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Semaine de l’emploi #13 : le village gaulois dans la lutte des clashs

Cette fin de semaine, « le village peuplé d’irréductibles Gaulois » négocie une grande réforme sur le marché du travail. On n’en connaît pas encore l’issue, mais ce dialogue social historique rencontre déjà un écho édifiant sur les réseaux sociaux. Entre les territoires et l’échelle planétaire, bienvenue dans la bataille pour l’emploi 2.0.

Le dialogue social 2.0 : emploi et lutte des clashs

Instantanéité, débat en 140 caractères, communication sans intermédiaires : sur Twitter, les clashs se multiplient – à tel point que le gouvernement français négocie avec le réseau social pour lutter spécifiquement contre les propos haineux.

Avec le hashtag #negoemploi, le dialogue social 2.0 est en marche et les clashs ne manquent pas! Les négociateurs de la réforme du marché du travail sont actuellement dans les locaux du MEDEF pour tenter de trouver un compromis « historique » – la dernière tentative remonte à 1984. Quoiqu’il advienne, ces discussions âpres sont déjà le théâtre d’une première dans l’histoire du dialogue social : depuis les couloirs, elles se donnent désormais en spectacle sur les réseaux sociaux.

Au menu notamment : des négociateurs enfermés pour laisser passer la manifestation des taxis parisiens, une interruption de séance « mouvementée » et à rallonge, et un journaliste du Figaro qui perd son latin devant un clash en direct entre organisations patronales.

@marclandre

@medef

Autre échange édifiant : celui entre Charles de Froment, notre expert du marché du travail et des formes atypiques d’emploi, et un jeune de 17 ans, candidat à plusieurs élections à Montbéliard (Doubs), suite à une émission décryptant les négociations. Sur les réseaux sociaux, les distances disparaissent et les frontières s’effacent…

Macro vs micro : le nerf de la guerre est-il global ou local?

Quel impact la réforme aura-t-elle sur le chômage? Pour l’économiste-blogueur Alexandre Delaigue, il sera faible : « l’évolution de l’emploi est bien plus déterminée par les questions macroéconomiques » et la conjoncture mondiale en berne.

@NicolasPri7

Trois ministres – dont une en marinière « made in France » – se réunissaient justement à Bercy pour trouver des moyens de relancer la croissance, donc l’emploi. Objectif affiché : « relocaliser » des emplois » et attirer plus d’investisseurs étrangers en France, notamment dans le secteur numérique – qui porte « l’or noir de demain ».

Mais la « guérilla pour l’emploi » doit aussi être menée secteur par secteur, « bassin d’emploi par bassin d’emploi », insiste Thibault de Jaegher dans L’Usine Nouvelle. L’industrie, par exemple, où 100 000 emplois sont à pourvoir, n’a pas été touchée uniformément par la crise : la pharmacie s’en sort par exemple bien mieux que la métallurgie. C’est donc de la microchirurgie à laquelle il faut s’adonner. Même au sein d’un secteur, la donne varie. A l’échelle locale, le textile des Vosges surnage dans un secteur pourtant en grande difficulté.

Toulouse and not to lose

François Hollande, pendant ce temps-là, commentait les négociations sur l’emploi non loin de Bordeaux, sur l’Aerocampus Aquitaine, un pôle international de formation dans le secteur aéronautique. Dans un pays souvent obsédé par sa capitale, les territoires se rebiffent et font entendre leur voix, notamment pour attirer les entreprises. Illustration typique, ces propos d’Alain Juppé, maire de Bordeaux qui « envie » le bassin d’emploi toulousain et sa locomotive industrielle Airbus.

A l’échelle mondiale, la France est un village dont l’ancien Premier ministre veut protéger la langue. Outre son mépris pour le franglais (« les workshops…, bon, les ateliers de travails c’est vachement bien aussi ! »), le manager Juppé avoue à David Abiker qu’il use presque autant du ressort des compliments que de celui de la brutalité qui lui a souvent été reprochée.

http://www.dailymotion.com/video/xwjk8d_alain-juppe-alain-juppe-cope-avait-le-meilleur-profil_news

Stressés et Parisiens ? Travaillez avec des mannequins ! Gersois et fatigués ? Télétravaillez !

@mercredi_c_papa

Dans les territoires notamment, le télétravail est une arme de la bataille pour l’emploi. Zevillage – relayé par Ecociliens – raconte une expérience a aux résultats étonnants : même s’il a réduit leur fatigue de 50% et augmenté leur productivité de 13%, le télétravail a été abandonné par la moitié des « cobayes ». Ces salariésse sentaient trop isolés. « Rencontrer ses collègues, c’est important », confirme Elisabeth Karako ; les études montrent que le télétravail ne doit pas se pratiquer plus de deux jours par semaine, précise « Mercredi c’est papa ». Pour ceux qui travaillent seuls et à qui Twitter ne suffit pas pour rompre le sentiment d’isolement, un rappel : il existe des « communautés de la mobilité » : Zevillage invite ses lecteurs à investir les « tiers-lieux », espaces de coworking ou télécentres. Le « tour du France du télétravail » montre aussi que le télétravail peut dynamiser les zones rurales, à l’instar du projet Soho Solo, village d’accueil créé dans le Gers à destination des travailleurs indépendants et télétravailleurs.

Best places to workLe bien-être au travail, c’est important. Il est apparemment plus facile à ressentir lorsque l’on est professeur d’université ou tourneur-fraiseur que militaire, relaye Le Figaro Etudiant. La lutte contre le stress au travail est d’ailleurs une spécialité – et une réussite – française, explique Philippe Duport. De bonnes conditions aident tout autant que le lieu en lui-même : la bonne résolution des Parisiens de Merci Alfred nous aide à dénicher les neuf meilleurs endroits pour travailler dans la capitale. On y retrouve un « célèbre » toboggan, mais aussi une idée astucieuse : travailler à Cap Littoral, dont les locaux « sont situés dans le même immeuble que Marylin, la plus grosse agence de mannequins à Paris, qui a fait émerger Kate Moss ou Bar Refaeli ». Pour les fanas de la Silicon Valley, il y a la plus grosse pépinière de Paris (Pépinière 27). Les « footeux » opteront plutôt pour l’office du tourisme du Qatar, qui offre des places au Parc des Princes ou pour la Coupe du monde 2022.

Mappemonde

Mise à jour des compétences au Brésil et jambon-fromage au « Macdo »

En 2014, la Coupe du monde de football a lieu au Brésil. La ville de Belo Horizonte, pour s’y préparer, a pensé à tout : elle va donner des cours d’anglais (gratuits) à ses prostituées. Le chroniqueur Jean-Pierre Gauffre s’enthousiasme sur ce projet qui favorise « la formation professionnelle continue, à tous les âges et quelles que soient les filières concernées ». Un bel exemple d’actualisation des compétences dans le « village global ».

Avec des prostituées brésiliennes qui s’expriment dans la langue de Shakespeare, la mondialisation serait-elle en train de tout uniformiser sur son passage ? Pas forcément : McDonald’s, firme planétaire par excellence, adapte son offre aux particularités de ses marchés locaux : avant son prochain hamburger au camembert et après son « McBaguette » à succès, le géant du hamburger a sorti cette semaine un « jambon-fromage ».

Casse croûte

Un phénomène de « glocalisation » déjà analysé par Jean-François Bayart, professeur à Sciences-Po, en 2004 : « En Asie orientale, par exemple, les McDo’s fournissent des havres de paix et de sociabilité qui n’ont plus grand-chose à voir avec le concept originel de fast food ». Une « réinvention de la différence », en somme.

Le hashtag de la semaine : #FilipettiFacts

Interrogée sur le dépôt de bilan de Virgin, la ministre de la Culture a évoqué la « concurrence déloyale » d’entreprises comme Amazon qui s’adonneraient à une « optimisation fiscale » critiquable et à de la vente à perte. Il n’en fallait pas plus pour que Twitter s’en amuse :

#FilipettiFactshttps://twitter.com/JM_Proust/

Virgin comme Kodak ? En juin dernier, Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, s’était félicité de l’implantation d’Amazon en Bourgogne, prometteuse de près de mille emplois dont 250 CDI. Amazon France avait alors fait jouer la concurrence entre bassins d’emploi. Jean-Baptiste Roger se souvient, lui, d’une étude de FaberNovel sur l’« empire caché d’Amazon », analysant les forces et la stratégie de l’entreprise de Seattle, aussi applaudie pour son sens de l’innovation.

Signe aussi que le secteur numérique « ne fait pas que détruire des emplois », nuance Aurélie Barbaux : malgré des perspectives en baisse pour 2013, des opportunités existent. Et pas qu’en capitale : par exemple, en Bretagne ou en Midi Pyrénées, deux régions très dynamiques dans les TIC, et qui seront visitées par les job-datings d’Agissons pour l’emploi, une opération organisée par la Fondation ManpowerGroup et Pôle Emploi.

>>> Les twittos de la semaine

>>> Illustrations issues des flickstream de fdecomiste et groume

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