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Semaine de l’emploi #21 : Mobilité, mobilité chérie

Bonne journée des femmes ! 66% d’entre elles souhaitent plus de souplesse entre leurs vies professionnelle et personnelle. Justement, entre effacement des frontières, migrations professionnelles, mobilité interne, rapprochement intergénérationnel et bouleversements numérique, la semaine du web de l’emploi s’est placée sous le signe du mouvement. Demain sera mobile. La France deviendra-t-elle « une ville dont le TGV serait le métro », comme le prédit le philosophe Michel Serres ?

Samedi – Dimanche : bouquiner pour se soigner, jouer à la Wii pour se former

La querelle des Anciens et des Modernes n’aura pas lieu : jeunes comme chez seniors, tout le monde est concerné par le virage numérique. Les digital natives nés avec une tablette dans les bras ne savent plus tourner les pages d’un magazine, et les 60-77 ans lisent plus facilement sur tablette que sur support papier.

Alors que le numérique bouleverse tous les repères du monde du travail, à quoi peuvent bien encore servir nos bons vieux bouquins ? Rien ne se perd, tout se transforme : un programme de santé publique anglais incite désormais les médecins à prescrire… des livres à leurs patients dépressifs. L’initiative, relayée par le journaliste Jean Leymarie, ne vise tout de même pas à susciter des reconversions professionnelles, les médecins ne sont pas des bibliothécaires : « quand le mal est profond, les médicaments restent utiles ». Ouf.

Les compétences, pourtant, évoluent. Les médecins risquent même de devenir de vrais geeks : Industrie&Technologies se fait l’écho d’une étude selon laquelle les chirurgiens adeptes de la console de jeu Wii « progressent dans leur pratique de la laparoscopie » (définition ici). Bientôt des consoles de jeu à la place des manuels dans les prépas de médecine ?

Lundi : it’s the wisdom, stupid !

La santé se cultive aussi au travail : les spécialistes se sont cette semaine inquiétés du modèle de management de « stupidité fonctionnelle », une culture d’entreprise trop répandue où « réfléchir trop longuement à des difficultés et poser des questions gênantes sont des attitudes systématiquement découragées ». Les salariés participeraient à leur propre lobotomisation : « Ils ont tendance à mieux s’entendre et à travailler plus efficacement. Cela leur rend la tâche plus facile : ils en profitent également ». Soyez vigilants. Plus spirituelels, les figures de proue de la Silicon Valley (dont Google et Facebook) se réunissaient il y a peu pour promouvoir la sagesse à l’heure technologique. La Wisdom 2.0 n’est pas un algorithme : les ordinateurs ne peuvent pas méditer, n’ont ni audace ni courage. Selon les Français, ils seraient même facteurs de stress : soyons sages à leur place ! Sébastien Henry en appelle à une révolution culturelle, faisant entrer la sagesse dans nos écoles de management. Chiche ?

Mardi : France-Allemagne, le match est-il amical ?

Dans un marché du travail mondialisé, les talents ne connaissent pas les frontières. La semaine dernière, les ministres du Travail français et allemand inauguraient à Kehl la première agence pour l’emploi franco-allemande, destinée à faciliter la mobilité transfrontalière. Alors que les mobilités professionnelles vont augmenter de 50% d’ici à 2020 et qu’il y a près de 2 millions de postes vacants en Europe, l’Allemagne prend les devants sur d’autres fronts : vieillissante et désespérément en recherche de main-d’oeuvre qualifiée, elle fournit cours d’allemand technique, aides administratives et à la recherche de logement pour attirer de nouveaux « travailleurs invités », talents espagnols, grecs ou polonais qui viennent y tenter leur chance.

L’attractivité à tout prix ? L’agence fédérale pour l’emploi a laissé paraître sur son site des offres d’emploi pour un poste d’escort girl. Dans le match franco-allemand, l’audace allemande dépasse l’imagination de cet employé de Pôle emploi qui avait récemment publié une offre de « magicien capable de créer des offres d’emploi ». Le fantaisiste y rejoint d’ailleurs le dramatique : après l’immolation d’un chômeur en fin de droits devant une agence le 13 février dernier, les menaces d’immolation se succèdent et des tentatives de pression assez insolites apparaissent…

Mais Français et Allemands se livrent-ils un duel si acharné ? Dans l’industrie, la confrontation est perceptible : un dossier de L’Usine Nouvelle raconte le « match France-Allemagne » dans l’agroalimentaire, où la France, premier pays exportateur, a perdu sa place de première puissance européenne en 2009 au profit d’une Allemagne plus compétitive, concentrée et innovante. Pour ce qui est des politiques de l’emploi, la tendance est à l’inspiration :  pour le Centre d’analyse stratégique (CAS), l’Allemagne est un modèle pour diffuser l’apprentissage en France. Le CAS propose de « développer les initiatives franco-allemandes de mobilité des apprentis ». Mobilité, mobilité chérie…

Mercredi : L’accord emploi adopté, la mobilité retouchée

Le projet de loi sur la sécurisation de l’emploi, adopté ce mercredi en conseil des ministres,  serait-il aussi d’inspiration allemande ? MyEurop estime que s’il marche sur les pas du modèle allemand de la cogestion, il en diffère aussi grandement – cultures sociales différentes oblige.

Quoiqu’il en soit, Renault montre le chemin, en anticipant la loi par un accord de compétitivité déjà signé par deux syndicats. A l’image du projet de loi, où elle a été censurée par le Conseil d’État, la mention de la mobilité obligatoire, qui provoquait le licenciement du salarié en cas de refus, a laissé place à une mobilité sur la base du volontariat. Vers le « retour de Renault en France ? »

L’INSEE, en début de semaine, publiait un ensemble de données sur l’impact de la crise sur les salaires et emplois. Parmi les enseignements : un rapprochement entre taux de chômage masculin et féminin, et la fragilisation des plus jeunes tandis que le taux de retour à l’emploi des chômeurs quinquagénaires, très faible en France, progresse… grâce au temps partiel, ajoute Jean-Marc Le Hunsec. Faut-il voir le verre à moitié vide ou à moitié plein ? 

Jeudi : Jeunes, gloussantes et mobiles ?

Jeudi, les chiffres du chômage pour le 4ème trimestre 2012 sont publiés :

Des jours meilleurs ailleurs ? Plus d’un jeune diplômé en recherche d’emploi sur quatre songerait à s’expatrier, une proportion qui a plus que doublé en un an. La crainte du chômage fait fuir de plus en plus talents, tous niveaux de diplômes confondus.

Ces départs ne sont pas nécessairement une menace pour la compétitivité : de retour d’Australie ou d’ailleurs, les jeunes pourront valoriser cette expérience, explique DogFinance. Encore faut-il qu’ils puissent trouver en France les moyens de s’épanouir dans leur travail, notamment auprès de leurs collègues quadras. A leur attention, Challenges s’est demandé « comment décoder ce que disent les stagiaires d’aujourd’hui », relevant notamment qu’aujourd’hui, un jeune peut dire « wesh » à un patron du CAC40. Pour la blogueuse Sophie Gourion (« bientôt 40 ans »), relayée par « La Génération Y », qui traque sur Twitter les clichés entourant la notion du même nom, l’antijeunisme a encore frappé. Echec d’une tentative – maladroite – d’intercompréhension générationnelle. La photo de « 2 femmes gloussant avec leurs portables » illustrant l’article n’est pas passée inaperçue… Le timing est mis en cause : l’article a été publié la veille de la journée des femmes.

Vendredi : ce que veulent les femmes

Infographie publiée sur son Tumblr, hashtag dédié (#8marstoutelannee) et même image de profil Twitter modifiée : le gouvernement a investi les réseaux sociaux pour la journée de la femme (ou des droits des femmes), communiquant sur son ambition de faire de la femme autre chose qu’un objet de « journée mondiale ». Le hashtag #BSbingo8Mars répertorie justement les approximations et autres préjugés pseudo-féministes foisonnant sur la Toile : Caroline de Haas moque par exemple Europe 1 et son histoire de « bisbille fémino-féminine » entre Nathalie Kosciusko-Morizet, Ségolène Royal et la ministre Najat Vallaud-Belkacem, pas exempte de tout cliché.

Mais au juste, que « veulent les femmes » ? LinkedIn en a interrogé plus de 5 000, pour une enquête mise en infographie sur Mode(s) d’emploi. 56% d’entre elles déplorent les inégalités salariales, mises en lumière dans une efficace application interactive de France TV Info, le Pariteur. Elles sont aussi 66% à souhaiter « bénéficier de conditions de travail plus flexibles pour mieux conjuguer vie professionnelle et vie personnelle ». Une envie de souplesse plus générationnelle que typiquement féminine ? Les femmes sont bien des hommes comme les autres (ou l’inverse)…

Femmes et flexibilité

>>> Les twittos de la semaine :

  • @Feltin64, @ChristopheGori, @Jean_Leymarie, @la_fing, @abrugiere, @aurialie, @IT_Technologies, @LeDocDuTravail, @pole_emploi, @GregoireFavet, @PhilippeDuport, @Strategie_Gouv, @ssoumier, @pretalemploi, @jaegher, @jnchaintreuil, @LaurentHabib1, @Expatunited, @DogFinance, @LaGenerationY, @Sophie_Gourion, @Priscilla_RJ, @thomas_bronnec, @francetvinfo, @fil_gouv, @carolinedehaas
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