Parce que les mutations économiques et technologiques transforment à grande vitesse les besoins en compétences, le "skills mismatch" s'accroît et les reconversions professionnelles sont amenées à se développer. Dans une interview au blog "Executive" de Right Management (enseigne de ManpowerGroup), Francis Binoche, directeur de Right Management Dirigeants et consultant en reconversion professionnelle, précise toutefois que les projets de reconversion ne sont pas motivés que par des impératifs économiques :
"Soit les gens n’ont plus le choix, parce que leur secteur n’est plus porteur ou que leur métier disparaît, et la reconversion devient alors une nécessité, soit ils veulent réaliser un rêve, atteindre un idéal."
Alors que le phénomène reste marginal en France (Right Management souligne que quelques milliers de personnes seulement franchissent le cap chaque année), l'accélération du rythme des transformations – technologiques notamment – et l'émergence de nouvelles aspirations, laissent à penser que les projets de reconversion sont vouées à se multiplier l'avenir. Les conseils de Francis Binoche prennent alors encore plus de poids.
Les clés du succès d'une reconversion : envie, mobilité, expertise
Selon lui, la réussite d'une reconversion dépend d'une "combinaison de trois facteurs principalement. Tout d’abord la niaque, l’envie de se confronter à un marché et d’aller vers les autres avec un projet différent. Ensuite, la mobilité : il faut être prêt à bouger, que ce soit en France ou à l’étranger. Enfin l’âge : qu’on le veuille ou non, plus on est âgé, et plus on se doit d’être expert dans un domaine."
Mais avant cela, il faut un projet qui tienne la route :
"C’est là le rôle des consultants, qui vont déterminer si le projet de reconversion professionnelle est cohérent ou non avec les besoins du marché, les compétences du candidat et ses motivations. Nous devons définir de quelle manière son expertise pourra être utile à l’exercice de son futur métier et de ses nouvelles missions."
C'est donc la combinaison des facteurs inhérents à l'individu et de l'intelligence des "contraintes" du marché qui détermine la réussite du projet. On peut avoir confiance : "pour environ 90% des personnes accompagnées, cela marche." Surtout si elles sont lucides, énergiques et bien entourées :
"Ce qu’il faut avant tout pour rebondir professionnellement, c’est de la lucidité et de l’énergie. Les échecs de certains candidats peuvent s’expliquer de plusieurs manières mais le plus généralement ceux-ci sont liés à un manque de méthode et d’envie. Si au fond de lui, le candidat n’a pas réellement et profondément envie de se reconvertir, cela ne marchera pas. Enfin, l’accompagnement familial est également un facteur très important : le soutien de l’entourage est primordial."
Balayer le "complexe d'imposture" de son esprit
Enfin, en matière de reconversions aussi, la confiance paraît le maître-mot du succès. Dans son dernier conseil aux candidats, Francis Binoche tient en effet à lutter contre le "complexe d'imposture" que beaucoup connaissent :
"Il faut qu’ils surmontent leur complexe d’imposture : en arrivant dans un secteur d’activité qui n’est pas du tout familier, on se sent souvent comme un étranger illégitime. Il faut balayer ça de son esprit."
>>> Lire l'interview sur le blog Executive de Right Management
> Crédit image :
- "Motivation" issu du flickrstream de United States Marine Corps Official Page – sous licence CC
