grèce de plus de 200 % » : parmi les premiers destinataires de ces flux migratoires redessinés par la crise économique, l’Allemagne. Angela Merkel, justement, a récemment invité les chômeurs européens à franchir les frontières et à aller là où est le travail, relevait récemment Atlantico. Mercredi, elle présidait une grande conférence sur l’emploi des jeunes en Europe qui, réunissant les dirigeants des vingt-sept pays de l’Union européenne pour repousser le spectre d’une « génération perdue », a décidé de débloquer 6 milliards d’euros par an, via la Banque européenne d’investissement. Le dispositif : créer une « garantie de l’emploi » (tout jeune de moins de 25 ans devrait avoir un emploi, une place en formation ou un stage au bout de quatre mois de chômage) et miser sur la mobilité « pour tous » en élargissant le programme Erasmus, notamment aux apprentis.


Illusoire, juge Gilles Saint-Paul (économiste et professeur à l’université Toulouse I,  auteur du rapport « Immigration, qualifications et marché du travail » analysant l’impact économique de l’immigration en 2009″) : « Le  phénomène est — pour l’instant — trop faible quantitativement pour agir comme régulateur du marché du travail ». Les acteurs européens de l’emploi sont pourtant devenus ces derniers temps les porte-voix de l’émigration de travail, et pas uniquement du Sud vers le Nord : l’agence d’emploi suédoise incite les jeunes à trouver un job d’été dans les pays méditerranéens, pendant que le ministre danois du travail appelle au voyage « là où il y a une pénurie de personnel, que ce soit au Danemark, en Norvège, en Suède, en Allemagne ou ailleurs ». Un filon pour les profils atypiques de toutes origines : les start-ups berlinoises.

Silicon Berlin

A nouvelle conjoncture, nouvelle donne du marché du travail et nouveaux flux : bientôt celui de l’exode des jeunes français ? L’icône du plombier polonais travaillant en France serait, elle, à ranger dans les tiroirs – et la « concurrence sociale » en voie de disparition. « L’écart en termes de compétitivité des coûts entre les anciens États membres et les PECO [Pays d’Europe Centrale et Orientale] a effectivement presque été comblé »explique Notre Europe (pdf).

Mardi : Migrer (pas) bouger

Métis (« correspondances européennes du travail ») entre dans le débat avec un éditorial déplaçant les enjeux : « Il ne s’agit donc pas seulement de la capacité à offrir un emploi, ce qui n’est pas négligeable, mais à offrir une perspective, ce qui l’est encore moins ». L’attractivité d’un pays ne se mesure pas qu’au nombre d’émigrés qui en partent : « c’est dans la tête que les choses se passent et qu’il est devenu palpable qu’elles bougent ». La multiplication des envies de bougeotte révèlerait une crise de sens : la sinistrose guette, y compris chez Alternatives économiques qui cherche pourtant à mettre du baume au coeur avec ses « cinq raisons de ne pas désespérer ». Roulez jeunesse.

TdF

Métis dresse aussi le portrait d’un patron ne quittant jamais son espace de coworking et utilisant le numérique comme une arme dans sa chasse méticuleuse au gaspillage – incarnation parfaite de la nouvelle figure de « l’Optimisateur ». Un art de vie autant qu’un avantage comparatif : « L’époque lui sourit. La crise a doublé les exigences de ses clients, raccourci les délais, réduit les budgets… ».



Mercredi : Touche française

Say oui to France« Les entrepreneurs français passent plus de temps à se plaindre sur leurs mésaventures qu’à vanter leurs succès » : contre l’auto-bashing français, le blog des startups françaises, Rude Baguette, se propose d’impulser de la fierté en rappelant 10 prouesses du milieu « tech » français. Relayé par l’agence « Invest in France » ou par Fleur Pellerin, ministre déléguée aux PME, à l’innovation et à l’économie numérique, ce moment de réjouissance rappelle par exemple que chaque entreprise tech de la Silicon Valley a au moins un développeur français ou que l’achat par Adobe de la « pépite française du logiciel » Neolane compense bien le flop Yahoo! – Dailymotion…



Interrogé sur ce que serait la « Gattaz Touch », le nouveau président du Medef s’est défini comme « un chef d’entreprise opérationnel qui innove, qui exporte, qui essaie d’embaucher un maximum en France, qui adore son pays ».  Porteur d’un « pacte de confiance » auprès du gouvernement, il a, dans un discours d’investiture tourné vers le cap de 2020, dessiné les contours d’une attractivité à la française, auprès des investisseurs… comme des jeunes à l’envie d’ailleurs ?



Jeudi : Vous n’aurez pas l’Alsace et la Corée

CoréeLe salut par le numérique ? Pour l’emploi et la compétitivité, l’Atelier de l’emploi évoquait la semaine dernière l’horizon d’une création créatrice. Pour Guy Mamou-Mani, à la tête du Syntec Numérique, les entreprises françaises doivent s’ouvrir au numérique pour survivre. Un retard est observable :  « alors que les TIC représentent déjà 15 % de la richesse nationale des Etats-Unis ou de la Corée, elles ne sont que 6 % de celle de la France ».

De quoi méditer ? Pendant même que l’Institut Mines-Télécom ouvre son premier laboratoire commun avec la Corée du Sud, L’Usine Nouvelle réalisait cette semaine un dossier de 16 pages sur ce « dragon assoiffé d’innovations », qui est sortie de la culture du « copier-coller amélioré »,… avec un certain succès pour l’emploi :

France - Corée

L’Alsace s’y met aussi, relaye La Fonderie : en étant la troisième collectivité française (après Paris et la Bretagne) à se voir certifier une extension (.alsace), la région se dote d’un outil d’attractivité liant intrinsèquement développement économique et numérique du territoire… et surfe, aussi, sur le « made in région » : loin des envies d’ailleurs, des envies d’ici.

Vendredi : J’ai mon baaaaaac

La jeunesse française a de l’avenir. Une partie d’entre elle témoigne aujourd’hui en tout cas d’une certaine fougue, loin des désespoirs dépeints par Felix Marquardt :



Pour nous inciter à rester, prenons même une gorgée d’enthousiasme avec ce florilège de réactions toutes juvéniles :


> Crédit image : WarmSleepy
Partager sur :

Autres articles pouvant vous intéresser