« Place aux jeunes, en quelque sorte », chantait Georges Brassens dans son testament, comme en écho au philosophe marxiste Antonio Gramsci selon qui « la crise, c’est quand le vieux se meurt et que le jeune hésite à naître ». Cette semaine, le pape Benoît XVI a entonné son refrain en décidant de démissionner. Serait-on entré dans une féroce lutte des places ? Cette Semaine de l’emploi vous fredonne un autre air, celui d’une génération qui fait entendre sa voix, d’anciens qui n’ont pas dit leur dernier mot et de lendemains qui chantent.
Samedi-Dimanche : les jeunes, tout le temps en week-end ?
Lors du débat organisé par Agissons pour l’Emploi à Marseille, le directeur de la pépinière d’entreprises Marseille Innovation accusait les jeunes Marseillais de bouder ses Startup Weekends pour la seule raison que le week-end, pour un phocéen, serait tellement sacré qu’il serait inenvisageable d’y “travailler” une seule seconde. Les réactions ont fusé, dans la salle comme sur Twitter, ces évènements manqueraient surtout de notoriété.
Les jeunes ne seraient-ils pas, aussi, « éduqués avec l’idée que l’entreprise est un prédateur dont il faut se méfier » ? Gauthier Picard, fondateur de Rue du commerce, répond par l’affirmative dans sa préface du livre Le mémoire de master vite fait bien fait. Un ouvrage qui, manifestement, fera date…
Aux étudiants de ma TL, voici un livre qui peut vous changer la vie : « Le #mémoire de Master vite fait bien fait ! » bit.ly/TMam16
— Nicolas Obrist (@nobr_) 10 décembre 2012
Il y a comme une incompréhension entre les générations. Les plus de 30 ans considèrent que, au travail, les jeunes sont avant tout « immatures » (35%) et « individualistes » (34%). Ce sondage a été abondamment commenté, notamment par celle qui fut à la tête de la mobilisation contre le Contrat première embauche de Dominique de Villepin. Pour Julie Coudry, l’affaire est entendue : les moins jeunes n’ont rien compris à leurs benjamins.
« En plaquant une grille de lecture du passé sur les réalités du monde d’aujourd’hui, ils se retrouvent à taxer « d’individualisme » un phénomène grandissant: les salariés des jeunes générations prennent de plus en plus le pouvoir sur leur propre vie professionnelle. »
Choisir et aimer son job, est-ce immature d’y croire ? tinyurl.com/aco7tub — juliecoudry (@juliecoudry) 13 février 2013
Il serait temps d’écouter le conseil de Stéphan Brousse, président du Medef PACA, selon qui les mentalités doivent changer, changement qui doit notamment s’incarner dans une nouvelle approche de la diversité, plus humble : « On apprend des valeurs aux jeunes, qui les appliquent différemment de vous ». Et puis, dit-il, c’était peut-être mieux avant, mais c’était avant ! Il faudrait sortir au plus vite de ce « conflit intergénérationnel » qui, d’après le journaliste François Lenglet relayé par le spécialiste de la « Génération Y » Julien Pouget, explique en partie pourquoi les créanciers « empêchent toute sortie par le haut » de la crise financière.
Premier exercice de compréhension mutuelle : ne pas croire qu’un jeune dont le bureau ressemble à un capharnaüm est moins productif. En effet, « un salarié désordonné mettrait 36% moins de temps que ses collègues à retrouver les documents dont il a besoin ».
Les bonnes raisons de ne pas ranger son bureau #vieautravail (Eco 89) rue89.com/2008/10/01/les…
— Marion L’Hour (@MarionLHour) 14 février 2013
Lundi, place Saint-Pierre : un missionnaire démissionnaire
Le pape Benoît XVI annonce qu’il abandonne ses fonctions. « Du missionnaire conservateur au démissionnaire novateur », titre L’Express. Le blog Mode(s) d’emploi de RegionsJob embraye en nous montrant qu’il serait ainsi à l’avant-garde : alors qu’un tiers des salariés déclareraient vouloir démissionner, « à peine 10% d’entre eux passent à l’acte. »
Quitter son travail comme @pontifex ? La difficile position du démissionnaire bit.ly/Uzie9K — RegionsJob.com (@RegionsJob) 11 février 2013
Mardi : le vieux est l’avenir des jeunes
Décidemment, les octogénaires « nous bluffent » – c’est la couverture de Le Point cette semaine. L’acteur Anthony Hopkins, à l’affiche du film Hitchcock actuellement, a beau avoir presque atteint ce cap, il avouait dans A nous Paris qu’il aimerait travailler jusqu’à la fin de ses jours. Et parce qu’aujourd’hui il faut travailler plus longtemps, Moovijob recense quelques conseils pour les seniors-chercheurs d’emploi : vendre sa maturité, donner une image d’actif, et apporter, non pas son carriérisme, mais ses compétences. Qu’ils n’hésitent pas non plus à mettre en valeur leur maîtrise du numérique : une étude révèle que les personnes âgées de 60 à 77 ans lisent plus facilement sur une tablette que sur un support papier.
Pour les anciens qui n’auront pas envie d’être sous les ordres de jeunes loups, il reste une option : monter son entreprise. Dans Le Monde, Armand Hatchuel (un des prix littéraires 2012 de la Fondation ManpowerGroup pour l’emploi) révèle que les seniors sont des « entrepreneurs d’un autre type » :
« Les seniors entrepreneurs pensent d’abord un projet « d’existence » et recherchent une activité qui procure le sentiment d’un certain accomplissement. »
On retrouve ici précisément les valeurs sensées caractériser la “Génération Y” : la transmission intergénérationnelle est en marche.
Mercredi : Un chaudronnier s’immole par le feu
Un demandeur d’emploi désespéré met fin à ses jours en s’immolant par le feu devant une agence Pôle emploi. Le web oscille entre émotion et rage. Le lendemain, le Ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg indiquera sur Europe 1 qu’un tel drame aurait pu être évité si ce chaudronnier – c’était sa spécialité – avait été orienté vers les secteurs qui recrutent.
Jeudi : Renault/PSA, qui est le plus malade ?
Le constructeur automobile PSA Peugeot Citroën est accusé : s’il est en difficulté aujourd’hui, c’est parce qu’il aurait « accumulé les erreurs stratégiques ». Mais selon le directeur des rédactions de l’Usine nouvelle, entre PSA et Renault, « le plus malade n’est pas celui qu’on croit » :
« Quand Renault a fait le choix de mettre le paquet sur le 100 % électrique (un marché encore hypothétique), PSA a lui décidé d’opérer une montée en gamme. »
Les arguments ont fusé entre Thibault de Jaegher et Stéphane Soumier notamment, le débat est loin d’être tranché. Rappelons juste que, selon les calculs du Centre d’analyse stratégique, « les activités industrielles en renouvellement ou en déclin » seront à l’origine de 85% des destructions brutes d’emplois entre 2011 et 2016.
Vendredi : La Saint-Valentin ne dure qu’un jour, la science c’est tous les jours
Parce que les sciences sont le moteur de l’innovation, elle-même au cœur des dynamiques d’emploi, mais que les jeunes s’en détournent, il est temps de leur faire une Saint Valentin tous les jours ! Le concours « I love Science » a commencé plus modestement, en demandant aux Twittos de déclarer leur flamme. Les témoignages ardents ont fusé depuis le monde entier.
La déclaration de la semaine
Puisque nous avons entamé cette Semaine de l’emploi sur un air de Brassens, laissons-lui le chant de la fin. Sa contribution au débat sur le mariage pour tous ?
http://www.youtube.com/watch?v=pn-F0NRwPN4
Les Twittos de la semaine :
@agissonsemploi
@marseilleinnov
@BeginWith
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@mce_tv
@Moovijob
@RegionsJob
@guy birenbaum
@juliecoudry
@Strategie_Gouv
@jaegher
@MarionLHour
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@ssoumier
@jpouget