:
Newsletter
HReview
Découvrez nos articles.
Retour à la liste
Partager sur :
https://www.flickr.com/photos/superjetinternational/8465016220/in/photolist-dU2qpw-dTVMQn-dTVMFz-dTVMDH-dU2q1b-dTVMwV-npyd1w-bNqFvx-8homYE-bNqF2k-bNqFY8-nFVGqd-9VZXxd-nG73dG-npCUfd-nFReSS-bzw27J-dU2pP7-dTVMeT-e7veET-4ZsJDm-5wmJrE-bB3hwD-7ACphf-nNbLuA-dTVNB4-bo8qas-o5nWTg-bB3hjv-nNc2b9-e6BPc1-9FWDZ1-qUCVuN-9FTKPX-7ACpfo-9FWECs-66Wgep-7BZ8b6-66WfZx-7C3VXQ-7C3VRw-7BZ7Vp-66WgiB-rc8qMN-r9VxUo-rcdYAa-qUDomW-uJXcxz-qfd3a5-qUN3Nr

Aéronautique : face à l’exigence « très élevée » de la filière, Manpower investit « énormément » dans la formation

* Cette interview a initialement été publiée par l’AEF.

Les entreprises de travail temporaire sont « excessivement consultées » par les entreprises de la filière aéronautique du fait des pics d’activité dus aux plans de charge de ce secteur, expliquent Agnès Lépine-Lozach, directrice des ventes chez Manpower France et Sylvie Vanson, responsable grands comptes, secteur aéronautique chez Manpower France, interviewées par l’AEF, le 15 juin, à l’occasion de l’ouverture du Salon de l’aéronautique et de l’espace qui s’est tenu jusqu’au 21 juin 2015 au Bourget. 

Elles soulignent que les entreprises de ce secteur sont très exigeantes en termes de compétences et qu’elles demandent des formations de plus en plus longues, ce qui conduit l’entreprise de travail temporaire à investir « énormément » dans ce domaine. Le secteur aéronautique représente 12 % du chiffre d’affaires sur l’activité intérim de Manpower.

AEF : Que représente le secteur aéronautique dans l’activité de Manpower ?

Agnès Lépine-LozachAgnès Lépine-Lozach : L’aéronautique représente 12 % de notre chiffre d’affaires sur la partie intérim. En 2014, nous avons détaché 15 000 collaborateurs intérimaires sur ce marché (constructeurs, équipementiers, sous-traitants). Sur nos 700 agences « référence intérim » présentes en France, 38 sont spécialisées sur le marché aéronautique et créent une communauté de service avec des collaborateurs experts sur ce marché (sourcing, évaluation, détachement temporaire). En matière de recrutements permanents, notre réseau de cabinets « conseil recrutement » s’appuie sur des consultants spécialisés dans ce secteur.

A lire aussi:  Comment surmonter ses difficultés de recrutement ? L’exemple de l’aéronautique

AEF : Quel constat faites-vous du marché de l’intérim dans la filière aéronautique ?

Agnès Lépine-Lozach : Nous constatons que les entreprises de travail temporaire sont excessivement consultées, parce que la flexibilité est un élément inhérent à cette activité avec des pics de charge et des décélérations importantes liés à des modifications des plans de charge des avionneurs en général. Nous sommes très sollicités parce que les postes non pourvus sont très importants sur les plannings et les plans de charge de la filière. Dans la production, les constructeurs, ensembliers, systémiers, mais aussi les équipementiers et les sous-traitants constituent des chaînes très imbriquées. La moindre défaillance au niveau d’un poste, que ce soit en termes de nombre ou de compétences, a des répercussions énormes sur l’intégralité de la chaîne. Aujourd’hui, chacun des postes, chacune des missions, a des engagements sur des critères qualité qui sont de plus en plus prégnants. Quand cette qualité n’est pas au rendez-vous à un niveau de la chaîne, cela peut avoir des impacts énormes, notamment financiers.

Plus de 1 000 collaborateurs intérimaires ont été formés en 2014, soit plus de 120 000 heures de formation et 2,3 millions d’euros de dépenses engagées.

AEF : Est-ce que cela veut dire que vos clients sont de plus en plus exigeants avec vous ?

Saly Beshin / Flickr / CC BY BNDAgnès Lépine-Lozach : L’exigence est très élevée, notamment en termes de compétences. Ça nous conduit d’ailleurs, en termes de formation, à investir énormément pour être au niveau de service attendu. L’année dernière, nous avons formé un peu moins de 1 000 collaborateurs intérimaires. Cela représente un peu plus de 120 000 heures de formation et 2,3 millions d’euros de dépenses engagées dans ce domaine. L’aéronautique est le premier marché du domaine de l’industrie, en termes de dépenses de formation engagées par Manpower. Dans la filière aéronautique, on doit systématiquement anticiper sur la constitution des viviers de compétences. Nous ne sommes pas dans un mode réactif mais proactif, par anticipation des plans de charge qui nous sont communiqués par les intervenants de la filière et pour lesquels on fabrique des compétences ou on les développe.

AEF : N’absorbez-vous pas une part du « risque » de formation des salariés de cette filière, « risque » que devraient assumer les donneurs d’ordre ?

Agnès Lépine-Lozach : Les entreprises du secteur aéronautique assurent déjà énormément de formation de leurs permanents. Je n’imagine pas que les constructeurs et les acteurs de la filière en général se reposent sur nous pour former à leur place. Maintenant, ils sont de plus en plus exigeants et les formations sont de plus en plus longues, et surtout elles sont révisées régulièrement car nous sommes obligés de nous adapter à la technologie et aux modifications de conception. Dernièrement, sur une formation d’ajusteur, nous sommes passés de 200 heures à 400 heures. Toutes les formations sont sur-mesure et définies à partir d’un cahier des charges élaboré avec le client. Ce n’est pas parce que le client se défausse sur nous, c’est parce que le profil et la mission nécessitent cette formation complémentaire.

Fedex Airbus export / John Murphy / Flickr

Le CDI intérimaire va doucement prendre une position importante.

AEF : Compte tenu des exigences de la filière aéronautique, avez-vous changé la constitution de votre vivier d’intérimaires, notamment en recourant à davantage de CDI intérimaires ?

 Atli Harðarson / FlickrAgnès Lépine-Lozach : Le CDI intérimaire est un atout considérable sur ce type de marché car il allie la flexibilité de l’intérim et la sécurisation des collaborateurs et des profils dans le cadre d’un CDI. En fait, on a le meilleur des deux mondes. Le CDI intérimaire est une solution adaptée pour développer des compétences sur ce marché. Nous avons constaté que les intervenants de la filière y viennent doucement. Ils sont prudents. Toutes les semaines, nous en recrutons en lien avec les demandes formalisées des entreprises utilisatrices finales. En cela, c’est un modèle de co-développement à la fois pérenne et responsable au cœur des bassins d’emploi concernés. Ça se fait au rythme de production d’un avion : un avion, il faut cinq à dix ans pour le concevoir. Pour le CDI intérimaire, je pense qu’il va doucement prendre une position importante.

On travaille toujours avec des intérimaires de manière classique, sauf qu’on est sur des spécialités et qu’on monte en gamme sur la typologie de profils concernés. La conjonction d’approches entre l’intérim « classique », même s’il est spécialisé, et le CDI intérimaire nous positionne comme participant à la gestion territoriale des emplois et des compétences sur un bassin d’emploi. C’est une approche de flexibilité responsable : on est partie prenante sur les bassins d’emploi et dans les clusters de l’industrie aéronautique.

A lire aussi: La transformation des métiers de l’aéronautique

AEF : Comment expliquez-vous que la filière aéronautique soit frileuse sur le recours au CDI intérimaire alors que c’est une modalité qui répond bien à leur demande de flexibilité ?

Sylvie VansonSylvie Vanson : Je ne dirais pas frileuse, mais réfléchie. Ce sont des gens qui veulent connaître le concept, qui veulent savoir quel est l’objectif poursuivi par Manpower et de quelle façon on y va. Ils veulent prendre le temps de comprendre, de regarder dans leur GPEC et leur vivier comment exploiter le mieux possible le CDI intérimaire. Ce sont des entreprises qui ne réfléchissent pas à court terme mais à moyen terme. Pour moi, c’est comme ça que s’inscrit, dans leurs réflexions, le CDI intérimaire. Pour nous, Manpower, ça nous va bien car nous nous positionnons en co-développeur de la filière sur un territoire donné.

AEF : Combien comptez-vous de CDI intérimaires dans la filière aéronautique ?

Agnès Lépine-Lozach : En France, nous avons plus de 500 CDI intérimaires au 1er juin. Nous en comptons une centaine dans l’aéronautique. Mais ce sont des contrats qu’on peut utiliser dans d’autres métiers. C’est le cas, par exemple, pour la mécanique où l’on peut également utiliser les compétences de l’aéronautique.

Crédits images : Superjet International, Saly BeshinJohn Murphy, Atli Harðarson/ Flickr / CC BY SA
Partager sur :

Autres articles pouvant vous intéresser